Il est mort, il est parti.
Deux ans déjà et je ne l’ai pas vu.
Il est parti sans un bruit
comme il était venu.

Il était arrivé
je ne sais pas comment
dans le cercle de ceux
qui suivent mes publications.

Ile me parlait
par messagerie privée,
il me parlait de son grand amour,
l’amour de sa vie,
qui s’en était allé
quelques années plus tôt,
et dont il était inconsolable.

Souvent il réagissait
à ce que je publiais,
cela le faisait pleurer, disait-il,
cela le touchait.

Même éloigné de moi,
par son histoire, par son âge,
géographiquement aussi,
il était pourtant présent,
amical, disponible, bienveillant.

Maintenant que tu es parti
sans un bruit que j’entende,
je me demande si de me lire
t’a consolé et fait du bien
ou si cela a précipité ton départ.

Plus d’une fois, tu t’es penché sur mon histoire,
sur mes malheurs, mes misères,
ces évènements qui ont fait
que j’ai souffert de ne pas être aimé
et ai eu du mal à m’accepter comme gay.
Et toi, tu pleurais avec moi
les larmes que je n’avais pas su sortir.

Ces pleurs, ce coeur si sensible
tourné vers un autre que toi,
cette manière de t’identifier à mes sentiments
en me laissant libre de mes mouvements,
c’était comme un encouragement,
le témoignage que moi aussi
je peux aimer et être aimé,
comme tu l’as été de Mike,
ton compagnon de vie,
ton amoureux de toujours
dont tu me confiais admiratif
qu’il était infiniment pudique.

Tu es parti, l’ami,
tu es parti sans prévenir,
tu es parti le retrouver, c’est sûr,
et je n’ai même pas eu le temps
de te dire merci, Guy.

Bon voyage, l’ami.
A la revoyure, qui sait ?
Bon voyage, Guy.

Z – 16/06/2025

Mystère de l’existence humaine.
Cette propension à chercher à l’extérieur
ce qui est à l’intérieur.

C’est vrai qu’à l’extérieur
tout me renvoie à la beauté de l’univers.
Sa beauté mais aussi sa transcendance
ou son immanence.
Le souffle, l’élan vital, l’énergie
qui traverse tout cela
et qui fait que tout m’est donné,
tout parle de moi
et entretient la sensation
sinon d’être partie d’un tout
celle de ressentir
qu’une sagesse éternelle
supporte chacun de ces éléments
d’une manière qui me traverse aussi.

Je puis la ressentir aussi
en m’ouvrant à la merveille que je suis
et en contemplant les potentialités
qui ne demandent qu’à se déployer.

Deux dangers.
Celui de l’idolâtrie de soi-même
tel Narcisse se mirant dans le miroir d’une source d’eau claire
et se noyant dans sa propre image.
Celui de l’idolâtrie de la nature
tel Orphée saisissant la sève des arbres, le rythme des saisons,
mais s’échouant sur la mort de l’être aimé.

Tout parle. Tout transpire. Tout vit.
J’ai besoin de ce miroir qu’est la beauté extérieure
pour savoir que je porte la même en moi
et suis invité à la laisser se déployer.

Mais l’extérieur reste extérieur.
Il n’a d’autre utilité que me révéler à moi-même
et me ramener à l’élan de la création
qui ne s’origine pas en moi.

Narcisse. Orphée.
Deux erreurs dramatiques d’interprétation
de l’existence humaine.
Je ne me fonde pas moi-même.
Je ne fonds pas dans la ressemblance.

Mystère de l’existence humaine.
Cette propension à chercher à l’extérieur
ce qui est à l’intérieur.

Z – 11/06/2025

source photo : internet

Avant, ils ont peur.
Après, ils ont toute audace.

Avant, ils se terrent.
Après, ils s’affichent en plein jour.

Avant, ils ont honte peut-être ?
Après, ils sont fiers.

Que s’est-il passé ?
Ils ne cherchent plus une force
qui viendrait de l’extérieur.
Ils n’attendent plus une confirmation
qu’ils étaient sur le bon chemin
quand ils se mis à suivre
ce Jésus de Nazareth.
Ils n’attendent plus de validation,
ils sont la validation.

Pentecôte.

Esprit qui surgit du fond de l’être.
Source, fontaine et fleuve intarissable
sans lequel je ne peux exister.
Il suffisait que le canal soit à nouveau ouvert.
Jésus, chemin, vérité et vie.
Ce canal-là
qui fait que si c’est vrai
en lui et pour lui,
c’est vrai en toi et pour toi aussi.

Mystère de l’existence humaine.
Cette propension à chercher à l’extérieur
ce qui est à l’intérieur.

Z – 8 juin 2025

source photo : Misa Patinszki, modèle à New Madison

Les yeux levés au ciel
Je pourrais m’y perdre
Tu sais
Ca semble tellement beau
Là-bas
Au ciel

Mais quelque chose
Ne sonne pas juste
Jésus
Enlevé au ciel
“Elevé”
Si tu veux

Hopopop ! Il s’envole
Suivons-le des yeux
Admirons
Le voyage interstellaire
D’où il reviendra
Attendons
Pieusement

Je crois pas à ce ciel-là
Je crois pas que ça c’est passé
Comme ça
D’abord parce que ce serait un non-sens
Par rapport à
Tout le reste de l’évangile

Mais on a besoin de merveilleux
D’interpréter tout le temps
Dans le sens
De l’extraordinaire
Comme si cela nous rapprochait
D’un monde
Ailleurs

Un monde qui serait au ciel
Sans soucis, sans souffrance, sans violence
Ailleurs
Quoi
Et on attend on attend on attend
Ça nous délivrerait bien
De la responsabilité
D’agir tout de suite

Mais j’ai découvert que les yeux émerveillés
Sont le plus souvent révélateurs
D’un déjà là
En toi
Que révèle l’extérieur
Juste pour t’inviter à le découvrir et le nourrir
En toi
Le figer à l’extérieur de toi
C’est t’en priver

C’est bête quand même d’être en train d’attendre
Quand il dit que le royaume des cieux
Est déjà là
Parmi nous
Les cieux, c’est bien le mot employé :
Ouranos
En grec

Ouranos le ciel ouranos les cieux
Pas le cosmos pas le ciel tangible
Un autre ciel celui du fondement de l’univers
Celui que tu portes
Déjà
En toi

Le royaume des cieux qui est déjà là
Quand le maître disparaît de nos regards
Séparé de nous
“Enlevé” au ciel
C’est comme ça que c’est marqué
Faudrait pas imaginer non plus
Qu’il attend qu’on lui coure après

Il faut qu’on soit séparés qu’il a dit
Il faut que vous vous retrouviez entre vous
et receviez
un esprit
Le mien qu’il a dit le même que moi
Une flamme qui se “posera” sur vous
Si vous voulez mal traduire le texte
Ou bien
Une flamme
Qui émanera de vous plutôt le moment venu

Pourquoi gardez-vous les yeux levés vers le ciel
Attendant qu’il revienne par le même moyen
Ce ciel si séduisant
N’est-ce pas
Au point d’oublier que vous avez à témoigner
Du royaume
Qui est déjà là ?

A vous fréquenter saurons-nous que vous avez vu le ciel
Saurons-nous que le ciel vous habite déjà
Et que c’est une promesse
Pour tout homme
Toute femme
De la terre ?

Je suis fatigué parfois d’entendre des niaiseries
Sur la réalité historique de l’Ascension
Idolâtrie du merveilleux
Qui dispense
De voir l’essentiel
La vérité c’est qu’il est déjà là
Les cieux sont ouverts
La bonne nouvelle
Est annoncée aux pauvres que nous sommes
Là maintenant

Et toujours cette question :
Saurons-nous le reconnaître ?

Z- 1er juin 2025

Source photo : compte insta de Ryan Keenan

Pour continuer la réflexion en images, voici ce à quoi pourrait ressembler le ciel dans un certain imaginaire (c’est sûr ça fait envie!) et comment nos yeux ébahis – si beaux soient-ils – nous empêchent de développer l’humanité en nous :


(source : planet gay)


(source : Male muse, un projet de mise en valeur masculine avec IA à partir de clichés magnifiques pris par des photographes célèbres)

Mais…si j’imagine l’Ascension, le ciel, le royaume des cieux et le retour de Jésus, imprégné de cet imaginaire, je repose ma question : saurai-je le reconnaître quand il viendra ? Sais-je l’accueillir et lui laisser place quand il est déjà là? Déjà là…

Qu’as-tu à chercher
sans cesse les sources
de ton bonheur
dans le passé ?
Tout est là.
Encore là.
Déjà là.
Ouvre-toi.

C’est que je cherche
les traces
de ce que j’aurais manqué,
s’il n’est pas un virage à reprendre,
un carrefour à négocier,
une route à rechoisir…

Tu cherches des traces,
dis-tu,
alors que je te donne des signes.
Il n’y a rien à rechercher dans le passé.
Je t’ai dit : tout t’est donné,
une fois pour toutes.
Tout est là.
Encore là.
Déjà-là.
Choisis.

Choisir quoi ? Je ne vois rien.
N’ai-je pas passé mon tour
en ne voyant pas les signes passés ?
Me voilà vieux, en tout cas plus avancé,
courant encore après ma jeunesse perdue.

Que me parles-tu
de ta jeunesse perdue
alors que tu es immortel.
Tu es ici pour éprouver l’amour.
Hier, aujourd’hui, demain.
Peu importe, hier,
il t’a enseigné
même si tu ne le mesures pas.

Mais là,
puisque tu es là, mon ami,
appuie-toi sur ce que tu sais vrai
pour maintenant.
Tout est là.
Encore là.
Déjà là.
Ouvre-toi
à l‘instant présent.

Z – 29 mai 2025

Source photo : Julian Calo pour Le modeste, relatée sur tumblr par gamedrot77