“Seigneur, est-ce maintenant le temps
où tu vas rétablir le royaume pour Israël ?”
Act 1,6

L’histoire des représentations et notre imaginaire aiment bien se représenter Jésus, sur une colline, qui s’élève dans les airs.

Le texte des Actes des Apôtres ne dit pas ça.

Il parle d’un repas – un de plus ! – durant lequel s’établit une conversation entre Jésus et les désormais onze apôtres et pas encore à nouveau douze.

Et sans transition, voilà qu’il s’élève dans le ciel et que ses amis continuent de fixer le ciel jusqu’à ce que des envoyés de Dieu lui-même – des anges ! – leur demande d’arrêter de fixer le ciel et de retourner à leurs affaires, non sans avoir préciser que ce Jésus reviendrait de la même manière qu’il est parti. Du ciel, donc.

A propos de ce ciel, je renvoie donc à ce que j’en disais récemment (ici), qui peut être utile à ne pas interpréter n’importe comment. Il y aurait le ciel où est Jésus, d’où il reviendra. Et il y aurait la terre de Galilée (très à propos, le texte rappelle aux amis de Jésus qu’ils sont galiléens, donc pas judéens, pas vraiment attachés au culte du Temple et d’Israël…). En fait, comme Jésus a brisé cette séparation fictive entre ciel et terre, cela interroge à nouveau. De quel ciel parlons-nous, où est-il parti et d’où va-t-il revenir ?

Et c’est là que la question « Est-ce maintenant ? » et du contexte du repas prennent tout leur sens.

Repas… Avec nos deux mille ans d’histoire, on pense tout de suite au repas eucharistique. Forcément. Un repas, en présence du Ressuscité, qu’est-ce que cela pourrait être d’autre ? Cela étant, c’est un repas entre amis, entre vrais amoureux de Jésus. Les onze, encore un peu froussards ne sont pas là juste par convention sociale ou représentation de leur identité culturelle catholique.

« Galiléens », « vous recevrez une force », « pourquoi restez-vous là à regarder le ciel », « ne pas quitter Jérusalem », « y attendre que s’accomplisse la promesse du Père »… Autant d’éléments qui incitent à se rapprocher du concret et à ne pas chercher à s’évader des circonstances historiques et matérielles dans lesquelles nous sommes invités à vivre.

Au passage, le rappel qu’ils sont Galiléens renseigne sur la réponse concernant un royaume qui ne viendrait que pour Israël. Assumez donc d’être galiléens, d’être au carrefour des nations. Assumez votre ici et maintenant, au lieu de vous chercher des missions prestigieuses et rêvées.

Et maintenant alors, qu’est-ce qu’on fait ?

La réponse de Jésus, telle que rapportée dans ce texte est tellement d’actualité ! En gros – interprétation libre, bien sûr : ne vous préoccupez pas des changements socio-politiques, ça n’est pas votre affaire, mais témoignez de ce que vous avez compris de mon évangile. Vous allez recevoir une force pour cela, une force intérieure.

Pourquoi je dis intérieure ? Parce que Jésus passe quarante jours à leur parler en privé du Royaume des cieux, nous dit le texte – et que s’il est cohérent il est encore en train de leur dire qu’il est déjà là. Mais si on regarde bien, la force, ce n’est pas lui qui va leur donner, il s’en va, il reviendra, mais la force viendra du Père ( ?) (c’est pas précisé), en tout cas cette force semble s’appeler l’Esprit Saint. Et pourquoi ce n’est pas Jésus qui envoie sinon parce qu’il ne s’agit pas de l’idolâtrer comme celui sans qui rien n’est possible mais de recevoir REELLEMENT et TOTALEMENT cet esprit pour soi, en soi. C’est le même Esprit que celui de Jésus, mais il est promis à tous. Donc il faut authentiquement le recevoir et l’accueillir en soi, en sa propre humanité.

Bon, ben alors, est-ce maintenant ? Euh, oui, il se pourrait bien que ce soit maintenant que tu reçoives l’esprit qui animait Jésus et que tu sois chargé et envoyé pour continuer de le répandre sur cette pauvre terre! Souviens-toi : le ciel s’est abaissé, Jésus comme Christ en a franchi les limites, et cette force du ciel déjà en action (le Royaume des Cieux est déjà là) n’attend plus que toi. Cette fameuse distinction entre Royaume et Règne… Le Royaume est déjà là, mais est-ce qu’il règne déjà en toi ?

Il se pourrait bien en effet que le ciel soit descendu jusqu’à toi, mais toi es-tu là?

Si oui, qu’attends-tu pour aller ? Si non, qu’attends-tu pour le recevoir ? Tu ne vas pas encore nous faire le coup des scribes et pharisiens qui jugent de l’extérieur, font des commentaires sur tout et n’importe quoi sans savoir de quoi ils parlent, non ?

Est-ce maintenant ? Ca dépend de toi… tu es où, là, maintenant ? Tu fais quoi pour que le Royaume des Cieux soit dans ta vie et que cela irradie au-delà de toi ?

Attention, je ne parle pas de grandes dévotions sur le Christ Roi, le Règne céleste, la suprématie du Christ, etc. telles qu’elles ont été dévoyées dans une fantasmagorie avide de merveilleux et de soumission – tellement pas le message de Jésus tel que nous le transmettent les Evangiles ! Je parle de cette cohérence de vie, de cœur et d’action qui fait qu’en te voyant, en te touchant en te côtoyant, on puisse se dire : le Royaume des Cieux est venu jusqu’à nous, Dieu nous aime et nous ne le savions pas, Dieu accepte notre humanité et ne la juge pas. Dieu nous aime, quoi ! Tels que nous sommes !

Moi, je ne fais pas plus ni mieux que les autres, j’essaie d’être cohérent et par ce modeste blog de témoigner de l’amour de Dieu envers chacun. Et toi que fais-tu ? Parce que, c’est maintenant.

– – – – – – – – –

Photo : Tobias Worth photographié par © Michael Laurien pour Adon Magazine

“Seigneur, est-ce maintenant le temps
où tu vas rétablir le royaume pour Israël ?”
Act 1,6

L’histoire des représentations et notre imaginaire aiment bien se représenter Jésus, sur une colline, qui s’élève dans les airs.

Le texte des Actes des Apôtres ne dit pas ça.

Il parle d’un repas – un de plus ! – durant lequel s’établit une conversation entre Jésus et les désormais onze apôtres et pas encore à nouveau douze.

Et sans transition, voilà qu’il s’élève dans le ciel et que ses amis continuent de fixer le ciel jusqu’à ce que des envoyés de Dieu lui-même – des anges ! – leur demande d’arrêter de fixer le ciel et de retourner à leurs affaires, non sans avoir préciser que ce Jésus reviendrait de la même manière qu’il est parti. Du ciel, donc.

A propos de ce ciel, je renvoie donc à ce que j’en disais récemment (ici), qui peut être utile à ne pas interpréter n’importe comment. Il y aurait le ciel où est Jésus, d’où il reviendra. Et il y aurait la terre de Galilée (très à propos, le texte rappelle aux amis de Jésus qu’ils sont galiléens, donc pas judéens, pas vraiment attachés au culte du Temple et d’Israël…). En fait, comme Jésus a brisé cette séparation fictive entre ciel et terre, cela interroge à nouveau. De quel ciel parlons-nous, où est-il parti et d’où va-t-il revenir ?

Et c’est là que la question « Est-ce maintenant ? » et du contexte du repas prennent tout leur sens.

Repas… Avec nos deux mille ans d’histoire, on pense tout de suite au repas eucharistique. Forcément. Un repas, en présence du Ressuscité, qu’est-ce que cela pourrait être d’autre ? Cela étant, c’est un repas entre amis, entre vrais amoureux de Jésus. Les onze, encore un peu froussards ne sont pas là juste par convention sociale ou représentation de leur identité culturelle catholique.

« Galiléens », « vous recevrez une force », « pourquoi restez-vous là à regarder le ciel », « ne pas quitter Jérusalem », « y attendre que s’accomplisse la promesse du Père »… Autant d’éléments qui incitent à se rapprocher du concret et à ne pas chercher à s’évader des circonstances historiques et matérielles dans lesquelles nous sommes invités à vivre.

Au passage, le rappel qu’ils sont Galiléens renseigne sur la réponse concernant un royaume qui ne viendrait que pour Israël. Assumez donc d’être galiléens, d’être au carrefour des nations. Assumez votre ici et maintenant, au lieu de vous chercher des missions prestigieuses et rêvées.

Et maintenant alors, qu’est-ce qu’on fait ?

La réponse de Jésus, telle que rapportée dans ce texte est tellement d’actualité ! En gros – interprétation libre, bien sûr : ne vous préoccupez pas des changements socio-politiques, ça n’est pas votre affaire, mais témoignez de ce que vous avez compris de mon évangile. Vous allez recevoir une force pour cela, une force intérieure.

Pourquoi je dis intérieure ? Parce que Jésus passe quarante jours à leur parler en privé du Royaume des cieux, nous dit le texte – et que s’il est cohérent il est encore en train de leur dire qu’il est déjà là. Mais si on regarde bien, la force, ce n’est pas lui qui va leur donner, il s’en va, il reviendra, mais la force viendra du Père ( ?) (c’est pas précisé), en tout cas cette force semble s’appeler l’Esprit Saint. Et pourquoi ce n’est pas Jésus qui envoie sinon parce qu’il ne s’agit pas de l’idolâtrer comme celui sans qui rien n’est possible mais de recevoir REELLEMENT et TOTALEMENT cet esprit pour soi, en soi. C’est le même Esprit que celui de Jésus, mais il est promis à tous. Donc il faut authentiquement le recevoir et l’accueillir en soi, en sa propre humanité.

Bon, ben alors, est-ce maintenant ? Euh, oui, il se pourrait bien que ce soit maintenant que tu reçoives l’esprit qui animait Jésus et que tu sois chargé et envoyé pour continuer de le répandre sur cette pauvre terre! Souviens-toi : le ciel s’est abaissé, Jésus comme Christ en a franchi les limites, et cette force du ciel déjà en action (le Royaume des Cieux est déjà là) n’attend plus que toi. Cette fameuse distinction entre Royaume et Règne… Le Royaume est déjà là, mais est-ce qu’il règne déjà en toi ?

Il se pourrait bien en effet que le ciel soit descendu jusqu’à toi, mais toi es-tu là?

Si oui, qu’attends-tu pour aller ? Si non, qu’attends-tu pour le recevoir ? Tu ne vas pas encore nous faire le coup des scribes et pharisiens qui jugent de l’extérieur, font des commentaires sur tout et n’importe quoi sans savoir de quoi ils parlent, non ?

Est-ce maintenant ? Ca dépend de toi… tu es où, là, maintenant ? Tu fais quoi pour que le Royaume des Cieux soit dans ta vie et que cela irradie au-delà de toi ?

Attention, je ne parle pas de grandes dévotions sur le Christ Roi, le Règne céleste, la suprématie du Christ, etc. telles qu’elles ont été dévoyées dans une fantasmagorie avide de merveilleux et de soumission – tellement pas le message de Jésus tel que nous le transmettent les Evangiles ! Je parle de cette cohérence de vie, de cœur et d’action qui fait qu’en te voyant, en te touchant en te côtoyant, on puisse se dire : le Royaume des Cieux est venu jusqu’à nous, Dieu nous aime et nous ne le savions pas, Dieu accepte notre humanité et ne la juge pas. Dieu nous aime, quoi ! Tels que nous sommes !

Moi, je ne fais pas plus ni mieux que les autres, j’essaie d’être cohérent et par ce modeste blog de témoigner de l’amour de Dieu envers chacun. Et toi que fais-tu ? Parce que, c’est maintenant.

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Photo : Tobias Worth photographié par © Michael Laurien pour Adon Magazine

Cette photo partagée sur twitter sans qu’on en connaisse l’origine exacte m’amuse beaucoup.

Au fond si je l’avais eue le 1er mai, c’est celle que j’aurais mise pour appuyer l’extrait de psaume que j’ai cité et signaler la fête du travail. Au lieu de quoi, j’ai publié une belle photo, certes, mais idéaliste, naturaliste, nous ramenant au rêve archaïque d’un retour harmonieux à une ère qui n’existe pas et qui peut-être n’a jamais existé. Un monde sans problèmes, un monde où il suffirait d’aller cueillir ou chasser quand on en a besoin pour que mère nature nous accorde avec abondance ce dont nous avons besoin. Mais alors pourquoi l’homme a-t-il migré de sa zone géographique originelle ? Pourquoi les rivalités, les guerres, les pillages, les exclusions, l’injustice, la misère… qui nous accompagnent jusqu’à aujourd’hui.

Cette photo m’amuse parce qu’elle montre la dichotomie qui traverse nos vies.

Besoin de relations sociales et, en même temps, marre de jouer un rôle social.
Besoin de me protéger en public, de porter un masque,
et besoin d’être moi jusqu’à ma nudité la plus parfaite.
Besoin de “gagner” ma vie, mais besoin aussi de vivre.

Il est trop tôt encore pour dire si ce confinement et les usages de télétravail qu’il a tout a coup permis et amplifiés vont changer durablement le rapport que nous allons avoir au travail.

Mais cette photo, davantage comique que tragique, dévoile ce grand écart entre vie personnelle et vie professionnelle. J’aurais pu écrire “vie privée” et “vie publique” mais en quoi ma vie personnelle devrait être forcément privée et en quoi ma vie professionnelle devrait être forcément publique ? Ce n’est pas si simple, au fond.

Si je veux reprendre ma vie en mains, et comme de nombreuses personnes m’affranchir du salariat, par exemple, et créer mon activité, vivre d’une activité qui me plaise et concourt à mon épanouissement, je suis à la fois dans le privé et le public. Je fais des choix professionnels pour des raisons privées et ma vie privée, qui je suis,vraiment, va se déployer dans ma vie professionnelle.

Qui je suis vraiment. Voilà, encore une fois, la seule question qui vaille. Qui je suis vraiment et comment j’honore l’être que je suis en lui laissant la place.

Bien sûr, je ne suis pas seul au monde. La pudeur et la vie sociale m’imposent de m’adapter aux besoins et nécessités des autres. Et je n’ai pas de réponse toute faite à cela.

Finalement, cette image est quand même d’un humour tragique. Elle vient m’alerter sur ce qui est en dissonance en moi. Après tout, si je vis bien cette dichotomie, comme certains vivent bien le fait d’avoir une double vie amoureuse et sexuelle, tout va bien. Pourquoi en dire plus ? Personnellement, j’aspire à plus de vérité et d’unicité dans mon existence. Alors cette photo m’amuse et m’attriste en même temps. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour vivre en société !

Au moins là, le corps social a son dû, celui de l’apparence. Et l’existence réelle l’a aussi.
Il n’y a pas mensonge, juste jeu de rôle.

Parfois, on est juste lassé de jouer un rôle.

Z. 5 mai 2020

C’était pour un recensement.
Une raison comme une autre de se déplacer.
Pas vraiment le choix.

C’est fou qu’il y ait des gens qui se déplacent pour leur plaisir, non?
La plupart dans le monde se déplacent parce qu’ils y sont contraints.
La famine, la guerre, l’oppression, la torture, l’opprobre, les menaces,
le parquage de populations ici ou là,
bientôt la montée des eaux, la sécheresse, la surpopulation…

Pour lui et ses parents,
c’était juste une formalité administrative,
mais une contrainte quand même.
Il fallait retourner là-bas,
dans la ville des origines,
la ville de Jessé et de David
pour se faire recenser
– la belle affaire !

Et ce déplacement devient naissance.

Pas si facile que ça de naître,
d’accoucher de soi-même quand on est en train de se déplacer.
Les peurs, les fuites, les préoccupations ou dispersions multiples…
Et pourtant, c’est ainsi que cela se passe.
Toujours.

Quand je me déplace,
je re-nais.

Puissè-je re-naître chaque jour
jusqu’à ma mort et au-delà
le visage tourné
vers la lumière.

Z. 21/12/2019

“Où le Christ naît-il
si ce n’est au plus profond
de ton coeur et de ton âme ?

saint Ambroise

Mais qu’en est-il
quand je suis empêché d’avancer,
contraint de rester dans mes turpitudes
ou de les voir se durcir encore plus ?

Honte
à ceux qui empêchent
les hommes et les femmes de ce temps
d’aller et venir pour leur survie.

Avec ce bébé Jésus qui naît,
c’est l’humanité qui est promise à naître.
Par quelle perversité empêchons-nous les gens de vivre ?

Z. 21/12/2019

Source photo : elperiodico.com

Moi, j’aime les gens qui ne savent pas,
les gens pour qui c’est difficile,
ces gens dont on sent, même quand ils affirment quelque chose,
qu’ils n‘y croient pas vraiment mais que c’est pour se protéger.

J’aime ces gens fragiles,
qui ignorent le trésor qui dort en eux
et qui n’ont comme seul but que de survivre
dans la jungle des forts, des puissants,
de ceux qui affichent insolemment leur réussite.

Ces gens qui, sans le savoir,
sont déjà en chemin vers leur vérité,
et laissent déjà percevoir, à leur insu, leur beauté.

Ils ne font pas semblant,
ils n’en ont pas le loisir,
ni le temps, ni l’argent.

Ils sur-vivent.

Ils creusent comme on creuse un puits dans une terre aride
pour trouver le sens qui éclairera leur vie,
car, au fond, ils le savent, ils le sentent,
que derrière toute cette comédie humaine,
il y a un appel à la vie,
une source qui ne s’éteint jamais.

Ces gens me touchent, m’émeuvent.
Je suis honoré d’être en leur présence.
Peut-être est ce que je leur ressemble
et que c’est pour cela
que ça me touche autant.
Peu importe, en fait.

J’aime l’authenticité des gens simples
qui ont compris l’essentiel
sans avoir jamais eu le succès
que la mondanité cherche sans cesse.

Vil apparat qui séduit, qui fascine et qui trompe,
qui déroute du chemin essentiel,
le seul qui compte :

Sois qui tu es,
sois l’enfant de Dieu
tel qu’il t’a créé.
Et peu importe ce qu’en pense autrui.

Tu es tellement beau
quand tu te déploies dans la lumière,
dans l’authenticité
dans la vérité de ce que tu es.

Z – 26 /11/2019

Photo : Kay Wolfson, modèle à Brick Models, photographié par Ben Abarbanel.