J’t’écris aujourd’hui juste parce que.
Parce que j’ai l’cœur su’l bord des lèvres
Pis qu’j’ai envie d’le cracher sur un papier.
Parce que j’ai l’amour su’l bout d’la langue
Comme un mot qu’j’arrive pas à m’rappeler.
Ça fait trop longtemps que j’garde ç’que j’ressens caché
Dans l’fond d’ma gorge.
Mais maintenant j’ai besoin d’t’en parler
Parce que j’suis tired d’jouer à cache-cache avec mes émotions.
Ç’pour ça que j’t’écris aujourd’hui. Juste parce que.
Parce que j’parle pas encore l’Amour.
Parce que ça fait des mois qu’mon cœur m’appelle
Mais qu’j’ai peur de répondre.
Parce que ça fait des semaines que ma tête essaie d’me parler
Mais que j’la comprends pas.
On communique pas dans la même langue, elle pis moi.
J’parle bien l’français, mais j’parle pas l’Amour.
« Je t’aime », c’est sept lettres que j’prononce mal.
J’préfère que mon crayon te l’dise à ma place.
T’façon, j’écris plus clair que j’parle.
C’est mes paroles qui sortent en pattes-de-mouche
Pas ma calligraphie.
Ç’pour ça que j’t’écris aujourd’hui.
Juste parce que ça m’chatouille en arrière du nombril
Quand t’es là.
Parce que j’pogne des chocs électriques en d’dans
Quand j’entends ton nom.
Parce que l’sang qui m’coulait dans les veines a été remplacé
Par un poison vibrant.
C’est l’effet qu’tu m’fais.
Ç’pour ça que j’t’écris.
Parce que j’parle pas encore l’Amour.
Parce que j’avais pas réalisé tout ça avant aujourd’hui.
P’t’être parce qu’on dit qu’l’amour rend aveugle.
Mais moi j’crois pas à ça.
J’pense juste que c’est dur de l’reconnaître quand y passe.
Une chance que je l’ai vu avant qu’y s’en aille.
Bref, aujourd’hui j’en profite pour t’écrire une lettre
Mais ma main qu’est gauche compose des phrases
Que j’arrive pas à déchiffrer.
Parce que j’parle pas encore l’Amour.
J’aimerais ça qu’tu me l’enseignes,
Ç’t’une langue que j’voudrais parler.
J’te demande pas la mer à boire
J’veux seulement qu’tu m’aimes un peu demain.
Pis après, si t’es capable
Promets-moi chaque jour de m’aimer un peu l’lendemain.
Ça serait bien.
Ç’pour ça que j’t’ai écrit aujourd’hui.
Juste pour ça.
Juste parce que.
Parce que j’parle pas encore l’Amour.

©Ash

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Ce souffle, cette force, ce dynamisme
qui entraîne en avant, nous invitant
à traverser toutes les émotions
en un instant et réveiller le vivant
en nous.

Ash, poète au souffle incomparable.
Ash, l’écorché, le blessé, le vivant,
soigneur des âmes
à son corps défendant.
Z.
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Photo : Adam Jakubowski photographié par Marcin Rychly, Silver District #8

Un jour, c’est une promesse,
nous vivrons en paix,
il n’y aura plus de guerre,
plus de souffrance inutile,
de pleurs, de cris, d’angoisses.

Un jour, c’est la promesse,
le loup et l’agneau,
la panthère et le chevreau,
le lion et le boeuf,
ensemble,
et un petit enfant les conduira.

Un jour, c’est la promesse,
on se respectera,
on s’acceptera,
on s’accueillera,
tels que nous sommes.

Les jeunes, les vieux,
les garçons et les filles,
les hétéros, les homos,
et tous les autres.

Un jour, oui un jour,
chacun pourra être qui il est
chacun pourra s’épanouir tel qu’il est,
et goûter la paix d’être ensemble
sans risquer d’être rejeté.

Un jour, chacun pourra accepter l’autre
sans chercher à s’imposer,
sans répéter la culture conditionnée
à laquelle il s’est identifiée,
sans rejouer à l’infini
ses blessures d’enfant.

Un jour, un jour,
nous serons assez forts et assez simples,
nous serons assez aimants
pour oser vivre en paix.

Ce jour, je le porte, tu le portes,
chacun le porte en secret dans son coeur.
Ce jour, il est déjà là, en chacun,
il nous fonde, il nous rend beaux.

Il suffit d’oser.

La Paix.

Z. 2/7/2022

Matisyahu – One Day


Sometimes I lay under the moon
And thank God I’m breathin’
Then I pray, “Don’t take me soon
‘Cause I am here for a reason.”

Sometimes in my tears I drown
But I never let it get me down
So when negativity surrounds
I know some day it’ll all turn around because

All my life I’ve been waitin’ for
I’ve been prayin’ for
For the people to say
That we don’t wanna fight no more
There’ll be no more war
And our children will play

One day, one day, one day, oh
One day, one day, one day, oh

It’s not about win or lose, ’cause we all lose
When they feed on the souls of the innocent
Blood-drenched pavement
Keep on movin’ though the waters stay ragin’

In this maze
You can lose your way, your way
It might drive you crazy but
Don’t let it faze you, no way, no way!

Sometimes in my tears I drown
But I never let it get me down
So when negativity surrounds
I know some day it’ll all turn around because

All my life I’ve been waitin’ for
I’ve been prayin’ for
For the people to say
That we don’t wanna fight no more
There’ll be no more war
And our children will play

One day, one day, one day, oh
One day, one day, one day, oh

One day this all will change, treat people the same
Stop with the violence, down with the hate
One day we’ll all be free, and proud to be
Under the same sun, singin’ songs of freedom like

Why-ohh! (One day, one day) why-oh, oh, oh!
Why-ohh! (One day, one day) why-oh, oh, oh!

All my life I’ve been waitin’ for
I’ve been prayin’ for
For the people to say
That we don’t wanna fight no more
There’ll be no more war
And our children will play

One day, one day, one day, oh
One day, one day, one day, oh

 

Parfois je m’allonge sous la lune
Et Dieu merci, je respire
Alors je prie, “Ne me prends pas bientôt
Parce que je suis ici pour une raison.”

Parfois dans mes larmes je me noie
Mais je ne l’ai jamais laissé tomber
Alors quand la négativité entoure
Je sais qu’un jour tout basculera parce que

Toute ma vie j’ai attendu
J’ai prié pour
Pour que les gens disent
Que nous ne voulons plus nous battre
Il n’y aura plus de guerre
Et nos enfants joueront

Un jour, un jour, un jour, oh
Un jour, un jour, un jour, oh

S’agit pas de gagner ou de perdre, car nous perdons tous
Quand on se nourrit de l’âme des innocents
Sur la chaussée ensanglantée
Continue à bouger même si les eaux continuent de se déverser

Dans ce labyrinthe
Tu peux perdre ton chemin, ton chemin
Cela pourrait te rendre fou mais
Ne te laisse pas impressionner, pas question, pas question !

Parfois dans mes larmes je me noie
Mais je n’ai jamais laissé tomber
Alors quand la négativité m’entoure
Je sais qu’un jour tout basculera parce que

Toute ma vie j’ai attendu
J’ai prié pour
Pour que les gens disent
Que nous ne voulons plus nous battre
Il n’y aura plus de guerre
Et nos enfants joueront

Un jour, un jour, un jour, oh
Un jour, un jour, un jour, oh

Un jour tout cela va changer, traitez les gens de la même façon
Arrêtez avec la violence, à bas la haine
Un jour nous serons tous libres et fiers de l’être
Sous le même soleil, chantant des chansons de liberté comme

Pourquoi-ohh !

(Un jour, un jour) pourquoi-oh, oh, oh !
Pourquoi-ohh !
(Un jour, un jour) pourquoi-oh, oh, oh !

Toute ma vie j’ai attendu
J’ai prié pour
Pour que les gens disent
Que nous ne voulons plus nous battre
Il n’y aura plus de guerre
Et nos enfants joueront

Un jour, un jour, un jour, oh
Un jour, un jour, un jour, oh

 
 
 

Et cette autre version réalisée par 500 jeunes rassemblées par le Chemin Neuf à l’occasion de Pâques 2022 :

Source Photo : Herbert List (1903-1975) – Garçons en train de luter – Sur la mer baltique (1933)

L’homme nu

Je me suis retrouvé
nu
tel que j’étais
quand je suis né
À travers les ans
j’ai tenté
de me couvrir
de mille vêtements
et je n’y suis pas
parvenu
À quoi sert
un homme
nu ?
À rien.

Alberto Moravia,
L’homme nu et autres poèmes, Flammarion, 2021

Illustration : oeuvre de Kirill Faadeyev

Voilà deux chrétiens qui s’expriment sur un réseau social.

L’un dit :

Pourquoi il y a des gays, des asexuels ou misosexuels ? Pourquoi il y a des stériles? Matthieu 19:12 nous répond : il y a des hommes qui sont nés avec l’incapacité de se marier avec les femmes.

L’autre lui répond :

Mon frère, ne contredisez pas Dieu, dans aucune livre, Dieu ne bénit l’homosexualité. Dieu bénit l’union de l’homme et la femme, et selon Paul dans le livre de Romains 1, on condamne tous ceux qui agissent selon leurs réflexion et négligent celle de Dieu. Car si on n’est pas attiré par les femmes restons chastes, ou prions Dieu pour l’être, car, en Lévitique, les relations entre homme ne sont pas bénis. Juste frère, ne nous trompons pas, lisons attentivement la Bible pour ne pas succomber dans la tentation!

Deux chrétiens, deux compréhensions et deux postures qui en découlent complètement différentes.

L’Esprit souffle bien où il veut… Probablement dans le cœur de ces deux hommes, mais l’un me semble encore habité par ses peurs là où l’autre s’émerveille du don de Dieu. L’Evangile fait dire à Jésus lui-même que, lorsqu’il serait parti, l’Esprit enseignerait des choses nouvelles qui n’ont pas encore été dites.

C’est ainsi que je reçois la parole du premier interlocuteur qui attire notre attention sur Mt19,12

Avec notre fâcheuses habitude de lire la parole de Dieu depuis nos conditionnements, nos filtres préétablis, nous ne nous apercevons même plus que nous nous servons de la Parole de Dieu pour légitimer nos croyances fondées sur des peurs diverses et variées de ne pas être reconnus, de ne pas êtres légitimes, de ne pas être conformes, bref d’être rejetés parce que nous nous serions trompés.

La peur de n’être pas acceptés mobilise en nous des trésors de créativité et d’imagination pour rendre compatibles ce qui, à première vue, ne l’est pas. Donc, puisque la Bible présente des textes apparemment durs sur l’homosexualité, et que la grande tradition magistérielle semble la condamner aussi en en restant à une lecture littérale et basée sur une pré-réception de la Genèse comme imposant que l’homme soit fait pour la femme et vice-versa parce qu’ainsi ils ne feront qu’uns (qu’on me dise d’ailleurs combien de fois on a pu vérifier dans une vie qu’un homme et une femme font réellement uns, à supposer que ce soit même vrai pour tous et pour chacun y compris dans l’éphémère phase jaculatoire), eh bien, puisque tout ça, même si je finis par m’accepter comme gay, il faudrait donc que je me tricote une rationalisation qui me permettrait de m’accepter, et d’être accepté comme gay moyennant l’adhésion à une interprétation compatible avec les textes saints : ah c’est donc que j’aurais vocation à la chasteté, à l’amour fraternel, à l’amitié spirituelle, et même peut-être que je serais signe de cette amitié de Dieu envers tous, indépendamment de tout intérêt (charnel). Summum de la gratuité, en somme.

Sinon qu’on ne voit à aucun moment Dieu dans la Bible, ou Jésus dans les Evangiles, empêcher la puissance de vie d’advenir. Et l’amour, comme sa manifestation sexuelle, est puissance de vie.

Alors attardons-nous un instant sur ce verset de Mt 19,12, qui dans la version liturgique de la Bible nous dit :

Il y a des gens qui ne se marient pas car, de naissance, ils en sont incapables ; il y en a qui ne peuvent pas se marier car ils ont été mutilés par les hommes ; il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne !

A vrai dire, notre premier interlocuteur semble avoir raison. Il n’y pas l’once d’un jugement dans cette phrase. Jésus constate juste qu’il y a des gens qui « de naissance » ne sont pas faits pour se marier (à une femme, dans le contexte de l’époque). Donc, Jésus sait que cela existe.

La mention « de naissance » est intéressante : elle exclut les eunuques et toute catégorie qui serait ensuite obligée de renoncer au mariage du fait d’une castration postérieure à la naissance. Je précise que, pour moi, cela ne concerne pas les personnes transgenres qui, certes, « changent » de sexe en cours de vie, mais qui le font pour se conformer à ce qu’elles sentent être la vérité de leur genre depuis leur naissance quoiqu’il en soit de l’apparence physique.

Oui, cette mention « de naissance » est très intéressante. Il faut du temps pour se découvrir et s’accepter, notamment dans son orientation sexuelle, ou sa non orientations sexuelle, mais les germes en sont probablement déjà là dès la naissance, et même avant. Qui l’on est, sexuellement, est un cadeau qui se découvre sur le tard, progressivement. Un cadeau, dis-je, un don, un déploiement de mon être dont je n’ai pas à rendre compte ; c’est ainsi, on ne choisit pas d’être asexuel, homosexuel ou pansexuel.

Au fond ce verset est clair : il y en a qui se marient avec une femme et qui créent une famille, à laquelle ils doivent être alors fidèles car ils se sont engagés. Et il y en a d’autres qui ne prennent pas cet engagement pour différentes raisons.

Le mot « incapable » est par contre un peu douteux. Il risque d’être connoté négativement alors que ce n’est pas du tout induit par le texte grec. En fait, le mot employé est aussi le mot eunuque qui, avec le temps, s’est chargé d’une connotation négative puisque, dans nos esprits il est souvent associé à ceux à qui « il manquerait » quelque chose, généralisation faite à partir de l’acception la plus connue du mot eunuque, celle qui désigne le statut des personnes qui par choix ou par effet de l’esclavage ont été émasculés, pour devenir des quasi dignitaires au service des puissants et de leurs épouses. La traduction liturgique française a simplifié la traduction pour réserver l’emploi du mot eunuque ceux qui le sont devenus après leur naissance du fait d’une intervention extérieure. Mais si l’on regarde de près le texte grec, cela donnerait :

Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne.

Au temps de Jésus, et en tout cas dans ce passage, le mot eunuque ne désigne pas seulement ceux qui auraient un handicap physique, raison pour laquelle peut-être les traducteurs francophones l’ont banni de la première phrase. Le mot eunuque, eunouchos signifie littéralement « le gardien du lit », étant entendu que, privé de sa puissance sexuelle, il ne met pas en danger le lit conjugal servant à la génération des enfants. Les eunuques étaient employés à d’autres emplois que la garde du harem. On leur confie des postes de responsabilité comme intendant ou gouverneur. Libérés de leur puissance sexuelle, ils sont sensés être de dévoués et fidèles serviteurs. Dans cette péricope, le mot eunuque, ne désigne donc pas forcément quelqu’un qui aurait été émasculé mais toute personne qui est privée ou se prive d’un lit conjugal dont le but serait la reproduction.

Traduire “eunuque dès le ventre de sa mère” par “être incapable de se marier dès la naissance” est du coup un peu réducteur. Possible mais réducteur. Incapable renvoie à une capacité et l’on pourrait s’imaginer qu’il s’agit d’une capacité physique. Or, le mot eunuque (gardien du lit) insiste davantage sur l’absence de descendance possible que sur l’incapacité physique d’en avoir.

Donc on peut ne pas se marier, parce que, de naissance, on n’a pas de capacité ou d’intérêt pour la reproduction, parce qu’on a été privé de cette capacité par la main de l’homme, ou parce qu’on a choisi de ne pas s’engager dans une relation qui inclut la reproduction, et ce qu’elle implique, à cause du Royaume des Cieux.

Ca ne dit pas grand-chose du Jésus historique et je me garderais bien de voir là une ‘preuve’ que Jésus connaissait et acceptait l’homosexualité. Mais le verset permet au moins d’affirmer qu’il acceptait qu’il y ait des personnes qui se privent de lit conjugal hétéro sans que cela lui pose un problème. Quant à ceux qui le feront, dit-il, à cause du Royaume des Cieux, c’est une affaire qui mériterait d’autres explications que je n’ai pas le temps de donner ici.

Il faut maintenant considérer dans quel contexte arrive cette péricope. Les juifs interrogent Jésus sur la validité de la loi de Moïse qui permet de répudier une femme (Mt 19, 3 et Mt 19, 7). Avant le verset de Mt 19, 12, Jésus a deux réponses préliminaires :

1/ Il n’en allait pas ainsi au commencement, car si l’homme et la femme quittent père et mère pour ne faire plus qu’une chair, ils ne font plus qu’un, il ne faut pas les séparer.

2/ C’est à cause de la dureté de leur cœur que Moïse a concédé aux Hébreux qu’on puisse répudier une femme, et, encore, à condition de lui donner une lettre de répudiation.

Ce qui ressort, c’est que quittant ses protections naturelles (le clan du père et de la mère), il y a une nouvelle entité qui se crée dans laquelle l’homme doit protection à sa femme et ne pas revenir sur sa parole. Ils forment désormais un nouveau clan, une nouvelle famille, une nouvelle chair. Répudier, c’est rejeter hors du clan, c’est renvoyer l’autre à un état de fragilité, de vulnérabilité : elle a quitté son père/sa mère et, rejetée, se retrouve seule sans protection. Moïse n’a fait que limiter les dégâts, en quelque sorte, en exigeant que s’il y avait répudiation (ce qui certainement arrivait, de fait ; sinon pourquoi en parlerait-on ?) il devait y avoir une garantie, une sorte de contrat juridique qui garantisse à la fois le laisser-passer et la protection de la répudiée. Bref, un statut : rejetée, isolée, peut-être mais protégée par des garanties, notamment de ressources et de sécurité physique.

Nous appliquons souvent un prisme déformant aux écrits bibliques parce que nous les lisons avec nos conceptions individualistes de l’histoire. Or l’individualisme comme fondement de l’action n’est que d’apparition récente dans l’histoire de l’Occident. Les auteurs bibliques ont une conception communautaire de l’histoire et donc une vision beaucoup plus sociale. Même quand elles sont exprimées apparemment de manière individuelle, les règles ou préconisations visent la cohésion de la société.

En résumé, contrairement à ce que l’on peut imaginer de prime abord, obnubilés que nous sommes, dans l’occident chrétien, par l’impureté sexuelle, nous risquons de passer à côté de la pointe du texte qui n’est pas sur la norme hétérosexuelle mais sur le respect et la protection que l’on se doit les uns envers les autres : le mari envers la femme, y compris celle qu’il répudierait, mais aussi envers ceux qui n’ont pas d’objectif de reproduction dans le lit conjugal quelle qu’en soit la raison : de naissance, par la main de l’homme, ou par choix du royaume des cieux.

A ce qui nous en a été transmis par les évangiles, Jésus lui-même n’était pas marié. Le contexte semble suggérer qu’il était « libre d’un lit conjugal » à cause du royaume des cieux. Mais goûtons que dans le même verset, il cite les autres possibilités, comme une énumération d’égale valeur, sans aucun jugement.

Si, instinctivement, en lisant cela, vous vous dites : « Oui mais quand même, le faire pour le Royaume des cieux, c’est mieux ! », alors relisez encore ce verset. Une fois, deux fois, trois fois, autant de fois qu’il le faut jusqu’à accepter qu’il n’est pas question de « mieux » ou de « moins bien » dans ce verset. Si cette notion vient à votre esprit, c’est qu’un préjugé, un filtre, une croyance, indépendant de l’Evangile, est déjà en vous, et vous le fait voir ainsi. Comprenne qui pourra !

Z – 23 mai 2021

Source photo : Karel Seisse et Braien Vaiksaar dans “Flandres”, un sujet publié par Vogue Homme, hiver 2019