J’aurais voulu avoir un amoureux. Au primaire, au collège, au lycée. Avoir une belle histoire. Une histoire d’enfant. J’aurais voulu avoir droit à ça. Les mots qui s’échangent sous les tables. Le coeur qui bat plus fort. Les secrets qu’on garde à table, quand on vous pince la joue en vous demandant si on a une amoureuse. J’aurais voulu profiter de ma jeunesse. Ne pas tricher toutes ces années. Ne pas mentir. Ne pas faire semblant. Être qui je suis plus tôt. L’être et l’être heureux. Fier. Et montrer l’étendue des talents que me confère cette identité. Ma sensibilité. Ma joie de vivre. Mon envie folle d’écrire.

J’aurais voulu ne pas me contraindre, ne pas faire semblant pour être “comme les autres”. Ne pas faire souffrir mes parents parce que j’étais malheureux et refusais de dire pourquoi. J’aurais voulu être moi plus tôt. Avoir ce que les autres avaient. Ne pas rire quand j’entendais des blagues méchantes visant celles et ceux qui avaient mille fois mon courage d’être ce qu’ils étaient, sans honte, avec fierté.

Comme ce garçon, à l’école, il s’appelait Nathan. Il était gentil, doux, et pourtant ses gestes, sa voix, son identité, bref ce qu’il était de franc, de vrai, d’authentique, étaient moqués parce qu’on lui collait l’étiquette homo sur le front et qu’il n’a jamais démenti. Parce qu’il a toujours relevé la tête. Il m’a fallu des années pour comprendre combien il était plus libre que beaucoup d’entre nous, libre d’être qui il était et de témoigner par sa seule existence de l’extraordinaire diversité du genre humain.

Vous voyez j’aurais voulu ne jamais me moquer de Nathan avec les autres, devant les autres, pour que les autres ne me soupçonnent jamais d’être qui j’étais. J’aurais voulu ne pas rire de ce garçon, j’aurais voulu ne pas le faire pleurer.

J’aurais voulu être amoureux, enfant. Avoir ce que vous avez tous et toutes eu, enfant.

Qui va me rendre ces années perdues ? Ce qui aurait pu être et n’a jamais eu lieu ? Qui me rendra ce qu’on m’a pris ? Et à ce Nathan ? Qui lui rendra justice ? La vérité c’est que j’ai mal. Que j’ai la haine contre les gens qui nous font ça. Qui nous font faire ça, qui nous rendent comme ça. Ces mêmes gens qui prétendent se battre pour les enfants et qui pourtant mettent dans nos bouches des mots aussi violents.

Mais l’homophobie ce n’est pas seulement quelqu’un qui crie « À mort les PD ! ».

L’homophobie c’est aussi des millions d’existences contraintes, de petits bonheurs universels gâchés, de destinées retardées. Des millions de gens qui ont vécu, vivent, et vivront une autre existence que la leur, une autre vie que la leur, qui marcheront à côté d’eux-mêmes, qui passeront à côté de ce que, au fond, ils étaient destinés à connaître, à aimer, et chérir, et jouir. Ce que nous voulons toutes et tous. Une vie à nous. Une vie qui nous ressemble et nous appartienne.

L’homophobie, la lesbophobie, la transphobie, c’est d’abord des ombres et des millions de vies ratées.

Baptiste Beaulieau

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Extrait d’un article posté sur Facebook par Baptiste Beaulieu. L’article a également été repris sur le blog Alors voilà, et par le média Huffington Post.

Source photo : extrait de “Su historia”, un projet photographique de Nick Fuentes

Une personne qui ne marche plus au son des tambours de la société et qui danse sur la musique qui jaillit d’elle-même : voilà une excellente définition de l’être éveillé.

Anthony De Mello

 

Anthony De Mello est un prêtre indien, jésuite, né à Bombay en 1931 et décédé à New York en 1987. Psychothérapeute et spécialisé dans l’accompagnement des personnes,il a publié de nombreux ouvrages de spiritualité.

 

Source photo : danseur de rue à Cuba, photographié par Omar Z. Robles

« … faire de chaque homme un amant tantrique, c’est-à-dire un homme puissant en relation avec sa (son) partenaire et en relation avec lui-même, afin qu’il puisse goûter aux fruits de l’extase. Mais attention, être un amant tantrique ne signifie pas devenir bête de performance. Cela serait une manière unilatérale de voir les choses et aux antipodes de l’esprit de cet ouvrage. Il s’agit ici de comprendre que l’amant tantrique est un ‘‘amant divin’’, vécu comme une alliance qui existe entre ‘‘amant’’, homme qui se situe en harmonie avec sa virilité, et ‘‘divin’’ qui rime ici avec féminin, puissance de relation et d’accueil, source et origine de vie, et non avec domination, contrôle et performances.

L’amant tantrique, c’est d’abord l’amant, c’est-à-dire l’homme amoureux, en désir et en relation avec sa (son) partenaire. L’amant, c’est l’homme qui aime la femme (l’homme) dans ce qu’elle (il) a de plus précieux, qui est totalement présent à elle (à lui) qui accueille avec amour le don de soi que lui fait cette femme (cet homme), elle (lui) qui lui offre la part la plus secrète et la plus sacrée d’elle-même (de lui-même). L’amant, c’est aussi le plaisir, le plaisir de la fête des sens, de la puissance virile que l’on sent dans son sexe et ses reins, et ce plaisir s’exprime dans cette rencontre avec la femme (l’homme).

Mais dans l’aspect tantrique, il y a autre chose que la rencontre des corps, ou la rencontre inconsciente des cœurs. Il y a aussi ce sentiment initial, souvent inconscient chez l’homme, que le désir qui le pousse vers la femme (l’homme), qui le porte vers cette rencontre, relève de quelque chose qui le dépasse. Il sent profondément au fond de lui-même que la femme (l’homme) comporte la deuxième moitié de l’histoire, la deuxième moitié de l’Un, et que, ensemble, lui et elle (lui) peuvent atteindre l’union, le Un.

Mais comment peut-on devenir ‘‘amant tantrique’’? Il s’agit avant tout d’une attitude intérieure, fondée sur deux principes de bases : puissance et relation, dont la synthèse forme la présence. Ces principes s’incarnent sous la forme de deux processus : d’une part celui de la récupération de sa puissance virile dont il pourrait être coupé, et d’autre part de l’ouverture au féminin, à la relation, à l’écoute, à l’ouverture du cœur, au lâcher-prise, à l’abandon. Il s’agit alors de combiner habilement la puissance virile, la force mâle, qui est celle du courage, de la vitalité, de l’audace, du lion sauvage, avec la relation qui est écoute, ouverture du cœur, sensibilité à l’autre. »

Extrait de “L’AMANT TANTRIQUE” de Jacques Ferber

Texte et photo proposés par Loquito
(Les parenthèses ont été ajoutées par Loquito pour éviter la confusion des genres 😛 )

 

Christ, tu es la joie de la vie !

Tu es la joie
parce que Tu donnes à ma vie sa vraie signification,
sa dignité, sa sécurité.

Tu es ma joie, parce que Toi aussi, Seigneur,
Tu as souffert, Tu as été pauvre,
Tu as travaillé avec fatigue, et Tu as même été mis en croix.

Tu nous comprends, Tu es notre compagnon, Tu es notre consolateur.

Jésus, Tu es l’espérance de qui est malheureux et sans aide !

Jésus, c’est Toi qui nous rends frères,
qui nous donnes le sens de la justice,
Qui nous rends forts à souffrir, forts à vouloir.

Jésus, c’est Toi qui nous apprends à aimer,
C’est Toi qui nous donnes la paix,
la vraie paix,
Avec le pain pour cette vie,
Et avec le pain pour l’éternelle vie, meilleure que celle-ci.

C’est Toi, Jésus, le prophète des béatitudes.

Jésus, tu es la joie de notre vie !

Paul VI

 

(Transcription par Michel Cool d’une homélie prononcée sur le parvis de l’église Sainte-Cécile de Bogota (Colombie) le 24 août 1968 – Postée par Michel Cool sur son compte Facebook.

Photo : “on the road of EmmaUs” par André Durand

« Jésus a-t-il fondé une religion ou les a-t-il toutes abolies en proclamant qu’il faut détruire les temples parce que le vrai temple de Dieu, c’est l’homme ; qu’il faut abandonner les cultes parce que le vrai service de Dieu, c’est le service de l’homme ; qu’il faut transgresser la loi parce que la seule loi est “Aimez-vous les uns les autres” ? »

Louis Evely, in « Le Chemin de Joie », 1968

Image : “The Rising”, oeuvre de Philip Gladstone

Source texte et photo : via Loquito