Il s’en est passé des choses depuis la création de ce blog.
Il s’en est passé….
Tellement !

Suis-je toujours chrétien ?
Oui, assurément. Je ne pourrais pas ne pas l’être.
Ce bonhomme Jésus, il me parle encore, il me fait encore grandir en humanité.
Je n’ai pas trouvé mieux que lui pour m’inspirer, me conduire et m’accompagner sur mon propre chemin d’humanité.

Suis-je encore catholique ?
Oui, puisque c’est ainsi. Puisque c’est le fruit de mon histoire.
Mais ça n’a tellement plus beaucoup d’importance…
L’institution et les hommes qui font l’institution sont décevants.
Le message, la perle précieuse qu’est cette révélation d’être aimé inconditionnellement
et d’avoir le droit et le devoir d’être là, tel que je suis, où que j’en sois,
oui, cela demeure, quoi qu’il en soit de l’institution et de ses limites.
Ce message, ce témoignage qui vient de la grande tradition apostolique,
cette expérience inouïe faite par les contemporains d’un certain Jésus
et qui a pu parvenir jusqu’à moi.

Et de l’homosexualité, l’homosensibilité ?
Ouh là ! Que de chemin parcouru !
Chemin d’acceptation d’abord.
Quoi qu’en dise l’institution ou ceux qui se réclament d’elle,
je n’ai pas vu que Jésus et le Dieu de Jésus me rejetassent sur ce seul motif
– ni aucun motif d’ailleurs.
Je peux être chrétien et homosensible. Quoi dire de plus ?
Si Dieu ne me rejette pas, quelle est donc cette bizarrerie que des hommes qui se réclament de lui le fassent ?
Chemin d’ouverture ensuite.
Cette acceptation ne vaut pas que pour moi, elle vaut pour tous les blessés et réprouvés de la terre.
Il n’y a pas un humain qui ne soit racheté, consolé, invité à se joindre à la fête des retrouvailles.

Mais alors la fidélité, la conjugalité, la paternité, etc. etc. ?
Je ne sais pas… Est-ce un sujet spécifiquement lié à l’orientation sexuelle ?
Y a—t-il un autre devoir premier que celui de survivre et de s’épanouir ?
De se développer comme tout être vivant, spécialement le végétal qui le fait sans affect
– les brins d’herbe, les plantes, les arbres –
qui se laisse aspirer par le soleil et monte vers la lumière ?

En soi, l’homosexualité n’est pas un sujet.
Seulement celui de se respecter soi-même, d’être respecté par les autres
et d’aller vers la meilleure version de soi-même.

Dans l’idéal,
je n’ai pas besoin d’affectivité.
Pas besoin de lien préférentiel, pas besoin de sexualité.
Mais c’est dans l’idéal. A la résurrection, dit Jésus.
Quand bien même une femme aurait sept maris successifs issus de la même fratrie,
elle ne sera la possession d’aucun d’entre eux dans le royaume du ciel.
Au ciel, on est comme des anges.
Libérés des contingences affectives, sentimentales sexuelles,
qui sont liées à notre finitude, notre condition humaine,
une création faite de limites que nous peinons à intégrer.

Là,
sur le moment,
alors que je ne suis pas au ciel,
engoncé dans mes limites humaines
dans mes blessures subies, dans mes manques d’amour,
le risque (la tentation ?) est grand de perdre mon chemin,
de me dérouter du seul bien qui vaille :
me trouver moi-même
et, trouvant l’être de mon être,
de me laisser conduire
par le maître, l’essence, l’origine, l’énergie
-prenez le terme que vous voulez –
de toute vie.

En attendant,
je survis,
je subis,
je crie,
je pleure,
je m’adapte,
me sur-adapte.
Je cherche
de l’approbation,
de l’assurance
de l’estime,
de la consolation,
de l’affection,
de la reconnaissance,
de la complétude
aussi,
à la mesure
où je me sens incomplet
où il me manque
quelque chose
que l’autre aurait
et que je n’ai pas.
Et il se peut
que je n’en sois pas toujours
totalement
conscient.

Bref,
je vis dans un monde limité,
j’ai besoin de tendresse,
d’amour et d’amitié.
Et si,
dans cette vie humaine limitée,
je ne l’ai pas reçu en suffisance
notamment pendant l’enfance
– ce qui est le cas de la plupart d’entre nous –
je le cherche éperdument
comme un besoin vital,
fondamental,
dans tous les actes de ma vie.

Où j’en suis, alors ?

A ça :
savoir que j’ai besoin de tendresse
tout en sachant
que celle dont je rêve
n’existe pas sur terre
mais que des bras humains
qui seraient bienveillants et compatissants
pourraient me confirmer
et m’encourager dans mon aspiration
à l’amour sans limité,
comme un signe d’inachevé
qui montre le chemin
vers la plénitude.
.
Peut-être,
le temps de la finitude,
le bien que nous pouvons recevoir les uns des autres
n’a-t-il d’autre sens
que de figurer ce bien de tous à tous
et de nous aider à patienter.

Z – 15/02/2025

Source photo : Unsplash

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
“Si vous m’aimez,
vous garderez mes commandements.”
Jn 14,15

Silence

Hormis quelques récentes publications pendant le confinement, j’ai été peu présent sur ce blog depuis plusieurs mois. Et certains lecteurs, gentiment se rappellent à mon bon souvenir et m’enjoignent de publier à nouveau.

Je suis touché d’avoir des amis qui me lisent et m’attendent dans le monde entier. Ce n’est pas une question de nombre puisque ce blog, étant donné son sujet, est et restera d’audience limitée. Mais, bien sûr, cela me touche et je me retrouve face à moi-même me demandant ce que je dois faire.

Qu’ai-je de particulier sinon d’écrire sur des sujets qui me tiennent à coeur, … – j’ai écrit « des » sujets » , en fait un seul et unique sujet : être gay et chrétien. J’utilise clairement ce blog pour sortir, sous couvert d’anonymat, l’être que je suis, devenu conscient par je ne sais quel mystère que seule l’authenticité me sauvera et de la tristesse et de l’angoisse et de la torpeur et encore plein d’autres sentiments compensatoires. Ce faisant, l’écriture est thérapeutique et aujourd’hui je ne sais plus très bien quoi exprimer à ce propos tant il est devenu clair pour moi qu’être gay et chrétien n’est pas un problème.

Cependant, cela le reste pour nombre de chrétiens, qu’ils soient des « hétéros » qui ne comprennent pas ou des « homos » handicapés dans une conception étriquée de la vie chrétienne. Cela je l’entends, je le vois, je le mesure. Je suis touché de la confiance qui m’est manifestée pour aider d’autres personnes à avancer sur ce chemin et, en même temps, je me sens si petit, si impuissant, si désemparé. Je n’ai, je l’ai déjà dit, que la recherche de mon authenticité à offrir. Forcément subjective, forcément incomplète, forcément en chemin.

Je ne comprends pas bien ce qui se passe mais si les mots que je mets sur ce que je peux ressentir et exprimer peuvent aider d’autres personnes, je n’ai pas envie de me défiler.

Sidération

Parmi les autres raisons à mon silence depuis ces longs mois, il y a cependant une autre raison que j’aimerais signaler. C’est la sidération dans laquelle je suis devant toutes les affaires d’abus sexuels, et en premier lieu de pédophilie, d’une part, et les révélations – en fait les confirmations de ce que je savais déjà – du livre de Frédéric Martel, Sodoma, d’autre part.

Je n’entrerai pas dans le débat « comment en est-on arrivé là ? » car ce n’est pas le propos de ce blog. Non, ce qui me sidère et m’interroge, c’est ma propre torpeur, mon silence, mon manque d’activisme à agir comme bon je l’entends puisque ma conscience me fait percevoir des choses que l’Eglise ne m’enseigne pas.

A l’instar de ce qu’exprime très bien Frédéric Martel dans son livre, je me fiche éperdument d’apprendre ou de savoir que tel ou tel membre du clergé ait une orientation homosexuelle et même qu’il ait un ami ou un amant. Au contraire, je le respecte, et j’imagine à quel point cela est difficile à vivre de se découvrir/s’accepter sur le tard homosexuel alors qu’on pensait parfois pouvoir être chaste et continent, et peut-être pouvoir être libéré de ses pulsions sexuelles. Las, la chair (au sens noble, basar) reprend ses droits, et cette chair, c’est aussi là que s’incarne notre être : impossible de fuir ! Chacun est face à lui-même dans cette découverte de sa sexualité, et, au-delà, de son besoin de tendresse reçue et donnée, de tendresse partagée.

Pour des raisons qui me sont encore un peu mystérieuses, il semble que pour les hommes homosexuels, la tendresse et la sexualité soient très liées et que le besoin de sexualité soit difficile à refréner, et vient assez vite la question : au fait, au fond, pourquoi le refréner ?

Chacun est donc seul face à cette découverte de lui-même et les responsabilités qui en découlent. Et c’est là que le bât blesse. Je suis sidéré, pour ne pas dire indigné, par ces ecclésiastiques, mais on pourrait l’étendre à l’ensemble des laïcs chrétiens parfois pères de famille, qui d’un côté se vautrent dans l’homophobie, l’enseignent, la propagent, et dans une double vie honteuse vont chercher du plaisir dans les bras d’autres hommes, parfois avec de l’argent, parfois avec des relations sado-maso, et comme dans le cas de ce désormais célèbre cardinal colombien, tête de pont des combats de Jean-Paul II en Amérique Latine contre le communisme et l’homosexualité, à coût de violences après l’acte sexuel comme si cette violence tarifée pouvait expurger la jouissance ressentie et l’acte pulsionnel qu’ils n’ont pas pu s’empêcher de commettre.

J’ai qualifié de « honteuses » ces double-vies là. Pas la double vie en général tant il est vrai qu’elle peut être aussi une solution selon le contexte dans lequel on se trouve. Mais ce qui est honteuse, c’est cette opposition de valeurs dans l’extrême qui pousse à condamner d’un côté et à en faire fi de l’autre côté. Combien d’ados en recherche de leur identité se sont trouvés mal, ont eu peut-être des tendances suicidaires – voire sont passés à l’acte, à cause de propos homophobes tenus par des prêtres ou des laïcs bien-pensants et irresponsables qui allaient tranquillement baiser ensuite dans un sauna ou je ne sais où ailleurs ? Je ne comprends pas cette dichotomie. Chaque fois que j’y pense me revient la parole de Jésus à propos des hypocrites pharisiens :

« Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. » (Mt 23,4)

Pareil pour la pédophilie, sujet tellement terrible que je ne sais même pas quoi en dire sinon qu’on a fait rentrer les loups dans la bergerie, pas seulement parce que la bergerie était mal gardée, mais aussi parce qu’on a cru indûment que c’était une bergerie, parce qu’on nous a fait croire que c’était une bergerie où nous étions en sécurité, où nous vivions en frères et sœurs, soucieux du bien les uns des autres. Et depuis combien de temps l’Eglise n’est-elle plus cette bergerie ? Et est-il vrai que nous y prenions soin du bien les uns des autres ? Tant de quant-à soi, de cancanements, de rumeurs, de jugements péremptoires, de désirs parfois très subtils de puissance… Certains pointent la culture de l’abus qui s’est instaurée du fait de cette prééminence du rôle ecclésiastique, du fait du cléricalisme, du fait que l’autorité du prêtre a pris le dessus sur l’autorité de l’évangile comme le déclarait récemment Laurent Stalla-Bourdillon.

Il y a un autre scandale dont on ne parle pas encore et dans lequel l’Eglise a aussi une lourde responsabilité. Celui des hommes qui, dans ce contexte d’homophobie latente, ne se sentant pas attirés par la vocation religieuse, ont crû légitimement bon de se marier, d’avoir une vie de famille, d’amputer leurs désirs profonds pendant des années et qui, au hasard de leur histoire, de leur insatisfactions ou de leurs expériences, se découvrent homosexuels ou s’assument enfin comme tels. Embarqués dans une vie où d’autres sont concernés : une épouse, des enfants, et devant résoudre cette terrible équation de ne pas faire de peine à ceux qui les aiment tout en découvrant et assumant qui ils sont. Si l’Eglise – et la société dans son ensemble – avaient été plus tolérantes, on n’en arriverait pas à de tels drames humains.

Sidération, oui.

Sidération d’avoir été si mouton, si bête, si naïf, face à des hommes qui disent et ne font pas, qui condamnent d’un côté ce qu’ils se permettent de l’autre, et, même quand ce n’est pas le cas, qui se permettent – mais au nom de quoi, mon Dieu ! – d’amputer l’humanité de leurs semblables !

Alors oui, ces derniers mois, je n’avais pas envie d’écrire, partagé que j’étais entre tristesse et colère. Et d’abord une colère contre moi-même parce que comme beaucoup, je connaissais ce système de l’intérieur, et je m’en veux de cette fidélité débile qui conduit à un aveuglement et un abêtissement sur les petits pouvoirs de ces messieurs et leur manque de considération de l’humanité du frère.

Voilà, comme ça, c’est dit.

Peut-être cet article ne plaira pas, et ça n’est pas grave. Je veux être libre. Ce n’est pas une déclaration, c’est un besoin. Seul, je peux savoir qui je suis. Seul, je peux laisser se déployer en moi l’être que je suis. Et pour cela, il me faut être libre.

Et je ne peux pas compter sur ces gens qui disent et ne font pas, qui condamnent et qui ne réconcilient pas, qui séparent mais ne rassemblent pas. Je ne fais pas, en tout cas je ne veux pas faire partie, de cette clique-là.

– – –

… Mais, à toutes fins utiles, au cas où subrepticement certains lecteurs seraient concernés – sait-on jamais ? – je veux quand même préciser qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, c’est-à-dire aller vers cette authenticité qui est garante de notre cohésion ou cohérence de vie. Comprenez-moi bien : je ne veux pas juger, je sais trop combien c’est compliqué la découverte de son orientation sexuelle, quels dénis, quels combats, quels idéaux, il faut passer. Mais la limite, ça reste, et probablement ce sera toujours : ne pas faire de mal à autrui.

savoir-lire-la-Bible

 

Juste un petit mot pour rassurer…

Le relatif silence sur ce blog n’est pas signe que je n’ai plus rien  à exprimer, c’est plutôt l’inverse !  Il y a tellement de choses et ça tourbillonne tellement dans tous les sens que je ne sais plus par quel fil attraper les idées ou sensations et les partager ici.

En off, quelques confidences, dialogues, expériences de vie… viennent  à la fois me troubler, me nourrir et me grandir et je ne sais plus ce que je dois ou peux partager pour ne pas verser dans le trop intime.

En même temps, la souffrance que j’entends chez certains entre leur appartenance religieuse et le constat de leur homosexualité me touche profondément. L’ignorance des textes sacrés, la transmission continue d’interprétations plus que  limitées, alors que pourtant tout le matériau exégétique et théologique existe, me laissent songeur.  Est-ce que je dois passer du temps à synthétiser ces approches et m’en faire l’écho ici pour que ceux qui ont besoin de ces fondements les trouvent ici ?

Être chrétien et gay…

Il y a une chose que j’aimerais faire mais je ne sais pas si elle est très appropriée. C’est tordre le cou à cette vieille idée qu’être gay et être chrétien seraient incompatibles.  Et dans la foulée, l’idée que l’homosexualité serait un péché et serait interdite par la Bible.

D’ailleurs, l’argument même selon lequel la Bible serait homophobe m’énerve au plus haut point, autant quand il s’agit de dire «  tiens –vous voyez, c’est interdit ! péché ! ksss kss kss !  dehors les  homos» que quand il s’agit de polémiquer de la sorte : «  ah vous voyez bien que les religions sont contre les gays et que ce sont elles qui nourrissent la haine et la division entre les gens et entre les peuples. »

Ca m’énerve parce que c’est d’une stupidité sans nom !   Si on arrive avec une idée même inconsciente de ce qu’on cherche, on finira toujours par le trouver dans la Bible, ça n’est pas très compliqué. D’où la stupidité à prendre à la lettre un verset isolé et à vouloir l’appliquer bêtement sans réfléchir !

Le simple fait que la mention de l’homosexualité (et d’ailleurs de toute préoccupation sexuelle), ne  soit franchement pas la préoccupation majeure de la Bible est déjà un indice sérieux du côté obsessionnel  que déploient certains à vouloir démontrer ceci ou cela.

Savoir lire la Bible

Il faut donc lire la Bible mais pas n’importe comment. Il faut  notamment savoir distinguer l’essentiel  de l’accessoire. Il faut lire la Bible et il faut la méditer aussi.

Une bonne méthode, me semble-t-il, est  de l’aborder sans avoir aucune intention spécifique sur ce qu’on souhaite y trouver tout en étant capable de remettre un évènement dans son contexte, le relier à d’autres  du même type et pour lesquels le texte apporte d’autres nuances.

Cette neutralité scientifique dans la première approche d’un texte à étudier n’est pas si facile qu’il y paraît. On a tous des espoirs secrets d’être confirmés en ce ceci ou cela. Ce serait si terrible si la Bible, Dieu lui-même donc, venait à nous contredire, ☺.

Prenons un exemple. J’aimerais prouver que la Bible n’est pas homophobe. Je peux trouver très rapidement un certain nombre d’arguments en ce  sens, mais avant cela, je dois me poser et me demander : y a-t-il des raisons de penser que la Bible soit homophobe ? Et je dois admettre que oui.  Certes on y parle peu de l’homosexualité mais quand on en parle, ce n’est pas vraiment pour la mettre en valeur ni la regarder comme neutre.

Mais passons à la deuxième partie de la méthode et regardons les textes concernés : suis-je sûr de  bien comprendre ce qui est dit dans les épisodes récriminés : Sodome et Gomorrhe, la qualification d’abomination en Lévitique, ou la condamnation par Saint-Paul… ?  A chaque fois ce qui semble visé ce n’est pas l’orientation homosexuelle en tant que telle mais le fait qu’il puisse y avoir un abus : trahison de l’accueil, exploitation du faible par le fort, prostitution sacrée, recherche idolâtrique du plaisir sans respect pour la personne.

Même le terme “abomination” pose question. C’est une très mauvaise traduction du mot hébreu  toeva qui signifie “tabou”. Dans la revue juive Tenoua, le linguiste Joël Hoffman, relève que  ce n’est pas le mot crime, ni perversion, ni même péché, qui est employé  mais le mot tabou.  C’est-à-dire, précise-t-il « un acte inapproprié en raison des normes sociales et non un mal absolu. »  Bref, tout cela est bien relatif quand même, surtout quand il s’agit d’un interdit au milieu de dizaines d’autres dont celui par exemple de ne pas porter un vêtement qui serait tissé de deux espèces de fil différentes.

Alors, que ceux qui veulent voir un interdit absolu de l’homosexualité  en s’appuyant sur le Lévitique se déshabillent très vite,  sans oublier leurs sous-vêtements tissés de coton et élastomère ou autres produits mélangés !

 


Nota Bene :  Vous avez bien relevé que le mot hébreu mal traduit en français par abomination ne veut pas non plus dire péché? Il existe un mot en hébreu pour désigner le péché… (voir ici)  et il n’est pas employé pour l’homosexualité. N’en déplaise à ceux qui répètent bêtement des idées reçues sans aller les vérifier  et contribuent, ainsi, à troubler ou faire peur à des jeunes gens chrétiens qui découvrent leur homosexualité.

Justin-Bieber-funny

J’ai bien conscience que ce blog peut sembler devenir n’importe quoi. Un mélange de journal intime et de coming out, avec des confidences spirituelles, des éclosions existentielles, une affectivité débordante, une sensibilité à fleur de peau et des prises de conscience psychologiques.

Que ce soit n’importe quoi, je ne le pense pas, mais il est à l’image de ce qui est ma vie en ce moment.

A mes amis et connaissances, pas forcément followers de ce blog mais dont j’entends bien les questions, j’ai envie de répondre. Suis-je malade? Non. Enfin, je ne crois pas. Déprimé? Euh…non. En pleine crise de delirium ou illuminé? Euh, je ne crois pas non plus. Ai-je des révélations, suis-je un saint? Ah ! ah! Elle est bien bonne! Non plus.

Alors quoi? Ben, je sais pas. Il y a plein de choses qui semblent s’être mises d’accord pour remonter et faire un joli charivari en moi. Y’a du beau, du sensible, de l’excès, de l’illusion… Il surgit des profondeurs qui s’expriment et viennent à la surface un peu confusément. Plein de souvenirs, aussi, qui me reviennent et que peut-être je raconterai un jour ici.

C’est difficile de dire ce qui provoque exactement cela tant ça paraît être un conglomérat de choses qui arrivent en même temps : le travail fait sur moi-même, ma vie spirituelle, les blessures d’enfant enfin revenues à la surface, le ras-le bol d’une situation trop longtemps étouffante, l’amitié simple et douce de celui que j’ai appelé mon ami extraordinaire, le désir de vivre. Oui, de vivre.

Que vais-je faire de tout ça? Je n’en sais strictement rien. Je sais seulement que ça n’est pas n’importe quoi et que ce qui est en train d’advenir doit advenir.

Il me semble que j’ai à clarifier ce qui est de l’ordre de la psychologie des profondeurs, ce qui est de l’ordre de l’émoi amoureux et ce qui est de l’ordre de la rencontre spirituelle. A vrai dire, ça me va bien que ce soit confus car c’est très agréable à vivre, mais je vois bien que cela peut m’amener à des comportements inadaptés, inadéquats. Par exemple, il ne serait pas juste de faire supporter à l’amitié le poids des blessures de l’enfant intérieur, ce qui peut paraître tout à coup complètement disproportionné et obscurcir le discernement.

Justin-Bieber-whatPeut-être trouvez-vous impudique d’étaler cela ici?

En vérité, ça l’est. Mais – car, il y a un mais – à lire les témoignages de nombreuses personnes qui se découvrent homosexuelles, témoignages ô combien salutaires pour d’autres, je sais que le mien, sans être plus important, peut rejoindre l’un ou l’autre de ceux qui lisent ce blog.

Je ne prétends faire la leçon à personne, et surtout pas théoriser quoi que ce soit alors que j’avance en tâtonnant et en balbutiant. Mais, je ne veux plus vivre enfermé. Comme l’exprime la prière Rainbow que je publierai prochainement ici, il me faut sortir de mes “placards à secrets”, de mes enfermements.

Après tout, c’est mon blog n’est-ce pas? Je l’avais entrepris à la suite de celui de Loquito grâce à qui je me laissais enfin toucher dans des vérités que je ne voulais pas voir. Loquito m’a dit un jour que son blog c’était une sorte de thérapie pour lui-même. Probablement ce blog-ci a-t-il les mêmes vertus. Probablement, un jour, quelqu’un devra prendre également le relais.

Ainsi va la vie.

bieber-in-bed

Je n’ai jamais aimé le terme “homosexuel”. Il a servi, pour moi, de repoussoir et a contribué à ce que je ne puisse accepter qui j’étais puisque longtemps il a été le seul mot qui me semblait disponible pour décrire qui j’étais. Mais c’était si réducteur : définir une personne par la sexualité. L’exercice de sa sexualité?

Je ne pouvais pas me reconnaître dans ce mot.

Mon expérience, ce n’est pas d’abord celle d’une attirance ou d’une préférence sexuelle. C’est celle d’une extrême sensibilité à quelque chose de l’ordre de la beauté chez autrui, et le constat que c’est principalement envers des personnes du même sexe que cela fonctionne pour moi.

Cela n’a pas vraiment à voir avec la beauté physique. Je ne dis pas que je suis insensible à la beauté d’un bel homme, mais outre que cela est très subjectif, ce n’est pas ce qui éveille ma sensibilité. Ce serait plutôt de l’ordre de la beauté intérieure, en tout cas de la beauté ressentie à l’intérieur de moi en écho à telle rencontre qui me la fait percevoir en l’autre. beauté intérieure et fragilité aussi. Et me voici en émoi. je sens comme un infini, comme une invitation. Invitation à quoi? Je ne sais pas. A vivre, à grandir, à se parler, à se rencontrer, même si nous n’avons rien à nous dire, rien à vivre vraiment concrètement.

Bref, une sensibilité à des choses cachées, non perceptibles au commun des mortels. Comme je me suis senti seul à ressentir de telles choses et à ne pas savoir comment les exprimer ni à qui. Je voyais bien que j’étais différent. Les quelques amis à qui je tentais de m’en ouvrir me regardaient bizarrement et me blessaient parfois quand ils coupaient court brutalement par des mots tels que “oh, je suis pas pd, moi!”. Suggérant quelque chose qui n’était même pas venu à mon esprit mais qui,soudain,  me remplissait de confusion intérieure.

Pd? Homosexuel? Que de grands mots, reçus confusément comme insultants, comme très connotés de désir sexuel, alors que je n’avais que le mot amitié à la bouche.

Ce pourquoi lorsque j’ai découvert le mot homosensible, je l’ai tout de suite adopté. Oui, je peux admettre que je suis attiré par les hommes, au sens où quelque chose en moi est sensible à la beauté intérieure de tel ou tel, au point de m’en émouvoir et d’imaginer une communion ou je ne sais quoi d’autre qui n’a pas d’intérêt ici. Avec le constat que c’est majoritairement avec des hommes que cela se produit.

J’avais donc à admettre cela, comme une différence sensible que je reconnaissais comme belle mais qu’il m’était impossible d’admettre au grand jour. Ni homosexuel, ni hétérosexuel. Différent : homosensible… et ne sachant pas quoi faire de cela, comment le comprendre, l’interpréter. Peut-être par défaut de maturité de ma part, la littérature que je trouvais sur le sujet ne me satisfaisait pas. On n’y parlait pas vraiment de moi, je ne m’y reconnaissais pas. Et le côté militant, dans un sens ou dans un autre m’agaçait terriblement, que ce soit pour brandir la fierté d’être gay ou que ce soit pour afficher une continence par amour du Seigneur. Ces deux voies étaient et demeurent en grande partie du “chinois” pour moi.

En fait, même si j’étais disposé à reconnaître que mes émois d’amitié, l’éveil de la beauté et de toute sensibilité créatrice étaient provoquées par des hommes à travers le croisement d’un regard, une attitude, un mot, une rencontre fortuite, cela ne se transformait pas forcément en désir sexuel et celui-là n’était en tout cas pas premier. Peut-être cette sensibilité était sexuée au sens où elle était touchée par la beauté intérieure quasi-exclusivement d’hommes, mais je ne pouvais pas faire le lien avec une préférence sexuelle. Sublimation peut-être.

Bref, homosensible oui, homosexuel non.

Et puis, récemment je suis tombé sur le site de la fraternité Aelred et le le blog de jonathan. Vraiment par hasard. Je recherchais une citation de Aelred de Rievaulx et suis tombé sur le site de la fraternité Aelred. J’ai lu rapidement. Intéressant, mais, de prime abord, cela m’a paru être une approche un peu en position haute et suggérant que l’amour d’amitié, chaste et continent, est la voie pour les homosexuels chrétiens. Je suis loin de partager cette opinion pour la raison simple que je ne crois pas que la sexualité n’a pour fin que la procréation. Pour moi, elle est aussi acte de tendresse qui réveille et révèle l’autre à lui-même, et cela même est création, co-création. Certainement, à certains il est donné de vivre une continence joyeuse, mais ce n’est pas la vocation de tous ; et pourquoi donc cela devrait être la vocation de tous les homosexuels?

Bon, passons, ce n’est pas le sujet du jour. C’est juste pour expliquer le contexte. De fil en aiguille, me voilà donc sur le blog de jonathan qui, bien que lié à la fraternité Aelred, présente une approche beaucoup plus humaine et sensible. L’auteur l’assume et l’explique d’ailleurs très bien.

Je commence donc à lire les témoignages proposés. Je n’ai pas eu besoin d’aller très loin. Même si mon histoire est différente, je me reconnais immédiatement dans le récit qui est fait, dès la première page, d’une personne sensible, sujette à des grands émois et cherchant de grandes amitiés. Je suis stupéfait. On parle de moi. Par exemple :

Je n’ai jamais « flashé » sur un garçon en raison de sa beauté corporelle. Je n’avais pas, à propos de celle-ci, ni type ni canon a priori. Je ne me suis donc jamais retourné dans la rue sur un bel homme. En revanche un regard croisé par hasard pouvait me faire chavirer le cœur. Ce n’était pas la beauté d’un corps, ni même la beauté de ses yeux qui me touchait, mais ce que le regard exprimait du plus secret de la personne. C’était soudain comme si je devinais ce qu’elle avait d’unique et cela m’attirait irrésistiblement et soulevait en moi le besoin impérieux de la rejoindre pour la connaître et, si possible, de l’aimer. Qu’y avait-il dans ces regards pour exercer sur moi une attraction si impérieuse ? J’y percevais toujours comme une mystérieuse blessure laissant entrevoir une enfance inachevée, parfois meurtrie. A chaque fois je plongeais corps et biens dans la béance d’un tel regard. Souvent la voix se joignait à lui. C’était toujours la voix de quelqu’un qui parlait doucement, posément, comme un enfant sage qui murmure son secret à un ami. Ces rencontres étaient aussi précieuses que rares et elles me bouleversaient si profondément que je restais à chaque fois interdit et paralysé devant celui qui m’attirait consciemment ou inconsciemment et qui peut-être même m’attendait.”

Puis l’auteur parle d’une amitié très pure en fait, de gestes venus naturellement d’une grande beauté et d’un grand respect. Même si ce n’est pas mon histoire, comment ne pas reconnaître que c’est ce que j’aurais aimé qu’il se fût passé?

Je lis, je lis. Et je prends conscience que ce que je prenais comme une hypersensibilité, largement enfouie et récemment réveillée (quelle coïncidence!), est peut-être justement l’indice d’une homosensibilité. Je ne veux pas théoriser ni généraliser sur le sujet, j’en serais bien incapable et incompétent, mais je prends conscience que ce que je croyais être chez moi une hypersensibilité neutre en soi n’est peut-être pas si neutre que cela.

Au même moment – coïncidence encore ! – me voilà intérieurement bouleversé à la fois par des bouillonnements spirituels et par une amitié douce et belle qui me touche profondément.

Pourquoi je raconte tout cela? Pas du tout pour raconter ma vie, ce qui n’est pas l’objet de ce blog et, concernant ma sexualité, vous pouvez être certains que cela n’arrivera pas. Mais me voilà face à une question redoutable : puis-je continuer à parler de Dieu, à prétendre le reconnaître, si c’est seulement mon extrême sensibilité qui s’exprime? Ce ne serait pas honnête, n’est ce pas?

Je ne dis pas que je ne crois plus en Dieu, je pense même que c’est exactement le contraire qui est et qui arrivera. Mais je prends le temps d’expliquer tout cela pour annoncer seulement que la vie de ce blog risque d’être un peu perturbée dans les temps qui viennent. Je souhaite explorer cette question de la sensibilité et cela va probablement m’occuper quelque temps.

A vrai dire, cela est déjà commencé avec l’article déjà publié sur l’intensité émotionnelle. Cet article décrit, en théorie, un phénomène que je connais bien, mais comme il traite de la douance, il est probable que cela ne décrit pas toute homosensibilité. De même que tous les enfants doués ou précoces ne sont pas forcément homosensibles. Encore que… il serait intéressant d’avoir des statistiques sur ce sujet.

Mes questions sont simples : d’où vient cette extrême sensibilité? Est-elle forcément ou majoritairement homosexuelle ? Et Dieu là dedans, réelle sensation spirituelle ou expression de l’hypersensibilité? Révélation ou sublimation?

Sur la deuxième question, j’ai cru comprendre par mes amis à orientation homosexuelle qu’ils se reconnaissaient plutôt comme ayant une sensibilité plus grande ou différente de ce qu’on nous décrit le plus souvent comme étant la norme.

Là encore, je n’en conclus rien. Sinon que mes amis semblent me ressembler, ou plutôt, c’est moi qui leur ressemble, ce que je niais fortement à l’intérieur de moi, auparavant.

Voyez, c’est tout un chemin.

Quiconque a envie de participer à cette réflexion est le bienvenu dans les commentaires. Espace modéré, bien sûr.