baignade dans la rivière

Ils sont cinq ou six jeunes hommes.
Tous beaux.
Ils s’amusent dans l’eau
Et par cette chaleur d’été, on les comprend.

Je les regarde.
Oui ils sont beaux.
Ils s’entendent bien, visiblement.
Probablement tous originaires du même village.
Ils se connaissent depuis l’enfance,
Ils ont appris à vivre ensemble
Ils sont différents mais savent se respecter.

Je les observe du haut de ma cinquantaine,
Et les envie d’une certaine manière.
En tout cas, je me souviens.
Combien j’étais seul, sans amis,
Non pas que je n’en veuille pas,
Mais la vie en avait décidé autrement.
J’aurais aimé avoir leur insouciance,
Connaître cette expérience de vivre au jour le jour,
D’être ensemble tout naturellement, si naturellement,
Et de vivre l’instant présent sans penser, sans soucis.

Ils ne savent pas leur bonheur
De pouvoir partager ainsi leur être avec simplicité
Et qui plus est dans un cadre naturel magnifique.
Ils n’ont pas conscience, peut-être, que cela peut manquer.

Pour ma part, j’y suis soudain attentif
Et me dis que ce qui m’a manqué est peut-être ma plus grande force.
Je ne l’ai pas eu, sinon par miettes éphémères et fugitives,
Alors je sais à quel point cela est précieux.
Il me semble que chaque fois que j’en ai eu l’occasion,
Je l’ai encouragé dans la vie des autres.

Ils sont cinq ou six jeunes hommes
Tous beaux,
Ils s’amusent dans l’eau.

J’aimerais être l’un d’entre eux
A la vérité, je suis à la fois
L’un d’entre eux
Et le lien entre eux
Qui les relie à l’univers.

Je suis le seul à le savoir.

Zabulon

© Olivier Föllmi via AFTER

 

Question du journaliste : Qu’avez-vous appris sur vous et sur l’homme en jouant tant de rôles différents depuis soixante ans ?

J’ai appris que « je » est un autre. A travers ces personnages que l’on emprunte, on se soigne, mais on apprend aussi beaucoup sur ce qu’est le frère. On comprend la phrase, si difficile à mettre en pratique : « Aimez-vous les uns les autres. » J’ai beaucoup réfléchi et j’ai compris que chaque être humain était une espèce de pièce unique, dans laquelle Dieu est présent, même si  on ne fait pas appel à lui. Chaque être est une création de  Dieu. J’ai appris à considérer avec beaucoup d’amour et de soin tous les humains, quels qu’ils soient. J’ai appris à aider et surtout à ne pas juger. Il y a des gens bien partout.

Michael Londsale, extrait d’un  interview publié dans Causeur n° 24 – mai 2015

 

 

Source photo : © Olivier Föllmi, Min Nan Thu, via After et yellowkorner

frere-de-Jesus

 

Régulièrement, revient en débat  la question des frères de Jésus.

Jésus a-t-il eu des frères de sang ?

La réponse de ceux qui veulent tenir l’origine divine du Christ et la virginité de Marie est évidemment que ce n’est pas possible. C’est la position actuelle de l’Eglise Catholique : ” Jésus , eût-il des frères ? Non, bien sûr que non ! C’était des cousins, ou une parenté élargie, comme il est d’usage au Proche-Orient.”  L’Eglise orthodoxe admet, quant à elle que Jésus aurait peut-être eu des demi-frères, issus d’un premier mariage de Joseph,  mais n’explique pas alors pourquoi dans la fratrie , Jésus – qui ne serait pas  alors le premier enfant – serait héritier du trône de David, et accessoirement pourquoi on accomplit pour lui au Temple les rites réservés au premier-né.  Peut-être Joseph veut-il faire plaisir à sa jeune épouse, pourrait-on imaginer, mais au mépris des usages et rites du temps ? Curieux.

Jésus, a-t-il eu des frères de sang ?

Les textes canoniques, comme les apocryphes (qui ne sont pas déniés de toute valeur), comme la documentation historique existant par ailleurs pour cette époque, parlent d’ adolphos,ce qui désigne en grec, sans aucun doute possible, des frères de sang. Les textes du Nouveau Testament savent très bien faire la différence entre  le frère, le cousin, l’ami, l’apôtre, le disciple. Seuls certains, et toujours les mêmes,  sont désignés sous l’appellation “frère de Jésus”.

Jésus a-t-il eu des frères ?

Oui, semble-t-il. Jacques, Jude,  autres frères et deux soeurs,
personnages importants de la communauté naissante  (ou déjà née du vivant de Jésus) à Jérusalem.

Jacques, frère du Seigneur, sera le premier évêque de Jérusalem. A lui se réfèrent les premiers chrétiens. Paul, mais aussi Pierre, respectent son autorité. Les premiers mots de la seule lettre écrite sous son nom sont les suivants : ” De  la part de Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. J’adresse mes salutations à l’ensemble du peuple de Dieu dispersé dans le monde entier.“(dans la version ZeBible, ou dans la nouvelle traduction liturgique : “JACQUES, SERVITEUR DE DIEU et du Seigneur Jésus Christ, aux douze tribus de la Diaspora, salut !“)

Jésus a-t-il eu des frères ?

Il eût des amis aussi.

Des gens privilégiés qui le connurent et partagèrent son intimité.
Parmi ceux-ci, certains paraissent plus proches encore.
Pierre, Jacques (autre Jacques) et Jean,
témoins privilégiés de certaines révélations,
dont la Transfiguration,
ce qui laisse penser que Jésus
a donné des enseignements particuliers
à quelques-uns.

Et puis, il y a aussi Didyme, Thomas, le jumeau.

Thomas, le disciple fidèle mais qui ne comprend rien,
à qui il faut tout expliquer en détail,
celui qui doit voir pour croire,
toucher pour savoir,
goûter pour reconnaître,
et enfin savourer la Présence.

Certains, ceux qu’on affuble aujourd’hui avec dédain
du nom de gnostiques, y ont vu l’image du double, du miroir.

Thomas est l’archétype de l’homme qui est appelé à croire,
de l’homme appelé à s’abandonner à l’Esprit du Seigneur
et à se laisser modeler pour devenir tel le Seigneur lui-même.

Thomas, c’est cet âne bâté d’humain,
si lent à voir, si lent à croire,
invité à devenir tel le Christ lui-même,
à se laisser façonner par l’Esprit de Jésus vivant
au point que s’imprime en lui le visage et le message de Jésus
et que l’on ne puisse plus les distinguer.

Thomas, ce jumeau, ce double, c’est toi, c’est moi,
c’est toute l’humanité.

Frères, amis, jumeau…

Jésus eût-il des frères ?

Toi, ami, il t’invite à devenir son frère.

Zabulon

 

frères-de-Jésus

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Pour en savoir plus sur Jacques le Juste, frère de Jésus, voir l’excellent livre de Simon Claude Mimouni,  Jacques le juste, frère de Jésus de Nazareth, ouvrage très documenté mais qui pourra paraître assez ardu aux non spécialistes. Bien que convaincant, ce n’est pas forcément le dernier mot sur la question. La question des frères de Jésus est également agitée par Françoise Chandernagor qui publie un roman, Vie de Jude, frère de Jésus, appuyé sur une forte documentation historique, sur Jude, autre “frère du Seigneur”, à qui elle fait raconter fictivement les évènements. Pour illustrer que le débat est loin d’être clos, voir la réaction de Renaud Silly, dominicain toulousain, dans un article publié sur le site du Figaro, intitulé “Jésus, avait-il des frères ?” L’auteur réfute que Jésus ait pu avoir des frères de sang au motif principal que l’on ne comprendrait pas alors pourquoi Jésus confie Jean à sa mère, et Marie à Jean, avec ces paroles : “Femme, voici ton fils ” et au disciple (qu’il aimait) : “Voici ta mère“.

En lisant l’ouvrage  de Mimouni, qui ne s’attarde pas à cet argument, il est vrai, on comprend néanmoins qu’il peut être balayé ou à tout le moins discuté aisément, l’Evangile de Jean ayant été écrit plus tardivement que les traditions qui parlent des frères du Seigneur, à un moment où le débat sur l’origine divine du Seigneur était déjà lancé et créait certains clivages dans la communauté des premiers disciples. Car, derrière l’écrit, c’est l’intention qu’il faut chercher : si elle est réelle, pourquoi nier l’existence de la fratrie de Jésus si ce n’est pour valoriser son essence divine, essence qui serait dévalorisée par une famille humaine ( sperme et sang sont considérés alors comme des souillures). Si elle n’est pas réelle, pourquoi donc la soutenir sinon pour insister sur la valeur historique de Jésus , son incarnation  et son rattachement au peuple juif. Les deux intentions sont nobles et pas forcément contradictoires.

Bref, le débat n’est pas clos…

Mimouni-Jacques-le-juste Chandernagor-Vie-de-Jude


couleurs

 

Tu mets des couleurs dans ma vie

 

Quel drôle de garçon tu es.
Tu mets des couleurs dans ma vie.
Tout en douceur.

Tu souris, tu t’étonnes, tu t’émerveilles,
Tu surprends, tu t’inquiètes
Tu questionnes.

Tu donnes et tu reçois si simplement.
Tu mets des couleurs dans ma vie.
Sans rien faire
Sinon d’être toi.

Et c’est rafraîchissant, c’est apaisant.
Avec quel naturel tu le fais
Et tu me réveilles, tu m’éveilles à moi-même.

Je te regarde vivre,
Je m’émerveille de ta beauté.
De plus en plus, je la discerne et sais mettre un nom sur elle
Elle est simplicité , elle est vérité,
Elle est générosité.

couleurs-sweet-bleu

Tu te donnes, mon ami,
Comme jamais on ne s’est donné à moi.
Tu te donnes, sans complexe et sans pudeur,
Tu donnes ton cœur, tes doutes, tes questions,
Et tu es tellement beau.

Tu mets des couleurs dans ma vie,
Ce n’est pas seulement le sweet bleu vif
que tu portes à même la peau,
Ni même ton boxer rouge si sexy.
Non, c’est tout toi.

Si longtemps que je t’attendais sans le savoir.
Tu es un cadeau de l’univers
Dans ma vie.

 

Zabulon

 
Couleurs-Franckie-Cammarata

[sources photos : MaximVanderstappen, en sweet bleu,
et Francky Cammarata en boxer rouge, modèle pour Simons :  ici;
le body painting, ]

joseph-charpentier[source photo : ici]

 

Je rêve du jour où le travail sera vraiment libération,
où l’on pourra agir selon son coeur
–  créer, faire,  servir, enseigner, etc. –
et en vivre sereinement,
sans crainte matérielle.

La société actuelle a tout misé sur le pouvoir marchand,
et son succédané le pouvoir financier.
Cela contribue à nous détourner de ce que nous sommes
jusqu’à nous faire oublier d’être parfois.

 

Or, il n’y a qu’un pouvoir qui compte,
celui d’être.

 

Viens Seigneur,
apprends-moi à me recevoir de toi,
à  m’accepter tel que tu me veux,
à être vivant selon ton coeur et ton bon vouloir,
en tout instant, en toutes choses,
si petits soient-ils.

 

Il n y a pas de petit travail,
parce qu’il n’y a pas de petite façon d’être.

 

Zabulon

Joseph le Charpentier

Le 1er mai, fête du travail en de nombreux pays, est aussi la fête des travailleurs, et parmi eux
de Joseph, le charpentier. Voici un texte publié par l’excellent site www.cristianosgays.com (en espagnol).

Vivías del trabajo cotidiano,
fuiste un trabajador, un simple obrero;
¿tu fidelidad?: -“es José el carpintero”-,
un humilde currante, un artesano.

Trabajo en el que fuiste nuestro hermano;
un trabajo de honrado jornalero
que en todo cuanto hace pone esmero,
porque sabe que Dios usa su mano.

Patrono del trabajo y su salmista,
-manos callosas y dedo vendado-
enseña al hombre de hoy, tan derrotista,
a vivir su trabajo ilusionado,
más alegre, cristiano y optimista,
más solidario y más humanizado.

*

Tu as vécu dans le travail quotidien,
tu étais un travailleur, un simple ouvrier ;
Ta fidélité ? – ” C’est Joseph le charpentier ” -,
un travailleur acharné humble, un artisan.

Travail dans lequel tu fus notre frère ;
un travail d’honnête journalier
qui s’applique dans tout ce qu’il fait,
parce qu’il sait que Dieu utilise sa main .

Patron du travail et son psalmiste ,
-mains calleuses et pansement au doigt –
enseigne à l’homme aujourd’hui, si défaitiste ,
à vivre son travail de manière enthousiaste ,
plus heureux, chrétien et optimiste,
plus solidaire et plus humain .

José Luis Martínez SM