La foi provoque chez les jeunes des sentiments d’aventure qui invitent à passer par des paysages incroyables, pas du tout faciles, pas du tout tranquilles… Mais vous aimez les aventures et les défis.

Le problème, c’est nous les grands qui, très souvent, avec une tête de je-sais-tout, disons : “Il pense comme ça parce qu’il est jeune, il va bientôt mûrir.”

Il semblerait que mûrir, ce soit accepter l’injustice, croire que nous ne pouvons rien faire, que tout a toujours été comme ça…

Pape François, aux jeunes du Chili, 17 janvier 2018)
(cité par La Croix du 19 janvier 2018)

C’est ça.
Jésus mort à 33 ans. Environ.
(et ressuscité)
Eternellement jeune, quoi !

Alors, écoutons, cet appel, ce chant, sans cesse renouvelé, de la jeunesse.
A chaque génération.
Chant du renouveau, chant de la promesse, chant de l’avenir.

A chaque fois nouveau, et pourtant le même.

Le chant de la folie de l’amour,
le chant de l’idéal du bonheur
le chant de la révolte contre l’injustice
le chant de la danse ininterrompue
le chant de la paix et de la joie réunies
le chant de la folie nouvelle
le chant de l’amour.

Sans cesse renouvelé.

Loin, si loin des conservatismes
du repli sur soi
de la peur du renouveau
qui existent aussi
et qui sont des caricatures
de la jeunesse.

Jésus est éternellement jeune
tourné vers l’avenir,
l’abolition de toute servitude,
tout esclavage,
toute discrimination,
tout jugement fondé sur la différence.

Jésus, est l’avenir en puissance,
en révélation,
en accomplissement de ses potentialités de vie.

Jésus, sauveur de la mort,
révélateur – réveilleur de la vie,
fi des conservatismes,
fi de l’endormissement,
fi de l’horrible conformisme.

Guérison un jour de sabbat
main atrophiée qui reprend sa forme naturelle,
épis froissées et mangés un jour de jeûne,
repas pris avec Zachée le publicain,
grondement contre les marchands du Temple,
folie, folie, folie,
de l’amour de Dieu.
Eternelle jeunesse,
Dieu en nos vies.
Jésus sur nos chemins.
Jésus
Aujourd’hui.

Z- 20 janvier 2018

Qu’est-ce qu’aimer ? Vaste question. Non seulement le mot est galvaudé mais en plus nous sommes souvent dans la plus grande confusion avec une désarmante sincérité. Quand j’aime, est-ce l’autre que j’aime ou moi-même? L’image de moi qui aime, ou le retour bienfaisant que l’autre m’apporte comme un réconfort, une réassurance ? Et comme l’on sait au fond qu’être amoureux est bon pour soi, on peut même confondre la recherche de l’amour, le désir d’être amoureux, avec l’amour lui-même.

Pour aimer véritablement, il faudrait être libre de toute attache. Etre complètement disponible, tant dans la présence que dans l’absence. On pourrait y a ajouter une pointe de discernement ignatien et parler aussi de la sainte indifférence qui fait que je suis tellement dans l’acceptation de ce qui vient que je n’ai aucune préférence. Tout est bon, tout est amour.

Mais peut-être cet amour est-il “trop” parfait ? Bien sûr, il faut y tendre, lui seul nous comblera en toutes circonstances, mais en attendant… J’ai besoin de réassurance, j’ai besoin de tendresse, j’ai besoin d’attention, j’ai besoin d’un amour humain de reconnaissance, probablement issu de ce qui n’a pas encore été comblé dans le processus de passage de l’enfance au mode adulte. Oui, il est possible que l’amour humain vienne conforter l’ego, apporter de l’assurance, de la reconnaissance, de la confiance qu’on aurait du mal à trouver seul. Cela fait partie du processus, me semble-t-il. Ce n’est en rien condamnable, ce besoin de tendresse.

Il faut juste être conscient que ce n’est pas encore l’amour. Le risque est fort que j’attende de l’autre, même inconsciemment, qu’il m’apporte la satisfaction dont j’ai besoin mais qui n’a rien à voir avec lui. Mais alors, je n’aime pas vraiment gratuitement et inconditionnellement. J’aime la satisfaction que cela m’apporte, l’attention, le soin qu’on m’accorde et qui m’a fait défaut. Je m'”“m’attache” – quel curieux double sens possible avec ce mot – à l’autre pour tenter de sécuriser cette satisfaction. Et j’abdique ma liberté. Or, sans liberté totale et sans cesse renouvelée (y compris celle d’être fidèle !), pas d’amour véritable.

C’est curieux mais c’est ainsi : l’amour est libre de toute attache.

Cela étant, l’être est en éternel voyage. Si l’amour est l’absence d’attachement et la disponibilité totale à ce qui est, il s’inscrit dans une évolution. Je ne suis pas le même aujourd’hui qu’hier ni le même que je serai demain. Il en va de même pour celui que je rencontre… Marcher ensemble sur le chemin est donc toujours un risque que cela ne dure pas, mais c’est aussi un choix, un acte volontaire et libre d’avancer, d’écouter, faire attention à l’autre, l’encourager, etc.

L’amour envisagé comme action, c’est l’amour envisagé comme choix volontaire dont découle le sentiment. Et non l’inverse.

Voici ci-dessous un texte que j’ai trouvé sur l’excellent blog de Michael J. Bayly (thewildreed.blogspot.fr) qui vient alimenter cette affirmation. Lui-même, le blogueur, commente une définition de l’amour qui vient des travaux de Erich Fromm et de Scott Peck, avant de donner la parole à Bell Hooks (l’extrait que je reproduis ci-dessous). Bell Hooks commente la conception de l’amour de Peck selon laquelle “l’amour est ce que l’amour fait”. Faire, au sens d’agir, car pour ces auteurs l’amour n’est pas un sentiment mais une action et c’est en confondant les deux qu’on se trompe de perspective et que nous devenons parfois bien malheureux.

Pour Peck, l’amour est la volonté de s’étendre soi-même dans le but de nourrir sa propre croissance spirituelle ou celle d’autrui.

La plupart d’entre nous, nous apprenons très tôt à penser que l’amour est un sentiment. Quand nous nous sentons profondément attirés par quelqu’un, nous nous focalisons sur lui ; c’est-à-dire que nous y investissons des sentiments ou des émotions. Ce processus d’investissement dans lequel un être cher devient important pour nous est appelé « cathexis ». Dans son livre (Le chemin le moins fréquenté , Pecks insiste à juste titre sur le fait que la plupart d’entre nous “nous confondons cet investissement cathéxique et l’amour”. Nous savons tous combien souvent des personnes qui se sentent connectées à quelqu’un par le fait de cet investissement cathéxique assurent qu’elles aiment l’autre personne même si elles la blessent ou la négligent. Puisque leur sentiment est celui de l’investissement, elles affirment que ce qu’elles ressentent est de l’amour.

Comme beaucoup qui ont lu Le chemin le moins fréquenté (The Road Less Traveled) encore et encore, je suis reconnaissant d’avoir reçu une définition de l’amour qui m’a aidé à affronter les endroits de ma vie où l’amour manquait. J’étais dans la mi-vingtaine lorsque j’ai appris à comprendre l’amour « comme la volonté de s’étendre soi-même dans le but de nourrir sa propre croissance spirituelle ou celle d’autrui». Il m’a fallu des années pour abandonner les schémas de comportement appris qui niaient ma capacité à donner et recevoir de l’amour. . . . Il m’a fallu beaucoup de temps pour reconnaître que pendant que je voulais connaître l’amour, j’avais peur d’être vraiment intime. Beaucoup d’entre nous choisissent des relations d’affection et d’attention qui ne deviendront jamais de l’amour parce qu’ils se sentent ainsi plus en sécurité. Les demandes ne sont pas aussi intenses que celles que l’amour l’exige. Le risque n’est pas énorme.

Beaucoup d’entre nous aspirent à l’amour mais n’ont pas le courage de prendre des risques. Même si nous sommes obsédés par l’idée d’amour, la vérité est que la plupart d’entre nous, nous vivons des vies relativement décentes, plutôt satisfaisantes, même si nous sentons souvent que l’amour fait défaut. Dans ces relations, nous partageons une affection et / ou une attention authentiques. Pour la plupart d’entre nous, c’est assez parce que c’est généralement beaucoup plus que ce que nous avons reçu dans nos familles d’origine. Sans aucun doute, beaucoup d’entre nous sont plus à l’aise avec la notion que l’amour peut signifier n’importe quoi pour n’importe qui précisément parce que lorsque nous le définissons avec précision et clarté nous nous confrontons à nos manques – avec une aliénation terrible. La vérité est que trop de gens dans notre culture ne savent pas ce qu’est l’amour. Et cette non-connaissance semble être un terrible secret, un manque que nous devons cacher.

Si l’on m’avait donné une définition claire de l’amour plus tôt dans ma vie, cela ne m’aurait pas pris autant de temps pour devenir une personne plus aimante. Si j’avais partagé avec les autres une compréhension commune de ce que signifie aimer, cela aurait été plus facile de créer de l’amour.

. . . Certaines personnes ont des difficultés avec la définition de l’amour de Peck parce qu’il utilise le mot «spirituel». Il fait référence à cette dimension de notre réalité centrale où l’esprit, le corps et l’esprit sont un. Un individu n’a pas besoin d’être croyant dans une religion pour embrasser l’idée qu’il existe un principe d’animation dans le soi – une force vitale (certains d’entre nous l’appellent l’âme) qui, lorsqu’elle est nourrie, améliore notre capacité à s’auto-actualiser et nous rend capable de nous engager dans la communion avec le monde qui nous entoure.

Toujours commencer par penser l’amour comme une action plutôt que comme un sentiment est un moyen pour quiconque utilise le mot de cette manière d’assumer automatiquement la responsabilité de rendre compte et d’agir. On nous enseigne souvent que nous n’avons aucun contrôle sur nos «sentiments». Pourtant, la plupart d’entre nous, nous sommes d’accord pour dire que nous choisissons nos actions, que l’intention et la volonté façonnent ce que nous faisons. Nous acceptons également que nos actions ont des conséquences. Envisager que les actions modèlent les sentiments est une façon de nous débarrasser des présupposés conventionnels tels que le fait que les parents aiment leurs enfants, ou que l’on «tombe» simplement amoureux sans exercer de volonté ou de choix. . . . Si nous nous rappelions constamment que l’amour est ce que l’amour fait, nous n’utiliserions pas le mot d’une manière qui dévalorise et dégrade sa signification. Lorsque nous aimons, nous exprimons ouvertement et honnêtement l’attention, l’affection, la responsabilité, le respect, l’engagement et la confiance.

Bell Hooks, All About Love: New Visions (2001)
Extrait du chapitre 1 “Clarity: Give Love Words”

Texte cité sur le blog thewildreed.blogspot.fr

Illustrations : oeuvres de Paul Richmond

Amour, sexe et tendresse…

Amour, sexe et tendresse. Je pose ces mots sans savoir encore ce que je vais en dire, mais je sens confusément en moi qu’il faut que j’en parle, que j’ai quelque chose à éclaircir à ce sujet. Amis lecteurs, le croirez-vous que vous allez découvrir ce que j’en dis de la même manière que je vais le découvrir aussi ?

Par quoi commencer ? Par poser les termes peut-être pour y voir plus clair, et par celui qui assurément va faire monter le taux de clics de cette page : le sexe.

Sexe

Nombre de gays ont un rapport au sexe quasi compulsif. L’entrée en relation semble se faire d’abord par le rapport au corps et la possibilité d’une relation sexuelle. Pour certains, cela est ancré de manière si ancienne et habituelle que parler d’amour, même si cela reste l’idéal de tout un chacun, c’est pour ainsi dire parler chinois. La prégnance du besoin sexuel est telle que l’amour, et donc la rencontre réelle des personnes passe à côté.

La fascination pour la beauté du corps masculin n’aide pas. On est fasciné par un corps beau et jeune, un corps qui ne vieillit pas. Or, c’est notre lot commun : nous vieillissons, nos relations vieillissent avec nous. L’attirance sexuelle que je ressens, de manière idéale pour ne pas dire fantasmatique, pour tel corps, se maintiendra-telle à travers les âges ou serais-je sans cesse en recherche de l’autre au corps idéal, tel un rocher qui ramène sans cesse au même point le Sisyphe que je serais devenu ?

Dans le registre « sexe », il y a aussi, cette soif de performance sexuelle et ce désir, rarement assouvi par le corps seul, de plaisir, de goût de vivre, de se ressentir vivant. Mais, si ce n’est qu’avec le sexe, de manière si éphémère, si triste parfois quand la personne avec qui se commet une relation sexuelle ne représente rien à nos yeux… il n’y a pas d’amour, pas de tendresse. Et si, gestes de tendresse, il y a, c’est avec ce sentiment d’usurpation, de fausseté, ou même de dégoût a posteriori, parce qu’ils ne sont pas reliés à l’amour.

Oui, je pense que le sexe seul est triste.

Tendresse

Peut-être est-ce le besoin fondamental de l’humanité. Fondamental au sens de vital, fondamental bien avant l’amour dont il est pourtant une manifestation. Fondamental, parce que même si la tendresse semble sortie des contingences matérielles, elle est à poser à la base de la pyramide de Maslow au même titre que les besoins vitaux : manger, boire, dormir, être en sécurité.

Nous avons tous besoin de tendresse, même les plus carapacés d’entre nous.

Nous en avons eu besoin en notre enfance et nous en avons besoin tout au long de notre vie.

Il est possible que les personnes homosexuelles aient un rapport à la tendresse différent, soit qu’elles en aient eu davantage besoin, soit qu’elle leur ait spécialement manquée, ou pour d’autres raisons encore. Il me semble cependant que tous, quelle que soit notre orientation sexuelle, nous avons besoin et aurons besoin de tendresse toute notre vie même si les modalités peuvent changer.

Pour ce qui me concerne, je sais à quel point ce besoin est présent pour moi. Je ne suis pas totalement dupe que j’ai besoin de la tendresse que je n’ai pas reçue suffisamment quand j’étais enfant avec le risque de connoter toute relation nouvelle de ce besoin de tendresse qui ne lui appartient pas forcément. En clair, j’ai besoin de sentir mon cœur s’épancher envers quelqu’un et sentir un retour à cet épanchement, j’ai besoin que cela se manifeste par des gestes de tendresse, le toucher, les bisous, que sais-je encore ! Autant de marques qui me restaurent dans mon existence, mon plaisir à être là aujourd’hui en relation avec les autres et l’univers, à m’y sentir le bienvenu et à ma place. Mais ce besoin vient de tellement loin, du fond de mon enfance, que le risque est grand de faire jouer à des relations actuelles le rôle de pourvoyeur d’une tendresse autre que celle qu’une relation égalitaire devrait apporter.

A travers la tendresse, c’est la reconnaissance de l’être qui se joue, le droit à exister.

Parce qu’elle peut s’exprimer par l’usage de son corps et donc par des gestes sexuels, il est facile de confondre tendresse et sexualité. Parce qu’elle remue tout l’être dans son entier, il est facile de confondre la tendresse (que ce soit des élans spontanés de tendresse envers quelqu’un, comme la circulation de tendresse entre personnes) comme de l’amour. Le risque de confusion est permanent.

Une des plus grandes confusions pour moi est celle entre l’amitié et l’amour. Ce besoin naturel de reconnaissance et de tendresse qu’apporte et entretient l’amitié peut se fondre dans ce besoin encore plus immense d’exister, d’être touché, caliné, reconnu, et muter en un désir sexuel inapproprié ou se confondre avec l’état amoureux. Les deux semblent si proches…

Amour

Tant de poèmes, tant d’écrits mystiques, tant d’ouvrages sur le sujet. A-t-on jamais fini de comprendre et expliquer l’amour ? Il semble qu’on tourne autour, cherchant des mots pour le dire alors qu’il est au-delà des mots. Il est l’expérience d’une Présence à soi et à l’autre qu’aucun mot ne sait enfermer pour le décrire.

Il me semble qu’une des différences avec la tendresse est que dans cette Présence à Soi et à l’Autre, l’amour nous décentre de nous–même et nous révèle par l’Autre. Bien sûr, quand j’aime, je m’aime moi-même comme aimant – ressentant l’amour donné – et aimé – ressentant l’amour reçu, mais je ne suis pas dans la recherche d’une tendresse qui viendrait confirmer ou nourrir mon être. En tout cas, pas immédiatement. Quand j’aime, je me perds dans l’autre, sa beauté intérieure m’a invité et je me suis allé à plonger dans cet océan infini qui curieusement parle aussi de moi même si je ne m’en aperçois qu’après. L’autre, oui, est cet océan dans lequel je plonge, fasciné, appelé par tant de beauté qu’il s’agirait de ne surtout pas abîmer. Oui je deviens serviteur de cette beauté qui me parle, je deviens « gardien » de mon frère/ ma sœur, au sens biblique.

On peut donc aimer gratuitement. On peut aimer sans retour. On peut aimer solitaire. On peut aimer au fond d’un monastère. On peut aimer l’humanité entière. On peut aimer Dieu, la divinité, le mystère divin. On peut être l’Ami de l’Aimé.

Et puis, il y a ces fois – rarissimes ? – où la beauté infinie de l’autre rencontre notre propre beauté infinie, ces fois où les deux océans semblent se mirer l’un dans l’autre, se reconnaître, s’appeler et s’inviter l’un l’autre.

Deux océans qui se reconnaissent. Ou, également, dans mon expérience, deux paix qui s’éprouvent en même temps comme se donnant, et se nourrissant l’une l’autre, et l’une à l’autre sans qu’aucune n’en soit l’origine. Peut-être cela est-il vrai aussi de la Joie telle qu’elle est décrite dans les effusions post Résurrection des premières communautés chrétiennes, cette Joie indicible, communicative, qui se donne, se transmet et fait naître à la découverte fondamentale qu’on est Aimés une fois pour toutes !

Eh bien voilà, je ne savais pas où j’allais en écrivant cet article. Je ne prétends pas avoir tout dit sur le sujet mais j’ai le sentiment d’avoir éclairci quelques points pour moi en les verbalisant. Pour conclure, il me semble important de relever que, amour, sexe et tendresse, souvent les trois sont liés mais peut-être pas dans le bon ordre et que nos besoins fondamentaux d’être aimés et reconnus dans l’amour nous font parfois confondre l’un avec l’autre. A défaut d’être Aimé, (et de s’aimer soi-même ?) donner ou recevoir un geste de tendresse ou se ressentir vivant dans la sexualité… Mais, il me semble, ce n’est pas le chemin. Pas mon chemin.

Je voudrais… si sexe il y a, qu’il y ait d’abord de la tendresse, et, si tendresse il y a, qu’elle ne s’origine pas seulement dans le besoin de l’enfant qui n’en a pas eu assez mais qu’elle soit celle de l’amour qui s’épanche naturellement de l’un à l’autre, ici, maintenant.

La tendresse s’il y a lieu, de même que l’exercice de la sexualité, ne sont alors que des cadeaux conséquents à l’amour donné et reçu vers et par l’autre. Cadeaux, conséquences, pas immédiatement nécessaires, mais donnés et reçus, avec beauté, avec bonté.

Du coup, pour ma part, j’ai envie de faire du #FAUVE, et de dire :

Tu entends l’univers ? Je sais que l’Amour existe, je sais qu’il est fait pour moi. Alors, oui, on a déconné, on a perdu du temps. Mais là j’ai compris, je viens. Je le sais que j’ai besoin d’amour, et je le sais que cet amour, on peut le partager. Alors, tu entends l’univers, j’arrive, je viens. Je le veux cet amour. Je l’attends cet amour complet et irrésistible qui me précède et qui est plus grand que moi, je veux le rejoindre, le goûter et le partager.

Tu entends l’univers, j’en ai besoin. Alors s’il te plaît, donne-moi de le connaitre, de l’éprouver dès ici-bas, à travers l’amour d’une personne en particulier ou à travers l’amour de l’humanité en entier, c’est toi qui vois.

Z – 26/11/2017

Tu nous entends l’Amour? Tu nous entends?
Si tu nous entends, il faut que tu reviennes parce qu’on est prêts maintenant, ça y est
On a déconné c’est vrai mais depuis on a compris
Et là on a les paumes ouvertes avec notre cœur dedans
Il faut que tu le prennes et que tu l’emmènes

FAUVE # BLIZZARD

Tu nous entends l’Univers? Tu nous entends?
Si tu nous entends, attends-nous! On arrive
On voudrait : tout comprendre, tout savoir, tout voir, tout vivre
On cherche la porte du nouveau monde pour pouvoir s’y fondre en grand
Tu nous entends toi qui attends? Tu nous entends?
Si tu nous entends souviens toi que t’es pas tout seul. Jamais
On est tellement nombreux à être un peu bancals un peu bizarres
Et dans nos têtes il y a un blizzard
Comme les mystiques losers au grand cœur
Il faut qu’on sonne l’alarme, qu’on se retrouve, qu’on se rejoigne
Qu’on s’embrasse, qu’on soit des milliards de mains sur des milliards d’épaules
Qu’on se répète encore une fois que l’ennui est un crime
Que la vie est un casse du siècle, un putain de piment rouge
Nique sa mère le Blizzard
Nique sa mère le Blizzard
Tout ça c’est fini

FAUVE # BLIZZARD

photo : extraite du film La contrée des orages (2015)

Et si je t’aime, resteras-tu ?

Et si je t’aime, me laisseras-tu en aimer un autre que toi
qui a sa place, toute sa place,
qui a la première place,
et qui ne m’empêche pas de t’aimer ?

Le permettras-tu, sans t’en aller ?

Et si je t’aime,
te laisserai-je, moi aussi, être aimé
par cet Autre qui nous dépasse et nous rejoint ?

Une fois l’appel intérieur entendu,
rien ne peut nous empêcher d’avancer vers lui,
même pas notre amour.

Saurais-je te garder avec moi,
quand mon coeur sera en éveil et comme saisi
par cet Autre que toi que pourtant tu permets ?

Je sais bien que notre amour
ne sera jamais que le pâle reflet dans lequel l’Autre Amour, le Tout Amour,
nous saisit et nous éveille à Lui.

Nous pouvons être signes de cet Amour,
nous recevoir de Lui et tout rapporter à Lui,
mais nous ne pouvons empêcher qu’il parle à chacun différemment.
Toi, Moi.

Quel est ce mystère,
d’avoir le cœur apaisé par le havre où il s’amarre
et d’entendre en même temps l’appel à partir plus loin ?

C’est Dieu.

Eternellement ici et là-bas.
Eternel mouvement,
entre voyage et repos,
immanence et transcendance
donner et recevoir,
goûter l’amour et le chercher plus grand encore.

Se donner, se recevoir, et se partager.

Toi vers qui mon cœur penchera
et qui me confiera le tien,
sauras-tu entendre et comprendre
cette invite au voyage
et le laisser se dérouler comme il se doit ?

Nous ne sommes résolument que des compagnons de voyage,
Celui qui nous relie, peut nous séparer aussi.

Il ne le fera pas tant que nos routes convergent,
tant que le chemin de l’un est le chemin de l’autre.

Sans vaine confusion.

Si l’amour nous unit, nous ne sommes pourtant pas uns.
C’est Lui, et lui seul qui unit.

Nous ne sommes que des compagnons de voyage.

Zabulon – 5 novembre 2017

Source photo : istock sur forward.com

“Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne.” (Isaïe 5,1)

Evidemment, recevant la lecture de ce texte, ce dimanche, je m’interrogeais sur la nature de cet ami qui aime une vigne dont il prend soin et qui ne produit pourtant pas de bons fruits.

Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne.

Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile.
Il en retourna la terre, en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité.
Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa aussi un pressoir.
Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais.
(Is 5,1-2)

Dans certaines traductions, on répète deux fois ami ou bien-aimé, mais le texte hébreu apporte pourtant une nuance.

Je veux chanter (ou je chanterai) pour mon ami (yedid) le chant du bien-aimé (dodi) à sa vigne. (Isaïe 5,1)

Les deux mots Yedid et Dodi ont la même racine (Dowd), mais puisque le texte hébreu les distingue, tentons de comprendre cette nuance et de percer la profondeur de cette simple phrase.

Yedid est assez peu employé dans la Bible (8 fois seulement) et, surtout dans les Psaumes, pour désigner l’amour et les bien-aimés : « De tes demeures sont aimables, Seigneur, Dieu de l’univers ! » (Ps 83, 2/84,2)

Dodi est plus courant dans la Bible Hébraïque et est surtout abondamment utilisé dans le Cantique des Cantiques comme par exemple en 2,8 : C’est la voix de mon bien-aimé (Dowd) ! Le voici, il vient, Sautant sur les montagnes, Bondissant sur les collines. Ou en 4,10 : Que de charmes dans ton amour (Dowd), ma soeur, ma fiancée ! Comme ton amour (Dowd) vaut mieux que le vin.Ou encore en 5,2 : C’est la voix de mon bien-aimé (Dowd), qui frappe. Et bien d‘autres.

Il semble y avoir un peu plus de neutralité dans l’amour exprimé par le terme Yedid, moins de passion. Alors que Dodi nous introduit dans la passion amoureuse et le désir de l’autre, au premier chef dans le Cantique des Cantiques mais aussi dans tous ces autres passages où il est employé pour désigner la parenté, les bien aimés de la famille.

Les spécialistes disent que la racine Dwd désigne le fait de bouillir, belle image pour dire l’amour qui relie les uns aux autres et qui explique son emploi dans le Cantique des Cantiques.

Revenons à Isaïe

Je chanterai pour mon ami (yedid) le chant du bien-aimé (dodi) à sa vigne. (Isaïe 5,1)

Qui est cet ami ? Est-ce le bien-aimé lui-même ? Chanterai-je à mon ami l’histoire de son amour ?

Ce serait déjà un beau chant d’action de grâces, puisque je chanterai alors que, dans son amour, il a désiré, il a voulu, produire du bien et a travaillé en ce sens. Hélas en vain. Mais tout l’amour investi dans la relation avec sa vigne (qui désigne ici les habitants de Jérusalem – dixit Isaïe -, donc Israël, et donc les enfants de la Promesse, les bien-aimés du Seigneur), ne s’est pas donné en vain. Dieu a voulu entrer en relation et il en attendait du retour. La suite du texte est explicite sur ce sujet : la vigne, c’est la maison d’Israël qui s’est détourné de l’amour du Seigneur et ne produit plus de fruits.

Dieu, ce bien-aimé magnifique, nous désire et attend de nous une réponse à son offre passionnée et aimante.

Mais encore, qui est cet ami ? Dieu se parle-t-il à lui-même ? « Je chanterai à mon ami, le chant du bien-aimé ».

L’étymologie nous suggère que cet ami est celui qui est aimé, celui qui est déjà dans l’amour, d’une manière certaine et pacifiée.

Alors, on pourrait comprendre qu’Isaïe nous dit : je vais chanter pour les aimés du Seigneur [ceux qui sont déjà dans l’amour du Seigneur] combien son amour le porte à désirer quiconque n’y est pas encore et combien il est prêt à s’investir jusqu’au risque de l’échec dans l’aventure de cet amour qui se donne sans être certain du retour.

C’est une interprétation libre, évidemment. Chacun en pensera ce qu’il veut.

Mais moi je me dis que tantôt je suis cet ami à qui le Seigneur peut parler en toute confiance et sérénité et tantôt ce bien aimé si désirable qui ne sait pas encore qu’il est désiré et qui doit sentir ce souffle bouillonnant qui lui est adressé. Les deux.

Jésus, lui, il est aussi les deux, d’une manière unifiée et qui nous montre l’exemple. Il est la vigne désirée qui répond en donnant du fruit : « moi je suis la vraie vigne et mon père est le vigneron. » (Jn 15,1)

Et il est aussi l’homme d’un grand désir : « Il leur dit : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. » (Luc 22,15-16)

Quand je me sens seul et si peu aimable ou si peu aimé, il me reste toujours le secours d’entrer dans l’amour de plus que grand que moi qui habite en moi et de lui laisser encore davantage de place. Il me désire et je sens son désir bouillonnant me réveiller et m’attirer vers lui. Il m’apaise en m’apportant ce réconfort qui vient de l’intérieur, qui fonde une relation pérenne et permet d’accueillir l’autre en vérité pour ce qu’il est : un bien-aimé du Seigneur, quand bien –même cet autre ne le saurait pas.

Pas sûr que ce que je vous raconte soit intéressant, mais j’avais envie de partager mes élucubrations. Depuis que j’ai entendu cette phrase : « Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. », il me semble entendre le désir de Dieu. Pas mon désir de lui. Son désir à lui de moi. Et ça me ravit.

Notre Dieu, c’est le Dieu du désir.

Source photo : nomadicboys/