Homme,
tu n’es pas fait pour la peur.
tu n’es pas fait pour ressasser sans-cesse les mêmes vieilles histoires
et t’enfermer toi-même dans le poids des ans.

Regarde,
chaque jour, l’aube est nouvelle.
Chaque jour, il arrive quelque chose de nouveau,
et tu peux y voir la grandeur de ton Dieu.

Quoi, tu doutes?
Contemple Jésus alors,
Choisis-le comme compagnon de voyage
et d’humanité.

En lui,
tu vois l’humanité restaurée.
En lui, plus de passé qui plombe mais un avenir radieux,
en lui plus de peur, mais une route de confiance.

Tel que tu es,
tu es aimé, tu es voulu, tu es envoyé.
Cette humanité en toi que tu découvres avec ta touche propre,
cette couleur unique et singulière qui te fait différent,
c’est ce sur quoi tu peux t’appuyer, te fonder.

Homme,
voilà ton vrai pouvoir :
te recevoir comme un Fils de Dieu.
Et l’assumer à la face de la terre.

Voilà ce que m’inspirent les lectures de la liturgie de ce jour.

Z – 27/05/2018

Moïse disait au peuple :
« Interroge donc les temps anciens qui t’ont précédé (…)
est-il arrivé quelque chose d’aussi grand,
a-t-on jamais connu rien de pareil ?
(Dt 4, 32-34.39-40)

“Frères, vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves
et vous ramène à la peur”
(Rm 8, 14-17)

En ce temps-là,
les onze disciples s’en allèrent en Galilée,
(…) mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez !…”
(Mt 28, 16-20)

Source photo: Gabriel Antônio (@sobrenomeantonio) pose en “Airado Pino” sur theoverexposedproject

Luc 7, 44 : Se tournant vers la femme,
Il dit à Simon :
“Tu vois cette femme ?”

Jésus des recoins,

Tu voyais tout :
ceux qui se tiennent au centre
comme ceux qui restent sur le côté.

Emmène-nous dans tous les recoins
de notre vaste monde.

Car chaque fois que tu es entré dans une pièce,
c’était pour découvrir vie et amour
dans toutes les histoires ignorées
par les autres.

Amen

Pádraig Ó Tuama

Prière citée en exergue du livre de James Martin, Bâtir un pont- L’Eglise et la communauté LGBT, Cerf 2018, un livre fort où l’auteur, jésuite, s’interroge et propose des pistes pour bâtir un pont entre les membres de la commununauté LGBT et l’Eglise institutionnelle.

Source photo : The Lonely Boy par Iquano sur Deviant Art

Pentecôte.
Esprit-Saint.
Recevoir. Partir.
Être envoyé.
Eglise.

Ces mots-clés
qui tournent à propos de cette belle fête
de la présence-absence de Jésus-Christ…

Jésus, l’homme historique est venu et parti.
Monté au ciel, bien sûr,
Parti rejoindre son Père.
C’est l’Ascension.
Jésus absent.

Mais, là, n’est pas la question,
tant il est vrai que Jésus n’est ni un magicien, ni un super-héros.
Il n’a pas de super-pouvoirs,
Il n’a rien qu’il n’ait reçu que nous ne puissions recevoir.

Comment l’homme, englué dans sa glaise, peut-il enfin l’entendre?
Pas seulement l’entendre, comme de l’extérieur,
mais le recevoir intimement,
à l’intérieur,
et en vivre ?

Pentecôte.

Jésus absent, l’Esprit présent.
Pas n’importe quel esprit.
Pas un système de valeurs,
Pas un systèmes de croyances,
Pas un systèmes de normes.

L’esprit qui vivifie.
L’esprit qui renouvelle.
L’esprit qui révèle à soi-même
qui l’on est vraiment
et quel est le sens
de notre présence
sur terre.

L’Esprit de Jésus le Christ.

Jésus parti, l’Esprit envoyé.
Et c’est l’Esprit de Jésus.
Le même Esprit que celui qui le fait
marcher, parler, agir, sur les routes des hommes.

L’Esprit de Jésus,
Dieu présent en Lui,
disponibilité totale à l’amour de Dieu,
ce don, cet “ab-an-don” total,
confiant, amoureux, restaurateur
– parce que créateur.

L’humanité réveillée.
En Jésus, l’humanité éveillée,
restaurée, capable de Dieu,
capable d’abandon,
capable de se laisser aimer
et d’en porter les fruits par toute la terre.

C’est probablement une illusion,
une erreur d’interprétation aux conséquences malheureuses,
que d’imaginer et d’attendre l’Esprit Saint
comme une force extérieure à l’homme, au vivant..

Le récit de Pentecôte,
souligne à la fois l’étrangeté et l’immédiateté
de la réception de l’Esprit-Saint.

L’étrangeté nous alerte sur la provenance divine,
soulignée par l’inédit du bruit, du vent
et de la maison pourtant fermée et soudain remplie.
Une survenue extérieure qui est bien intérieure…

L’immédiateté de la réception de l’Esprit Saint,
comme une assise, profonde, individuelle,
restauratrice, conformatrice.
Intime, certaine, intérieure.

L’humanité restaurée,
l’humanité réveillée,
l’humanité éclairée,
l’humanité inondée, ou illuminée, de l’intérieur,

capable de Dieu
capable d’en vivre,
capable de continuer
ma mission christique de Jésus
sur terre et au ciel.

Pas d’autre Esprit-Saint que celui de Jésus.
Mais pas un Jésus regardé de l’extérieur,
comme si j’étais un observateur qui regarde son héros évoluer,
juste l’Esprit de Jésus en soi qui vient
tout à la fois
conforter, nourrir, et développer,
que nous sommes les enfants de Dieu,
ses fils bien aimés,
à l’instar de Jésus.

Pentecôte.
Pas d’autre moyen de vivre de l’Esprit de Jésus,
que de recevoir l’Esprit qui le faisait marcher sur nos routes
et d’y marcher à notre tour,
pas comme des esclaves, pas comme des quémandeurs de sa grêce,
mais comme des témoins de la puissance de Vie,
éprouvée en notre vie intérieure,
et offerte au monde sans discussions, sans retenues, sans explications.

Comme autant de Jésus sur la Terre.

Juste recevoir l’Esprit, le laisser opérer en nous,
Même sans comprendre,
Et être.

Z – 21 mai 2018

Photo : Lucas Araújo par Murillo Luz

En fait,
Plus j’apprends à observer et accueillir
Ce qui se passe au fond de moi,
Plus je sens une vérité poindre
Que j’étais incapable de recevoir auparavant.

Observer, c’est-à-dire tout à la fois
Regarder, Ecouter, Ressentir.

Accueillir, c’est-à-dire ne pas juger,
Accepter ce qui vient tel que cela vient,
Découvrant , et devenant confiant par expérience,
Que ce qui vient n’est que quelque chose qui passe,
Pour aller encore plus loin, plus profond.

Sur ce chemin,
Je ne deviens pas parfait
Puisque je suis confronté à mes contradictions,
Mes incompréhensions, mes confusions
Et dois les accepter.

Mais, sur ce chemin,
Je deviens meilleur,
Car justement j’apprends à m’accepter
Tel que je suis,
Tel que je peux m’aimer,
Tel que Dieu m’aime déjà.

Instants de vérité.

Sue ce chemin,
Il m’a fallu découvrir et accepter
La réalité de mon orientation sexuelle.
L’accepter et l’accueillir.

Je pourrais passer toute ma vie
A chercher pourquoi ceci, pourquoi cela,
Si c’est bien ou si c’est mal,
Ce serait beaucoup de temps perdu
A fuir.
Car c’est fuir que de ne pas accepter la réalité,
Et c’est se priver de ce qu’elle contient d’énergie vitale.

Au fond,
En acceptant mon homosexualité,
Quoi qu’en dise le jugement moral et normatif de l’Eglise,
Je ne fais qu’aller à la découverte de moi-même
Et accueillir l’espace et le temps
Où le Seigneur peut me rencontrer
En vérité.

Loin de me séparer de Dieu,
L’acceptation de qui je suis,
m’en rapproche.

C’est encore pour moi très mystérieux,
Mais accepter et accueillir qui je suis,
Passer le chemin tortueux du déni
Et de ses ornières, rejets et outrages,
M’amène à cet endroit
Où je peux me rencontrer.

Pas me rencontrer, moi,
Avec mes défauts, mes qualités, mes travers,
Que je suis comme ci ou comme ça,
Et, en l’occurrence, homosensible.

Non, me rencontrer Moi.
C’est-à-dire la part de moi
Qui est derrière le fait que je sois homo,
Et ceci, et cela.
Tout cela n’est que surface.

Je suis bien plus que cela.
Tellement plus que cela.
Mais pour y accéder
Il fallait que j’accepte et j’accueille
Qui je suis.

Alors,
qui je suis se révèle
à la fois plus profond et plus étrange
que je ne l’aurais imaginé.

J’ai l’image d’un puits
duquel j’aurais levé la margelle
et dans lequel je pourrais enfin puiser
l’eau fraîche de la vie.

C’est si simple, au fond,
après avoir été longtemps inaccessible :

Accepter et accueillir.

Zabulon – 15 mai 2018

Source photo : Jacob photographié en 2013 par Laura Pannack.

Nul n’a le droit en vérité
de me blâmer, de me juger
et je précise
que c’est bien la nature qui
est seule responsable si
je suis un homo… comme ils disent

 

(“Comme ils disent, Charles Aznavour)

Découvrir la formidable interprétation que Xam Hurricane fait de cette chanson pour l’émission The Voice, 2018 ! Le jeune chanteur (qui confiait récemment être bisexuel lors d’une émission de radio – voir ici) donne de sa personne, se travestit, se déshabille mais surtout donne des accents à cette chanson  qui la font rendre réelle, et même palpable, comme s’il racontait sa propre histoire. IMPRESSIONNANT !

En cliquant sur l’image ci-dessous, vous serez redirigé(e) vers la vidéo sur le site de TF1:

Source photo : Xam Hurricane, interpétant “Comme ils disent” de Charles Aznavour, pour The Voice 2018.