dans-les-bras

Tu me tenais dans tes bras
Et je goûtais ton amitié.
Oh que c’était bon,
Être présents l’un à l’autre,
Se donner et partager
La chaleur de la vie.

A l’époque, je ne savais même pas que l’homosexualité existait.
Oh bien sûr, cela existait en théorie.
Mais pas pour moi, pas pour nous.
Nous étions « normaux »,
Seulement deux amis,
Avec une tendresse sublimée
Qui nous ravissait.
Mon ami,
Si tu avais posé ta main sur moi,
Ou moi la mienne sur toi,
Nous aurions été troublés.
Tellement troublés,
Honteux, coupables, victimes à la fois
De quelque chose qui nous dépassait
Et qui semblait tellement inavouable,
Insupportable.

Nous étions amis.
La chaleur de nos corps
Quand nous étions épaule contre épaule,
Quand nos corps se frôlaient,
quand nous nous adossions l’un à l’autre
Quand nos mains effleuraient l’autre
Nous suffisait.

Je ne savais pas.
Je ne savais pas que bien des années plus tard
La sensualité s’éveillerait,
Et que je me souviendrais
Ces moments comme autant de moments ratés
De partager l’amour dont nous avions besoin.

Comme si nos cœurs suffisaient…
Nos têtes, nos corps ont besoin de cet amour.

Mon ami mon ami,
Tu es parti, ou je suis parti,
Je ne sais plus très bien.
Cela fait si longtemps.

Je le sais aujourd’hui,
Je t’aimais

 

Zabulon

masturbation

 

J’ai toujours aimé être nu

Et n’ai jamais osé.

 

Pourquoi ?

Parce que ce n’était pas mon éducation,

L’habitude familiale.

 

Pas vraiment de contraintes,

Pas de répréhensions ;

Mais ça ne se faisait pas d’être nu.

Sans mots, sans explications,

J’ai intégré que ça ne se faisait pas.

 

Alors, comment découvrir mon corps ?

L’aimer, l’accepter, l’assumer ?

 

Ca a été bien chaotique.

 

La nudité était bannie de la famille.

Je n’ai pas vu mes parents nus,

Et conséquence, très vite,

J’ai reproduit la même attitude.

Ils ne me voyaient pas nu

Personne ne me voyait nu.

 

Mes amis, ma classe d’âge,

non plus,

n’avaient  pas cette liberté

d’être nus.

 

Mais mon corps …

Lui, aurait voulu que je l’accepte,

Que je le reconnaisse,

Que je le flatte,

Peut-être, même…

 

Comment on fait cela ?

Comment on accepte cela

Quand on a commencé à le faire ?

Comment on s’accepte soi-même

Avec son corps,

Et ce qu’il est ?

 

Ses imperfections, ses courbes,

Sa vérité…

 

Comment on accepte la masturbation

Dans le secret,

Alors qu’on est pris dans ce dilemme terrible

A deux entrées :

Ça ne se fait pas, c’est pas bien,

Et,

C’est tellement bon,

C’est tellement moi…

?

 

Mes parents n’étaient pas très religieux.

En tout cas, ils ne m’ont tenu aucun discours religieux sur ce sujet.

J’ai donc tout inventé, tout sublimé, tout fantasmé, tout seul.

Puisqu’on n’en parlait pas,

Idée que ça ne se fait pas,

Que ce n’est pas bien.

Et puis éveil spirituel inné,

Quelques lectures bêtasses

d’ouvrages religieux ringards

– les seuls autorisés ou accessibles –

Que c’est péché,

Que c’est contre Dieu,

Non, vraiment, ça ne se fait pas….

Des années à se culpabiliser

Pour la masturbation..

 

La faute à personne…

Seulement à ma naïveté.

 

Comme l’Eglise est ringarde parfois.

 

Elle ne le fait même pas exprès.

 

Zabulon

beauté de l'amour

Peu m’importe que tu sois garçon ou fille,

Ce qui compte dans la rencontre,

c’est que nos êtres frémissent ensemble,

Se reconnaissent,

Se  rejoignent.

C’est au-delà du corps, du genre et du sexe.

C’est au delà et cela passe

par par le corps, le genre et le sexe.

Mais c’est plus essentiel et existentiel encore :

Tu es là

Et cela me révèle à moi-même.

Ta beauté

Vient m’éclairer ma beauté,

Et pour peu que tu t’éveilles à ta beauté

En ayant perçu la mienne,

Alors,

Quoi qu’il en soit des apparences,

Nous touchons quelque chose

De plus intense et éternel

Même si c’est subtil, fugace, et incertain.

Une sorte de rocher  dans l’océan,

dont la surface ne se donne à voir qu’au gré du mouvement des vagues,

Quelque chose de sûr mais souvent caché,

Imperceptible

Au-delà de l’apparence.

Quand tu éveilles en moi cette beauté

Parce que je la découvre, émerveillé, en toi,

C’est bien plus grand que nous,

Ca nous dépasse totalement.

Nous sommes reliés l’un à l’autre

Dans une beauté indicible,

Mais elle nous relie encore plus au Tout Autre.

C’est ça l’amour,

C’est ça l’amour.

ZABULON

Deux hommes une femme

 

Deux hommes, une femme.

 

Qu’est-ce qui les sépare?
Qu’est-ce qui les différencie ?

Est-ce le sexe,
le genre,
le vêtement,
la convenance ?

Est-ce la religion ?
La culture,
l’éducation,
l’histoire,
la conception du monde,
de l’homme,
de sa liberté?

 

Deux hommes, une femme.
Rien ne les sépare.

Ils sont là ensemble,
au même moment,
dans le même lieu…

 

Deux hommes, une femmes.
Qu’est-ce qui les rassemble ?

La liberté et le respect.

Liberté des enfants de Dieu.

 

Zabulon

 

 

 

 

[source photo : http://argoul.com – sexe insolite à Paris – jardin des Tuileries]