J’étais un jeune homme parfait.
Bien sûr, j’avais des défauts,
j’en connaissais un certain nombre,
mais j’étais suffisamment bien éduqué
pour exercer un contrôle sur moi.
J’étais, aux yeux de tous,
un jeune homme parfait.
Un peu à mes yeux aussi.

Il y avait bien cependant
cette sensibilité
à la présence
de certains autres jeunes hommes,
cette appétence à l’amitié
qui était manière
de se rapprocher et à s’attacher
même sans retour,
secrètement.

Cette sensibilité
qui me faisait goûter
une main serrée,
une accolade,
un souffle,
un frôlement,
un temps partagé,
privilégié.

Mais chut ! Ce n’est que passager.
Ca ne peut être que passager.
Je suis un garçon bien
sous tous rapports.

Je suis chrétien, je suis gentil, je suis serviable.
Un modèle d’intelligence et de gentillesse.
Le gendre parfait.
À moins que ce ne soit un futur curé.

Un gars bien.
Si bien. Trop bien.

Personne ne m’a forcé
à être ainsi.
Je me suis fait tout seul
d’une certaine manière.

Mais Dieu ! Que j’étais malheureux !
Que j’étais seul !

Quelle misère de se battre contre soi
à maîtriser ses affects, ses pulsions,
sa sensibilité,
à me contorsionner
intérieurement,
à être autre que ce que je suis.

Être bien.
Être irréprochable.
Aux yeux de la société
et à mes propres yeux.

Ne pas écouter
que je suis attiré par les garçons
et que là, tel ou tel
que j’appelle ami,
j’en serais en fait
si facilement amoureux.
À moins que je ne le sois déjà ?

Mais chut… Pourquoi dire ça ?
Ce n’est qu’un passage,
ce n’est que transitoire.
Forcément c’est transitoire.
Probablement, c’est dû
à cette foutue adolescence
qui n’en finit pas !

Chut… je suis un gars bien.
Je veux être un gars bien.
Je veux qu’on m’aime
parce que je suis un gars bien.

Par quel artifice
me suis-je convaincu
que ce n’était pas bien
d’aimer les garçons
et de crucifier
mon être réel
pour me conformer
à ce modèle
de chrétien parfait
qui se contrôle
et contrôle tout ?

Parfois, je pense à ce jeune homme
dont on dit qu’il avait de grands biens
et qui appliquait tous les préceptes
qu’on lui avait enseignés.
Il les appliquait, oui.
Un gars bien, celui-là aussi.
Un gars bien,
prisonnier des usages et des convenances
incapable de se libérer de sa peur
au moment où il rencontre l’amour
qui l’invite à quitter tout ça
pour le suivre vraiment.
….– S’exposer vraiment
……tel que je suis,
……sans masque, sans protection ?
……Ca je ne je puis.
Tristesse.

Je veux pas, je veux plus,
être un gars bien.
Juste être moi.
Oser
être moi.

Je t’en veux,
société des hommes,
de m’avoir laissé croire
que je ne pouvais pas être aimé
tel que je suis,
de m’avoir laisser croire
qu’aimer des garçons c’était mal
et que je pourrais aller en enfer pour ça !

Je t’en veux
de ne pas m’avoir accompagné
sur ce chemin,
de ne pas m’avoir accompagné
avec douceur,
pour que je découvre
que je n’ai rien à faire d’autre
qu’accueillir l’être que je suis
avec émerveillement
et reconnaissance
pour être un gars bien.

Il m’aura fallu des années,
des dizaines d’années
pour pouvoir répondre
à cette simple question,
un jour,
posée dans un groupe de prières
et qui m’était personnellement adressée :
« Que veux -tu que je fasse pour toi ? »

– Seigneur,
…..laisse-moi juste être moi.
…..Que je sois libéré des entraves
…..qui m’empêchent d’accéder à qui je suis
…..et de suivre cet élan de vie
…..que toi-même tu suis si parfaitement,
…..l’élan d’être soi,
…..le bonheur d’être soi
…..sans avoir à répondre
…..à quiconque
…..sinon à celui qui,
…..sans attendre de retour,
…..a fait de moi
…..un gars bien,
…..un gars bien,
…..un gars bien.

…..Un gars bien.

Zabulon – 23 mars 2025

Source Photo : Instagram de Filip Hrivnak

Luc 7, 44 : Se tournant vers la femme,
Il dit à Simon :
“Tu vois cette femme ?”

Jésus des recoins,

Tu voyais tout :
ceux qui se tiennent au centre
comme ceux qui restent sur le côté.

Emmène-nous dans tous les recoins
de notre vaste monde.

Car chaque fois que tu es entré dans une pièce,
c’était pour découvrir vie et amour
dans toutes les histoires ignorées
par les autres.

Amen

Pádraig Ó Tuama

Prière citée en exergue du livre de James Martin, Bâtir un pont- L’Eglise et la communauté LGBT, Cerf 2018, un livre fort où l’auteur, jésuite, s’interroge et propose des pistes pour bâtir un pont entre les membres de la commununauté LGBT et l’Eglise institutionnelle.

Source photo : The Lonely Boy par Iquano sur Deviant Art

 

Christ, tu es la joie de la vie !

Tu es la joie
parce que Tu donnes à ma vie sa vraie signification,
sa dignité, sa sécurité.

Tu es ma joie, parce que Toi aussi, Seigneur,
Tu as souffert, Tu as été pauvre,
Tu as travaillé avec fatigue, et Tu as même été mis en croix.

Tu nous comprends, Tu es notre compagnon, Tu es notre consolateur.

Jésus, Tu es l’espérance de qui est malheureux et sans aide !

Jésus, c’est Toi qui nous rends frères,
qui nous donnes le sens de la justice,
Qui nous rends forts à souffrir, forts à vouloir.

Jésus, c’est Toi qui nous apprends à aimer,
C’est Toi qui nous donnes la paix,
la vraie paix,
Avec le pain pour cette vie,
Et avec le pain pour l’éternelle vie, meilleure que celle-ci.

C’est Toi, Jésus, le prophète des béatitudes.

Jésus, tu es la joie de notre vie !

Paul VI

 

(Transcription par Michel Cool d’une homélie prononcée sur le parvis de l’église Sainte-Cécile de Bogota (Colombie) le 24 août 1968 – Postée par Michel Cool sur son compte Facebook.

Photo : “on the road of EmmaUs” par André Durand

Je suis « une maison de prière »…
St Paul me désigne comme un « temple de l’Esprit ».
Je suis bâti par et pour Dieu.
Et C’est la prière qui me le dit,
c’est elle qui me construit.
Bien sûr, je suis bâti pour l’amour.
Mais le même Esprit de Jésus me suggère
que c’est tout un, prier et aimer.
C’est pour cela qu’il me construit à ciel ouvert.
Je n’ai pas à lui ouvrir,
c’est de l’intérieur qu’il vient et qu’il opère;
voilà pourquoi on ne sait jamais trop
d’où il vient, ni surtout
comment s’édifier soi-même dans l’amour.

Christian de Chergé, prieur des moines de Tibhirine,
extrait de « Prier 15 jours avec Christian de Chergé »

Cité par: Communion Béthanie
Source photo : cristianosgays.com

– – – – –

Je vous partage ce poème magnifique d’une jeune fille lesbienne qui proclame sa foi tout en assumant sa lesbianité. Par respect pour l’auteur, je l’ai laissé au féminin et ai choisi une illustration correspondante. En lisant ce poème en anglais, je n’avais pas compris immédiatement que c’était une jeune femme qui parlait (“I’m a gay christian.”) mais au total je comprends mieux encore la solidarité LGBT qu’outre-Atlantique on désigne de plus en plus par le mot “queer” de manière à ne pas insister sur telle ou telle singularité : homme, femme, gay, lesbienne, transgenre, bisexuel-le, asexuel-le… Or, tous ont en commun d’être ressentis comme “étranges”, ce qui est à proprement parler le sens du mot “queer” et la souffrance que chaque population éprouve dans son chemin d’acceptation par soi et par les autres les rend profondément sensibles aux souffrances éprouvées par les autres singularités.

– – – – –

 

Je suis une chrétienne gay.

Constamment, je suis étiquetée comme une hypocrite
parce que j’ai confiance en un Dieu qui apparemment
ne m’accepte pas.

Dieu appelle tout le monde à lui.
C’est l’église qui ne m’accepte pas.

Mes prières ne seraient-elles pas été entendues parce que
tous les soirs avant de me coucher, j’embrasse les lèvres d’une femme
au lieu de celles d’un homme?

Quand je m’agenouille devant la croix,
est-ce que je viens juste d’être sale
parce que je me suis également agenouillée
entre les cuisses d’une fille?

Je suis une chrétienne gay.

Chaque jour, on me dit: “Mais la Bible déclare clairement que
le mariage est entre un homme et une femme.
Comment justifiez-vous cela?”

Je pourrais en dire long sur le contexte historique
et la manière de lire entre les lignes.

Est-ce que ma compréhension de la Bible a une moindre
importance que la vôtre parce que vous prenez tout au mot près
et que ma foi me rend certaine que Dieu m’aime toujours?

Quand je lève les mains dans la prière,
est-ce que c’est en vain juste parce que
ces mains tiennent aussi ma petite amie la nuit?

Je suis une chrétienne gay.

Lorsque j’ai fait mon coming out,
j’ai reçu des messages sur Facebook citant le Lévitique,
des versets j’ai entendu mille fois.

Il est facile de se cacher derrière un écran d’ordinateur
pour me dire des choses que je peux vous répéter mot pour mot.

Est-ce que je ne suis pas autorisée dans l’église
parce que vous avez peur que j’essaie de convertir
tout le monde à être quelque chose qui n’est pas votre choix ?

Quand je lis la Bible,
est-ce que je suis incapable de de voir ce qu’elle dit
parce que ma «maladie» l’empêcherait?

Je suis une chrétienne gay.

On m’a dit que j’avais choisi de m’identifier comme gay,
mais, en fait, j’ai juste fait le choix d’accueillir ce que Dieu a fait
de moi pour que je sois heureuse.

La plupart des croyants n’ont aucune idée de ce que vous sentez
lorsque vous êtes attirée par quelqu’un
que vous n’êtes pas censé aimer.

Quand je regarde les yeux de mon aimée,
n’est-ce pas la même chose que ce qu’un homme et une femme
voient dans les yeux l’un de l’autre ?

À mon mariage, je vais commencer à pleurer lorsque je verrai ma mariée
descendant l’allée en blanc, alors dites-moi
que ce n’est pas le même amour!

Je suis une chrétienne gay.

Source : Musings and Rants of a Sketchbook Artist

Photo : extrait d’une vidéo faite par Monkey Business Images