J’ai adopté un regard perçant
J’ai pris le temps de chercher
J’ai questionné le serpent
J’ai questionné le hibou
J’ai appelé le maire
J’ai appelé le sage
J’ai essayé de lire Proust
J’ai essayé la vie sur scène
Je suis allé en thérapie
J’ai pratiqué des sports
J’ai souffert tous les maux
du reniflement à la verrue
Je suis allé à la dérive
J’ai eu recours au pape
J’ai gravi l’Annapurna
Je me suis privé de drogue
J’ai retourné le désert
J’ai fouillé les océans
Mais où que je regarde
je n’ai pu me retrouver
Alors finalement
jai dû renoncer à mon plan
d’évasion au Siam
et m’accepter moi-même ici
tel que je suis
J’ai bien conscience que ce blog peut sembler devenir n’importe quoi. Un mélange de journal intime et de coming out, avec des confidences spirituelles, des éclosions existentielles, une affectivité débordante, une sensibilité à fleur de peau et des prises de conscience psychologiques.
Que ce soit n’importe quoi, je ne le pense pas, mais il est à l’image de ce qui est ma vie en ce moment.
A mes amis et connaissances, pas forcément followers de ce blog mais dont j’entends bien les questions, j’ai envie de répondre. Suis-je malade? Non. Enfin, je ne crois pas. Déprimé? Euh…non. En pleine crise de delirium ou illuminé? Euh, je ne crois pas non plus. Ai-je des révélations, suis-je un saint? Ah ! ah! Elle est bien bonne! Non plus.
Alors quoi? Ben, je sais pas. Il y a plein de choses qui semblent s’être mises d’accord pour remonter et faire un joli charivari en moi. Y’a du beau, du sensible, de l’excès, de l’illusion… Il surgit des profondeurs qui s’expriment et viennent à la surface un peu confusément. Plein de souvenirs, aussi, qui me reviennent et que peut-être je raconterai un jour ici.
C’est difficile de dire ce qui provoque exactement cela tant ça paraît être un conglomérat de choses qui arrivent en même temps : le travail fait sur moi-même, ma vie spirituelle, les blessures d’enfant enfin revenues à la surface, le ras-le bol d’une situation trop longtemps étouffante, l’amitié simple et douce de celui que j’ai appelé mon ami extraordinaire, le désir de vivre. Oui, de vivre.
Que vais-je faire de tout ça? Je n’en sais strictement rien. Je sais seulement que ça n’est pas n’importe quoi et que ce qui est en train d’advenir doit advenir.
Il me semble que j’ai à clarifier ce qui est de l’ordre de la psychologie des profondeurs, ce qui est de l’ordre de l’émoi amoureux et ce qui est de l’ordre de la rencontre spirituelle. A vrai dire, ça me va bien que ce soit confus car c’est très agréable à vivre, mais je vois bien que cela peut m’amener à des comportements inadaptés, inadéquats. Par exemple, il ne serait pas juste de faire supporter à l’amitié le poids des blessures de l’enfant intérieur, ce qui peut paraître tout à coup complètement disproportionné et obscurcir le discernement.
En vérité, ça l’est. Mais – car, il y a un mais – à lire les témoignages de nombreuses personnes qui se découvrent homosexuelles, témoignages ô combien salutaires pour d’autres, je sais que le mien, sans être plus important, peut rejoindre l’un ou l’autre de ceux qui lisent ce blog.
Je ne prétends faire la leçon à personne, et surtout pas théoriser quoi que ce soit alors que j’avance en tâtonnant et en balbutiant. Mais, je ne veux plus vivre enfermé. Comme l’exprime la prière Rainbow que je publierai prochainement ici, il me faut sortir de mes “placards à secrets”, de mes enfermements.
Après tout, c’est mon blog n’est-ce pas? Je l’avais entrepris à la suite de celui de Loquito grâce à qui je me laissais enfin toucher dans des vérités que je ne voulais pas voir. Loquito m’a dit un jour que son blog c’était une sorte de thérapie pour lui-même. Probablement ce blog-ci a-t-il les mêmes vertus. Probablement, un jour, quelqu’un devra prendre également le relais.
Le rideau de ma voisine
Se soulève lentement.
Elle va, je l’imagine,
Prendre l’air un moment.
On entr’ouvre la fenêtre :
Je sens mon coeur palpiter.
Elle veut savoir peut-être
Si je suis à guetter.
Mais, hélas ! ce n’est qu’un rêve ;
Ma voisine aime un lourdaud,
Et c’est le vent qui soulève
Le coin de son rideau.
Alfred de Musset
De l’art de l’imagination. Emballement, illusion ou intuition? Comment l’émoi amoureux, qu’il soit d’amour ou d’amitié, peut nous illusionner. A moins que, quand l’émoi n’est pas au niveau du coeur mais de l’imagination comme ici, dans ce poème, l’imagination ne soit qu’un subterfuge de l’inconscient pour donner à l’enfant intérieur la dose d’amour, de caresses et de considération qu’il n’a pas reçu quand il l’eût dû. Danger de confusion.
Une fois publié et posté l’article précédent, je passe à autre chose et n’y pense plus.
Et voilà que je tombe sur l’annonce d’une retraite spirituelle, déjà passée, organisée par le Carrefour des chrétiens Inclusifs :
Retraite spirituelle 2016 : “J’ai pris peur car j’étais nu et je me suis caché” Gn 3,10
Dans le jardin de Dieu,
tu n’as pas à avoir peur.
Il te connaît, c’est Lui qui t’as créé.
il te connaît,
il connaît tes limites,
il connaît ta nudité.
Son émerveillement
devant ta beauté,
qui est la sienne,
à son image et selon sa ressemblance,
est tendresse infinie.
Ta cacher à ses yeux,
c’est te renier toi-même.
Si tu fais ça,
tu t’en vas loin,
tu te coupes de ton créateur,
tu perds son regard
plein d’amour.
Le Seigneur crée
toute oeuvre belle et bonne.
Je voudrais paraître devant lui
tel que je suis
sans rien cacher
et qu’il me reçoive
et m’enlace,
à jamais,
de son amour infini.
Z – 26 mai 2016
—-
N.B. L’accumulation de photos de Justin Bieber… un voeu que j’ai fait d’illustrer tout article avec des photos de Justin Bieber pendant un mois et que je dois maintenant honorer.
Est-il possible de marcher sans but?
A vrai dire, aujourd’hui,
tout objectif me paraît bien éphémère,
illusion ou fuite en avant,
pour ne pas regarder sa souffrance,
ne pas sentir le manque d’amour.
Dans mon cas,
pour fuir aussi le trop d’amour qui surgit
et qui ne trouve pas d’écho.
Alors des occupations,
tel objectif de réussite, de prestige ou de carrière,
tel objectif de construire une famille , de reproduire un modèle,
tel objectif de sauver, secourir, donner aux autres,
tellement d’objectifs possibles
auxquels on peut s’identifier.
Je sais et je sens
– est-ce la même chose ?-
au fond de moi,
que le but n’a pas ou plus d’importance.
Oui, je peux marcher sans but.
C’est absolument terrifiant,
car cela veut dire arrêter de fuir,
arrêter de faire semblant,
arrêter de m’occuper
la tête, le coeur, les mains,
pour enfin oser
marcher en présence.
C’est absolument terrifiant,
il va falloir que j’affronte ma peur du vide,
ma peur de ne pas être aimé,
ma peur d’être rejeté,
ma peur de n’être rien ni personne.
C’est absolument terrifiant,
mais je ne veux plus fuir,
ni rien, ni personne,
ni moi-même.
Je veux marcher
en conscience,
en présence.
Je veux être qui je suis.
Mon espérance
est que ce soit toi, Seigneur,
qui m’appelle
du fond de mon être
à te retrouver.
Tu ne peux pas m’aimer
– je ne peux pas laisser ton amour me guérir –
si je ne m’accepte pas
tel que tu m’as fait,
si je n’arrête pas, un jour,
de fuir après des objectifs illusoires,
par peur de ne pas exister,
par peur d’être seul,
immensément seul et inutile
à tout et à tous.
Si j’arrête de courir, et me disperser,
telle Marthe qui s’agite pour faire mille choses,
si j’arrête et me pose à tes pieds,
comme Marie,fragile, disponible, vulnérable,
soumise à la critique des autres,
seras-tu là, mon amour,
coeur de mon coeur,
être de mon être ?
Présence de ma présence.
Je crois que je peux marcher sans but
si je marche en ta Présence.
Je dois passer la peur
de ce grand vide qui m’effraie
parce que je crains d’y ressentir à nouveau
cette blessure de ne pas exister
pas aimé, pas accueilli, pas reconnu.
Et pourtant je suis là,
j’existe.
tu m’as donné la vie,
et, au fond de moi,
je sens mon être s’agiter,
il veut paraître,
il veut te louer,
il veut te rendre gloire
par le seul fait d’être.
Le vivant, voilà ta gloire.
Alors, aussi grande soit ma peur,
je lâcherai un à un mes oripeaux
et m’approcherai autant que je peux,
et je marcherai en ta Présence,
mon Seigneur et mon Dieu.
Ma vie.
Vie de ma vie.
“Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il exultera pour toi et se réjouira“
(Sophonie 3, 17)
“Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.“