tendresse

 

Je ne vais pas le cacher,
j’ai besoin de tendresse.

Je sais bien que ça paraît bête,
en tout cas, que ce sont des choses qui ne se disent pas.

Mais j’ai besoin de tendresse.

Toute celle que je n’ai jamais vraiment reçue,
d’abord dans mon enfance,
et puis celle que je ne me suis pas autorisée à recevoir,
celle que j’ai fait semblant de recevoir,
celle que j’ai cherché en vain dans des impasses-relations.

C’est si simple et si terrible à la fois.

Ce besoin de tendresse
qui vient du fin fond de l’enfance,
de l’endroit, du moment,
où elle aurait du être reçue naturellement
et où elle s’est échappée, s’en est allée…

Cette tendresse primale,
qui lorsqu’elle est reçue de manière innée
donne l’assurance tranquille
dont on aura besoin dans la vie.

On pourra avancer
avec le droit d’être vivant,
la certitude qu’on doit être là,
et que rien ne peut nous l’enlever.

J’ai besoin de cette tendresse
qui rassure, qui conforte, qui construit, qui crée.

C’est terrible.
Je n’ai pas le droit de la demander, l’exiger, et même l’espérer
de quelqu’un qui n’est ni mon père, ni ma mère.

D’un ami, un amant, un amoureux,
puis-je demander ou espérer cette tendresse?

La seule qui vaille,
la seule dont j’ai besoin.

Alors, qu’elle vienne d’un homme ou d’une femme,
vous comprenez,
quelle importance?

Quand on n’a pas été assez aimé,

– et je dis cela sans qu’il y ait aucun jugement ou reproche
envers celle qui a fait ce qu’elle a pu avec ce qu’elle était
et ce qu’elle connaissait de la vie –

quand on n’a pas été assez aimé,
quelle importance d’être homosensible
ou homosexuel ?

On se ré-assure comme on peut.

L’important, c’est d’être vivant,
c’est de savoir qu’on a le droit d’être là.

Et si l’Être féminin ne nous l’a pas dit, pas montré,
parce qu’il ne savait pas le faire,
n’est-ce pas normal que l’Être masculin
vienne compenser et dire :

Tu es vivant,
Tu es là.

Tu as le droit d’être là,
tu es même le bienvenu.

Oui, ça n’est pas facile,
pas toujours facile,

Mais tu as le droit de te sentir aimé,
car tu l’es véritablement.

Et si ton entrée dans la vie
n’a pas fait que tu le saches
et en sois convaincu au point de n’en jamais douter,

il est normal
– que dis-je il est naturel !
que tu recherches d’abord cela.

Tu y as droit.

Tu dois savoir que tu es aimé.

Et si les yeux, les bras, les lèvres,
qui doivent te le dire sont masculins,

Accueille,
accueille sans honte ni culpabilité.

Car ce qui est premier, c’est cela:
tu dois savoir que tu es aimé.

A cette condition,
à cette condition seule,

Tu sais que tu es vivant

Et que c’est pour la vie éternelle.

Z – 18-11-2016

Plus de différences en Christ

Le péché que Paul condamne

Une fois encore, une triste ironie règne sur cette question. Il y a là une leçon religieuse qu’il nous faut apprendre.

Une certaine lecture des Ecritures , ancienne et naïve, a induit en erreur nombre de disciples sincères de Jésus. Ils s’opposent aux lesbiennes et aux gays et les oppriment au nom de l’apôtre Paul. Confortés par les préjugés de notre société, persuadés de la supériorité de leur inclination sexuelle, ces chrétiens ont mal lu l’Epître de saint Paul aux Romains et rejettent des membres de la communauté chrétienne en son nom.

Pourtant, assurer l’unité des croyants était un objectif cardinal des écrits de Paul. Il insistait sur le fait que, en Christ, seuls comptent vraiment la foi et l’amour. Mais, se méprenant sur l’argumentation de Paul, certaines personnes se fient, involontairement, plus à leurs goûts et coutumes qu’à la parole de Dieu. Ils discutent de ce qui est propre ou souillé, se disputent à propos de ce qui est pur ou impur et dressent les hétérosexuels contre les homosexuels. Ils divisent et font voler en éclats l’Eglise sur des questions qui n’ont aucune importance en Christ. Au nom de Dieu, ils excitent la haine, nourrissent l’oppression et sèment la zizanie dans toute la société. Ils sont coupables d’une injustice grave, ils commettent la faute même que Paul entendait contrer.

C’est une triste situation, indigne des disciples de Jésus

 

Daniel Helminiak, s.j., Ce que la Bible dit vraiment de l’homosexualité,
Les Empêcheurs de penser en rond/ Le Seuil, novembre 2005, p 158-159.

 

 

Ainsi se conclut le chapitre que Daniel Helminiak consacre à l’étude de la Lettre aux Romains, dans laquelle certains croient voir l’argument essentiel à la condamnation de l’homosexualité dans le Nouveau Testament (Ro 1, 18-32)

D’après l’auteur, il n’est pas douteux que Paul parle des rapports homogénitaux entre hommes, mais contrairement à ce qu’on veut aussi y voir, ce n’est pas forcément pour les condamner.

Il serait trop long de reprendre ici tous les arguments de ce chapitre très documenté, mais retenons au moins que les mots grecs employés pour désigner l’homosexualité montrent que Paul n’envisage pas une condamnation morale mais font plutôt allusion au code de pureté que l’on retrouve dans la “loi de sainteté” du Lévitique, lorsqu’il s’agissait de montrer en quoi Israël, conscient d’être un peuple choisi parmi les autres, devait se distinguer des autres nations.

Ainsi le plan de la lettre aux Romains est-il très instructif pour comprendre ce que veut vraiment dire Paul.

Dans un premier temps, il parle aux chrétiens d’origine juive, ceux-là même qui connaissent ces lois de pureté et parfois ont la tentation de vouloir les imposer à l’ensemble de la communauté chrétienne. Le sujet de la circoncision est évité comme trop polémique mais celui de l’homosexualité, largement admise et pratiquée dans le monde grec et romain, est abordé parmi d’autres. Et Paul de montrer comment, oui, les moeurs des gentils sont différents des règles de pureté reçues d’Israël. On est dans le registre de l’impureté rituelle, pas dans celui du péché. L’argument principal de Paul – qui ne peut que plaire aux juifs, est : c’est parce que les hommes se sont détournés de Dieu que le péché est dans le monde. Et la longue liste des désordres cités, parmi lesquels l’homosexualité, n’en est que la conséquence. Ainsi Paul, flatte-t-il le sentiment de supériorité morale des Juifs. Les non Juifs ne reconnaissent pas la loi juive et donc ont, aux yeux des juifs de l’époque, des pratiques impures.

[Argument purement théorique puisque les juifs qui vivent dans l’empire connaissent très bien les moeurs des gens chez qui ils vivent et on ne peut pas imaginer qu’ils aient voulu les changer, ils s’en accommodaient.]

Mais, à partir du chapitre 9, il s’adresse aux chrétiens d’origine païenne, aux “nations”(Ro 11,13). Là aussi, il met en garde : il serait ben malvenu que l’olivier sauvage se moque de l’olivier d’origine sur lequel il est greffé. Il est un temps où une partie d’Israël est comme endurci et aveugle pour que l’ensemble de l’humanité puisse être sauvé (Ro 11,25). “Je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous ne vous preniez pour des sages.

Ainsi, invite-t-il à la modération. Car même si les gentils ne sont pas soumis aux lois des Juifs, tout n’est pas permis, tout n’est pas bon et il faut éviter la débauche. Mais il invite aussi à ne pas confondre l’acte d’idolâtrie (sacrifier aux faux dieux) et les usages sociaux : manger, boire avec les non-chrétiens, pouvoir acheter de tout ce qui se vend sur le marché (Ro 10,25) .

S’ensuivent de vigoureux et touchants appels à l’amour fraternel, au respect des différences, au non jugement. Qui es-tu pour juger un serviteur qui ne t’appartient pas ? demande saint Paul(Ro 14,4) car, précise-t-il encore, “Je le sais, j’en suis convaincu par le Seigneur Jésus : rien n’est impur en soi.Mais une chose est impure pour celui qui la considère comme telle” (Ro 14,14)

Notons qu’il n’y a plus aucune mention de l’homosexualité dans tous ces développements, Paul parle désormais de nourriture comme dans de nombreux autres endroits, puisqu’il semble que pour les premiers chrétiens la grande inquiétude morale soit de savoir si en mangeant avec des païens, ou même en mangeant des nourritures sacrifiées aux idoles, ils offensent Dieu et deviendraient idolâtres. Le Royaume de Dieu n’est pas question de nourriture répond Paul mais d’attachement au Christ. C’est tout le thème de la circoncision du coeur qu’il reprend aussi ailleurs et celui de la liberté fondamentale du chrétien qu’il développe aussi aussi en Corinthiens.

Bref, tout cela pour en arriver à cette simple proposition valable tant pour les juifs que pour les gentils : c’est l’adhésion au Christ seul qui justifie, il n’y a plus de loi nécessaire pour cela. Il n’y en a pas pour moi (je suis libre) et il n’y a pas plus pour mon frère que je n’ai pas à juger pour cela : lui-même a à s’accorder avec sa propre foi (Ro 14, 23).

Au passage, Paul aura montré que les reproches adressés aux gentils par les juifs peuvent s’appliquer également aux juifs, et que si il y a une obligation c’est bien de s’accueillir mutuellement les uns les autres comme le Christ nous a accueillis (Ro 15, 7).

Il n’y a plus de loi juive qui tienne. En Christ, les rites de pureté qui permettaient de se distinguer des païens n’ont plus lieu d’être. Ils séparent au lieu d’unir. Et donc l’homogénitalité, souillure des gentils citée parmi d’autres, du fait de leur méconnaissance de Dieu, n’a plus lieu d’être une raison de s’écarter d’eux. Paul ne faisait que rappeler aux Juifs leur code de pureté devenu maintenant inutile en Christ. Car, en Christ, rien n’est pur ou impur.

En Christ, il n’est plus de différence entre les êtres humains qui puisse justifier la séparation avec Dieu.

balance-point

“L’équilibre est la clé de ma sérénité. J’atteins l’équilibre en écoutant ma sagesse intérieure et la sagesse des autres. Il n’y a pas de situation dans laquelle je ne peux pas trouver un point d’équilibre. Il n’y a aucune circonstance dans laquelle je ne peux pas trouver l’harmonie intérieure. Comme je demande à être conduit à l’équilibre et la clarté, je vais trouver que les réponses viennent à moi. Je suis plus sage que je ne le sais, et plus capable d’avoir les bonnes actions et attitudes que je ne le crois encore. Dans tous les cas, je cherche le point d’équilibre de l’action de Dieu à travers moi.”

Julia Cameron,
Heart Steps: Prayers and Declarations for a Creative Life“, p. 20

Source texte et photos : thewildreed

billy-eldridge-bonheur

Il est où le bonheur ? L’Evangile proclamé lors de la fête de Tous les Saints (1er novembre) est l’Evangile des béatitudes. Promesse de bonheur qu’ont su anticiper ceux que la ferveur populaire et ecclésiale reconnaît “saints”. IL y a quelque temps, on disait qu’ils étaient les amis de Dieu, façon de dire qu’ils n’avaient rien anticipé du tout mais qu’ils avaient tout misé sur la confiance, la rencontre du Christ Jésus. Ils s’étaient rendu disponibles à l’amour fou de Dieu dans leur vie, s’étaient laissé façonnés par la présence de l’Ami Jésus. Jean-Paul II les a désigné un jour du joli nom de “témoins de l’avenir“…

Promesse de bonheur, mais pourquoi à venir?
Il est où le bonheur? Il est là, là, dans tout ce que nous vivons déjà.
Juste le voir, le percevoir, le recevoir.

J’ai fait la cour, j’ai fait mon cirque
J’attendais d’être heureux
J’ai fait le clown, c’est vrai et j’ai rien fait
Mais ça ne va pas mieux
J’ai fait du bien, j’ai fait des fautes
On fait comme on peut
J’ai fait des folies, j’ai pris des fous rires, ouais
Je croyais être heureux

Voici une version de la chanson de Christophe Maé interprétée par Mok Saïb, un jeune artiste algérien, qui donne à cette chanson des nuances et des couleurs qui manquaient à l’austère interprétation de Christophe Maé.

Il est où le bonheur (Christophe Maé), interprété par Mok Saïb

Il est où le bonheur, il est où ?
Il est où ?
Il est où le bonheur, il est où ?
Il est où ?

J’ai fait l’amour, j’ai fait la manche
J’attendais d’être heureux
J’ai fait des chansons, j’ai fait des enfants
J’ai fait au mieux
J’ai fait la gueule, j’ai fait semblant
On fait comme on peut
J’ai fait le con, c’est vrai ; j’ai fait la fête, ouais !
Je croyais être heureux

Mais, y a tous ces soirs sans potes
Quand personne sonne et ne vient
Ces dimanches soir, dans la flotte
Comme un con dans son bain
Essayant de le noyer, mais il flotte
Ce putain de chagrin

Alors, je me chante mes plus belles notes
Et ça ira mieux demain

Il est où le bonheur, il est où ?
Il est où ?
Il est où le bonheur, il est où ?
Il est où ?

Il est là le bonheur, il est là !
Il est là !
Il est là le bonheur, il est là !
Il est là !

J’ai fait la cour, j’ai fait mon cirque
J’attendais d’être heureux
J’ai fait le clown, c’est vrai et j’ai rien fait
Mais ça ne va pas mieux
J’ai fait du bien, j’ai fait des fautes
On fait comme on peut
J’ai fait des folies, j’ai pris des fous rires, ouais
Je croyais être heureux

Mais, y a tous ces soirs de Noël, où l’on sourit poliment
Pour protéger de la vie cruelle

Tous ces rires d’enfants
Et ces chaises vides qui nous rappellent
Ce que la vie nous prend
Alors, je me chante mes notes les plus belles
C’était mieux avant

Il est où le bonheur, il est où ?
Il est où ?
Il est où le bonheur, il est où ?
Il est où ?
Il est là le bonheur, il est là !
Il est là !
Il est là le bonheur, il est là !
Il est là !

C’est une bougie, le bonheur
Ris pas trop fort d’ailleurs
Tu risques de l’éteindre
On l’veut le bonheur, on l’veut, ouais !
Tout le monde veut l’atteindre
Mais il fait pas de bruit, le bonheur, non, il fait pas de bruit
Non, il n’en fait pas
C’est con le bonheur, ouais, car c’est souvent après qu’on sait qu’il était là

Il est où le bonheur, il est où ?
Il est où ?
Il est où le bonheur, il est où ?
Il est où ?

Il est là le bonheur, il est là !
Il est là !
Il est là le bonheur, il est là !
Il est là !

Mais, il est où le bonheur ?
Il est où le bonheur ?
Il est où ?
Il est où ?

Mais, il est où le bonheur ?
Mais il est là !
Le bonheur, il est là, il est là
Et il est là !
Le bonheur, il est là, il est là

—-
Source photo : Billy Eldridge

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(…) Non, la question du genre n’est pas une “théorie”, ce sont des personnes bien réelles, personnes différentes dans leurs genres, c’est un fait et non une lubie.

Quand on est transidentitaire, on se rend compte que l’on est femme avec un corps d’homme ou homme avec un corps de femme et l’on veut simplement avoir le corps qui correspond à son identité. De même, quand on est intersexe ( né avec une partie souvent atrophiée des deux sexes), à l’âge de l’adolescence se révèle que l’on est homme ou femme, et l’on veut que son corps corresponde à son identité, être ce que l’on est.

Messieurs les censeurs, qui êtes-vous pour savoir mieux que ces personnes quelle est leur sexualité ou leur identité? Qui êtes-vous pour rejeter ce qu’elles sont et leurs transformations pour être des hommes ou des femmes comme les autres?  C’est dans ce combat et son accompagnement d’humanité qu’est la Bonne Nouvelle.

Laurent Schneider,
Diacre permanent engagé dans l’association L’Hêtre (Mulhouse, 68),
association qui accueille de jeunes personnes homosexuelles, transidentitaires, rejetées par leurs familles et  la société du fait de leur différence.

 

 

Source texte : courrier des lecteurs dans la version papier du magazine “La Vie”  du 20 octobre 2016, (reproduction avec autorisation de l’auteur).

Source photo : James Charles, un jeune newyorkais de 17 ans qui s’est fait connaître en choisissant de pratiquer sur lui-même le maquillage pendant un an/. Il a fait la une de cover-girl et publie aujourd’hui ses photos et conseils de maquillage sur instagram.