Fratoun, Les Guetteurs, à la boule noire, Paris 2014

“Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur

Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur.”

 

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Moi je me bats pour devenir guetteur…”  Les paroles sont étranges, et la voix plus encore. Mais si vous écoutez bien, ressentirez-vous la sincérité de celui qui chante ces paroles comme il me semble les recevoir  ?

A un journaliste qui demande en quoi ça consiste d’être guetteur (ici), le chanteur, Fratoun, répond presque naïvement mais si bellement : “Parce que être chrétien, c’est être un guetteur, c’est-à-dire attendre le retour de Jésus-Christ annoncé dans la Bible.”  Ailleurs , il explique que c’est un choix de jeunesse (qu’il ne renie pas !), fait avec son frère lorsqu’il a fallu donné un nom à leur premier groupe,  à partir  de ce qui deviendra le chant-phare. Moi, je veux devenir, guetteur

Quant aux paroles , elle peuvent paraître naïves, surannées. C’est qu’elles sont extraites de la Bible, dans une traduction qui n’est pas vraiment liturgique. Ca fait même penser à certaines traductions fantaisistes qu’on voit dans les églises évangéliques. Mais, Fratoun se réclame de l’Eglise Catholique.  Certes, il a fréquenté la très charismatique paroisse Sainte Cécile de Boulogne-Billancourt, avec son curé-gourou controversé, tellement sûr de parler en direct avec le Saint Esprit, mais bon… peut-être cela l’a-t-il influencé, toujours est-il qu’il s’en est affranchi.  Non, il faut le reconnaître, il puise à sa propre source, celle de sa foi, celle de sa prière. Il joue avec les mots, en détourne le sens, les emploie à frais nouveaux. Dans Soundsystem (2012), jouant sur les mots de manière complètement décomplexée, il se dit  par exemple illuminati, illuminé par l’Esprit Saint. D’ailleurs, à la journaliste de KTO qui le présente comme leader d’un groupe de reggae catholique, il la reprend gentiment : reggae chrétien, et même reggae tout court.

Car si Dieu parle à Fratoun, c’est par la musique et spécialement le reggae, pour lequel il est terriblement doué.  La musique, la beauté, Dieu. Voilà tout.

Du reggae, on retrouve d’ailleurs les accents politiques et contestataires que Fratoun assume tranquillement. Dans beaucoup de ses chansons, l’auteur-interprète revendique sans complexe une critique de la société avec des accents révolutionnaires : Soudsystem, à nouveau, mais aussi Zion by bus, morceau étonnant, où il faut rejoindre Sion – Comprendre Jérusalem – par la route. Par la route? Donc Zion by bus.

Il a un charme, ce Fratoun, vraiment. Vraiment ! Même si la théologie est légère, il y a ces accents de vérité quand il chante ” Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur

Et puis, il y a ce morceau d’anthologie que je vous laisse chercher et découvrir sur internet ( bon,je vous aide , c’est ici, à la minute 37,25, quand il interprète Redemption Dub devant Chico, fondateur des Gipsy King). Tellement de beauté, d’abandon, de générosité dans son interprétation de cette chanson ! C’est qu’il est vrai, Fratoun, c’est qu’il prie quand il chante. Pudiquement la journaliste relève qu’il était presque en transe, et lui il répond gentiment qu’il préfère fermer les yeux pour mieux intérioriser ce qu’il chante.

Dialogue de dupes ? Non. Il est vrai, Fratoun, il n’a pas une théologie exacte, mais il vibre à l’unisson de la vérité ressentie. Et c’est cela qui est le plus beau. Même pas les mots qu’il chante (bien que très très intéressants, notamment pour leur dimension politique, illustration de l’implication concrète de la foi dans la société), mais la manière dont il les chante… Euh, non, même pas ça. Plutôt, la manière dont il est connecté. Ce jeune homme prie. Ce jeune a été touché par la grâce et, même maladroitement il rend ce qu’il a reçu. Tellement simplement et tellement bellement. Avec Fratoun, il y a une vérité au delà des mots. Peu importe qu’on soit d’accord avec les mots, il y a ce lien à Dieu.

Quand je l’écoute,  ou quand je le vois chanter avec cette profondeur dans l’émission sur KTO, je vibre à l’unisson. Je l’avoue, je tombe amoureux. Je ne suis pas sûr que ce soit de lui, je tombe amoureux de celui dont il est l’amoureux et au service de qui il s’est mis. Bah, j’imagine bien que chacun ne le ressentira pas de la même manière. Les goûts et les couleurs , n’est-ce pas ? Mais, ces accents de vérité, saurez-vous les reconnaître ?

Fratoun, merci. Tu es guetteur d’un libérateur, il est ton Sauveur, ton Rédempteur. Tu es guetteur, oui, guetteur d’un libérateur !

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Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur
Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur

N’ayez pas peur, a dit le Seigneur,
évangélisez, faites connaître ma bonté.
Il va revenir, je veux le bénir
chaque jour de ma vie faire connaître son esprit.
Quitte la violence va vers la prudence,
il y a une grande abondance dans la maison du juste.

Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur
Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur

Illuminé, j’attends la bonté, illuminé, j’attends l’éternité.
J’attends Jésus Christ, j’attends le Saint Esprit,
viens Ô mon Dieu, viens prendre toute ma vie.
Cette vie je te la donne car je veux qu’tu la façonnes,
bien qu’on ait croqué la pomme, il nous fait don de sa personne,

Je veux te chanter te louer et veiller sans m’arrêter,
guetter sans jamais douter l’heure de ton arrivée (bis)

Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur
Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur

Je veux faire partie de cette maison du cœur,
celle qui nous rassemble nous fait devenir des guetteurs.
Certains confondent foi et religion,
pourquoi ne pas se retrouver dans les racines de l’ascension ?
L’unité dans la lumière,
preuve d’un combat fondé sur le roc et la pierre.
Mais aujourd’hui la maison s’est fissurée,
beaucoup de combattants se sont enfuis exilés.
Si nous sommes frères pourquoi ne pas s’aimer
et si l’ont s’aime pourquoi ne pas être dans l’unité ?
Certains vont avancer, d’autres vont reculer,
mais nous allons enfin combattre du même coté.
Une armée dispersée ne fait jamais beaucoup d’éclat ;
comment le général peut-il guider ses soldats ?
Il faut franchir le pas, la société n’attend pas,
un petit pas d’homme mais un grand pas pour la foi (bis)

Alors bats toi pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur
Alors bats toi pour devenir guetteur, attendre ton sauveur, ton rédempteur.

Paroles & Musique : François-Joseph Ambroselli.
Arrangements : Les Guetteurs
(c) 2014 Rejoyce Musique.

Perception

 

 

 

” Il est bon de distinguer trois niveaux de perception du monde qui nous entoure. Il y a celui du réel (celui de Dieu), que nous ne verrons jamais. Puis à partir des manifestations partielles de ce réel, chacun d’entre nous organise sa propre vision de ce que nous croyons être la réalité. Enfin, nous élaborons un discours pour partager avec d’autres sur ce que nous vivons. Un décalage existe entre ces trois niveaux, Dieu, la réalité construite et les propos tenus. Sauf pour Jésus qui se situe à la fois en Dieu, dans son époque et  à travers les propos tenus avec les uns et les autres. En nous concentrant sur son message, nous risquons de ne rester que sur le plan le plus superficiel, alors qu’il est venu pour nous laisser entrevoir que Dieu est bien plus grand, et désire partager avec nous une relation d’être à être.”

 

Jacques POUJOL
interviewé pour le journal La Vie

 

 

sage-nudien

La vie va te casser. Personne ne peut t’en protéger, et vivre seul n’aidera pas, car la solitude aussi te brisera avec sa nostalgie. Il te faut Aimer. Il te faut ressentir. C’est pour cela que tu es sur terre. Tu es ici pour risquer ton coeur. Tu es ici pour être englouti. Et quand il t’arrivera d’être cassé, ou trahi, ou quitté, ou blessé ou effleuré par la mort, assieds toi sous un pommier et écoute les pommes tomber et s’entasser autour de toi, gaspillant leur douceur.

Dis toi que tu en as goûté autant que tu le pouvais.

 

Louise Erdrich, romancière américaine

 

 

ecoute-les-pommes-tomber

Source photos : Sage-nudien par Julien Wolga et le jardin d’Olivier

 

couleurs

 

Tu mets des couleurs dans ma vie

 

Quel drôle de garçon tu es.
Tu mets des couleurs dans ma vie.
Tout en douceur.

Tu souris, tu t’étonnes, tu t’émerveilles,
Tu surprends, tu t’inquiètes
Tu questionnes.

Tu donnes et tu reçois si simplement.
Tu mets des couleurs dans ma vie.
Sans rien faire
Sinon d’être toi.

Et c’est rafraîchissant, c’est apaisant.
Avec quel naturel tu le fais
Et tu me réveilles, tu m’éveilles à moi-même.

Je te regarde vivre,
Je m’émerveille de ta beauté.
De plus en plus, je la discerne et sais mettre un nom sur elle
Elle est simplicité , elle est vérité,
Elle est générosité.

couleurs-sweet-bleu

Tu te donnes, mon ami,
Comme jamais on ne s’est donné à moi.
Tu te donnes, sans complexe et sans pudeur,
Tu donnes ton cœur, tes doutes, tes questions,
Et tu es tellement beau.

Tu mets des couleurs dans ma vie,
Ce n’est pas seulement le sweet bleu vif
que tu portes à même la peau,
Ni même ton boxer rouge si sexy.
Non, c’est tout toi.

Si longtemps que je t’attendais sans le savoir.
Tu es un cadeau de l’univers
Dans ma vie.

 

Zabulon

 
Couleurs-Franckie-Cammarata

[sources photos : MaximVanderstappen, en sweet bleu,
et Francky Cammarata en boxer rouge, modèle pour Simons :  ici;
le body painting, ]

Appel

J’ai reçu un appel à l’âge de 5 ans. Bien loin d’un saisissement foudroyant, ce fut très délicat, d’une grande simplicité : un beau jour, je me suis senti en vie, là. À cette présence au monde s’entremêlait la conscience de ma finitude : mon existence pouvait s’arrêter d’un instant à l’autre. Sans faire de la métaphysique, je réalisai que le fait même de vivre relevait du miracle, d’une loterie inouïe, organisée par un forain dont je m’imaginais un visage, une voix, un regard. À partir de là s’est posée la question du « Pourquoi ? Pour quoi ? »

J’ai reçu un appel à l’âge de 5 ans ; j’ai toujours 5 ans aujourd’hui. L’appel ne vieillit pas. Je tente ma chance, tout en prenant mon temps. Je ne sais pas quel est ce lien avec celui qu’on appelle Dieu. Est-ce mon rôle de le dire ? Est-ce que les mots suffisent ? Ne serait-ce pas simplement le silence sans le vide ? Ne serait-ce pas une succession répétitive d’actes et de dons de soi, sans rien attendre en retour ? Ne serait-ce pas simplement ce désir de faire le bien sans se demander pourquoi ?

 

Marc Lavoine, chanteur & comédien, dans  Les Essentiels de La Vie du 22avril 2015