Où est la maison de l’ami ?
(titre persan : Adresse)

C’était l’aube, lorsque le cavalier demanda :
« Où est la maison de l’ami ? »

Le ciel fit une pause.
Le passant confia le rameau de lumière
qu’il tenait aux lèvres
à l’obscurité du sable.
Il montra du doigt un peuplier et dit :

« Un peu avant l’arbre,
il y a une venelle
plus verte que le rêve de Dieu,
où l’amour est aussi bleu
que les plumes de la sincérité.
Tu vas au bout de la ruelle
qui se trouve derrière la maturité,
puis tu tournes vers la fleur de la solitude.
A deux pas de la fleur,
tu t’arrêtes au pied de la fontaine éternelle
des mythes de la terre,
et tu es envahi par une peur transparente.
Tu entends un froissement
dans l’intimité fluide de l’espace :
Tu vois un enfant
perché sur un grand pin
pour attraper un poussin
dans le nid de la lumière,
tu lui demandes :
« Où est la maison de l’ami ?
»

Sohrab Sepehri, poète persan (1928-1980),
Où est la maison de l’ami ? Lettres Persanes, 2005

Source photo : Paysans au Pendjab (www.terraeco.net).

“La rencontre est le but et le sens d’une vie humaine.
Elle permet qu’on ne la traverse pas en somnambule.
Quand mes yeux se fermeront, ils le feront sur une immense bibliothèque constituée par des visages qui m’auront ému, troublé, éclairé.
Un visage est éclairant quand un être est bienveillant et qu’il est tourné vers autre chose que lui-même.
Le soin qu’il prend de l’autre, l’illumine, le rend vivant.
Il capte une lumière et la renvoie. C’est quelque chose de rare.
La richesse de cette vie est faite surtout de visages et de quelques paroles.”

Christian Bobin

Photo : Pietro Baltazar, Ubiratan Santos, Renan Santana, Paulo Cruz et Alan Mendes, photographiés par Philippe Vogelenzang pour “Made in Brazil“.

Via Loquito… (Merci !)

“Regarde,regarde bien ceux qui se lèvent. Tant de personnes aujourd’hui oeuvrent pour l’unité de la grande famille humaine…

…en cherchant à rencontrer des gens blessés par l’abandon, le rejet et l’angoisse ; à libérer notre Terre des abus et de l’avarice. Tant de merveilleuses associations soutiennent des projets dans des pays où la grande misère demeure, et viennent en aide aux réfugiés (…) Oui, un printemps s’annonce, peut-être fragile entre les ténèbres annoncées par les médias. Dieu est là au coeur de notre monde. Il attend que nous ouvrions nos coeurs pour qu’il puisse se révéler à travers chacun de nous, comme acteur de bonté et de paix.”

Jean Vanier, mars 2017.

Source Photo : photo prise à Hung Hoa Lu, Vietnam

christ-nu

 

« Je demande pourquoi Notre Seigneur voulut être tout nu sur la croix. La première raison fut parce que , par sa mort, il voulait remettre l’homme en état d’innocence, et les habits que nous portons sont la marque du péché. Ne savez-vous pas qu’Adam tout aussitôt qu’il eut prévariqué commença à avoir honte de lui-même, et se fit au mieux qu’il put des vêtements de feuilles de figuier? car avant le péché il n’y avait point d’habits et Adam était tout nu. Le Sauveur par sa nudité même montrait qu’il était la pureté même, et de plus, qu’il remettait les hommes en état d’innocence.

Mais la principale raison fut pour nous enseigner comment il faut, si nous voulons lui plaire, nous dépouiller et réduire notre coeur en la même nudité qu’était son sacré corps, le dépouillant de toutes sortes d’affections et prétentions, à fin qu’il n’aime ni désire autre que lui.

Un jour le grand abbé Serapion fut trouvé tout nu dans une rue par quelques uns de ses amis ; ceux-ci, émus de compassion, lui dirent : qui vous a mis dans un tel état et qui vous a ôté vos habits. Oh, dit-il, c’est ce livre qui m’a ainsi dépouillé , parlant du livre des Evangiles qu’il tenait.

Et moi, je vous assure que rien n’est si propre à nous dépouiller, que la considération de l’incomparable dépouillement et nudité du Sauveur crucifié.»

Saint François de Sales,
Sermon pour le Vendredi Saint , 28 mars 1614

Source : francoisdesales.wordpress.com