regarde

Saison morte par Germain

Le temps nous a volé
Ce qu’on aurait pu devenir
(…)
Et moi j’attends assis dans l’ombre
Caché derrière la haine
De ne pas pouvoir crier au monde
Que mon cœur s’appelle je t’aime.

Regarde il pleut
Sur les blessures du cœur
Paris aime les amoureux
Toi tu n’aimes pas son odeur

Regarde ton rire
s’accroche aux saisons mortes
Il ferait fuir
Le diable qui l’emporte
Il ferait fuir
Le diable qui l’emporte

Regarde ton sourire
Peindre des mots tendres
Sur la toile du désir
Ton cœur n’est plus à vendre
Regarde, il pleut,
A croire que le soleil
Dans l’éclat de tes yeux
T’a vendu toutes ses merveilles

J’écoute le vent
Me chanter à l’oreille
Que la douceur du printemps
Te rendra encore plus belle
On s‘est croisé
Sans jamais se retenir
Le temps nous a volé
Ce qu’on aurait pu devenir

Et moi, j’attends dans un silence
Que tu donnes la peine
De m’accorder de l’importance
Que je vive dans ton sommeil
Et moi j’attends assis dans l’ombre
Caché derrière la haine
De ne pas pouvoir crier au monde
Que mon cœur s’appelle je t’aime.

Source photo : FourTwoNine

savoir-lire-la-Bible

 

Juste un petit mot pour rassurer…

Le relatif silence sur ce blog n’est pas signe que je n’ai plus rien  à exprimer, c’est plutôt l’inverse !  Il y a tellement de choses et ça tourbillonne tellement dans tous les sens que je ne sais plus par quel fil attraper les idées ou sensations et les partager ici.

En off, quelques confidences, dialogues, expériences de vie… viennent  à la fois me troubler, me nourrir et me grandir et je ne sais plus ce que je dois ou peux partager pour ne pas verser dans le trop intime.

En même temps, la souffrance que j’entends chez certains entre leur appartenance religieuse et le constat de leur homosexualité me touche profondément. L’ignorance des textes sacrés, la transmission continue d’interprétations plus que  limitées, alors que pourtant tout le matériau exégétique et théologique existe, me laissent songeur.  Est-ce que je dois passer du temps à synthétiser ces approches et m’en faire l’écho ici pour que ceux qui ont besoin de ces fondements les trouvent ici ?

Être chrétien et gay…

Il y a une chose que j’aimerais faire mais je ne sais pas si elle est très appropriée. C’est tordre le cou à cette vieille idée qu’être gay et être chrétien seraient incompatibles.  Et dans la foulée, l’idée que l’homosexualité serait un péché et serait interdite par la Bible.

D’ailleurs, l’argument même selon lequel la Bible serait homophobe m’énerve au plus haut point, autant quand il s’agit de dire «  tiens –vous voyez, c’est interdit ! péché ! ksss kss kss !  dehors les  homos» que quand il s’agit de polémiquer de la sorte : «  ah vous voyez bien que les religions sont contre les gays et que ce sont elles qui nourrissent la haine et la division entre les gens et entre les peuples. »

Ca m’énerve parce que c’est d’une stupidité sans nom !   Si on arrive avec une idée même inconsciente de ce qu’on cherche, on finira toujours par le trouver dans la Bible, ça n’est pas très compliqué. D’où la stupidité à prendre à la lettre un verset isolé et à vouloir l’appliquer bêtement sans réfléchir !

Le simple fait que la mention de l’homosexualité (et d’ailleurs de toute préoccupation sexuelle), ne  soit franchement pas la préoccupation majeure de la Bible est déjà un indice sérieux du côté obsessionnel  que déploient certains à vouloir démontrer ceci ou cela.

Savoir lire la Bible

Il faut donc lire la Bible mais pas n’importe comment. Il faut  notamment savoir distinguer l’essentiel  de l’accessoire. Il faut lire la Bible et il faut la méditer aussi.

Une bonne méthode, me semble-t-il, est  de l’aborder sans avoir aucune intention spécifique sur ce qu’on souhaite y trouver tout en étant capable de remettre un évènement dans son contexte, le relier à d’autres  du même type et pour lesquels le texte apporte d’autres nuances.

Cette neutralité scientifique dans la première approche d’un texte à étudier n’est pas si facile qu’il y paraît. On a tous des espoirs secrets d’être confirmés en ce ceci ou cela. Ce serait si terrible si la Bible, Dieu lui-même donc, venait à nous contredire, ☺.

Prenons un exemple. J’aimerais prouver que la Bible n’est pas homophobe. Je peux trouver très rapidement un certain nombre d’arguments en ce  sens, mais avant cela, je dois me poser et me demander : y a-t-il des raisons de penser que la Bible soit homophobe ? Et je dois admettre que oui.  Certes on y parle peu de l’homosexualité mais quand on en parle, ce n’est pas vraiment pour la mettre en valeur ni la regarder comme neutre.

Mais passons à la deuxième partie de la méthode et regardons les textes concernés : suis-je sûr de  bien comprendre ce qui est dit dans les épisodes récriminés : Sodome et Gomorrhe, la qualification d’abomination en Lévitique, ou la condamnation par Saint-Paul… ?  A chaque fois ce qui semble visé ce n’est pas l’orientation homosexuelle en tant que telle mais le fait qu’il puisse y avoir un abus : trahison de l’accueil, exploitation du faible par le fort, prostitution sacrée, recherche idolâtrique du plaisir sans respect pour la personne.

Même le terme “abomination” pose question. C’est une très mauvaise traduction du mot hébreu  toeva qui signifie “tabou”. Dans la revue juive Tenoua, le linguiste Joël Hoffman, relève que  ce n’est pas le mot crime, ni perversion, ni même péché, qui est employé  mais le mot tabou.  C’est-à-dire, précise-t-il « un acte inapproprié en raison des normes sociales et non un mal absolu. »  Bref, tout cela est bien relatif quand même, surtout quand il s’agit d’un interdit au milieu de dizaines d’autres dont celui par exemple de ne pas porter un vêtement qui serait tissé de deux espèces de fil différentes.

Alors, que ceux qui veulent voir un interdit absolu de l’homosexualité  en s’appuyant sur le Lévitique se déshabillent très vite,  sans oublier leurs sous-vêtements tissés de coton et élastomère ou autres produits mélangés !

 


Nota Bene :  Vous avez bien relevé que le mot hébreu mal traduit en français par abomination ne veut pas non plus dire péché? Il existe un mot en hébreu pour désigner le péché… (voir ici)  et il n’est pas employé pour l’homosexualité. N’en déplaise à ceux qui répètent bêtement des idées reçues sans aller les vérifier  et contribuent, ainsi, à troubler ou faire peur à des jeunes gens chrétiens qui découvrent leur homosexualité.

Victor Sidoni by Renato Gama

Ne te plaira-t-il pas, Seigneur Jésus,
de me donner ta vie comme tu m’as donné ta conception?
Car non seulement ma conception est impure,
mais la mort est perverse, la vie dangereuse,
et après la mort, reste une mort plus grave, la seconde mort.

Non seulement, répond-il, je te donnerai ma conception,
mais aussi ma vie,
et ma vie à ses différents âges :
la petite enfance, l’enfance, l’adolescence, la jeunesse ;
j’y ajouterai ma mort et ma résurrection, mon ascension
et l’envoi de l’Esprit saint.

Ainsi ma conception purifiera la tienne,
ma vie éclairera la tienne,
ma mort détruira la tienne,
ma résurrection précédera la tienne,
mon ascension préparera la tienne,
tandis qu’en suite, l’Esprit viendra en aide à ta faiblesse.

Alors tu verras clairement la voie où marcher,
la prudence avec laquelle marcher,
la demeure vers laquelle marcher.

Dans ma vie, tu connaîtras ton chemin :
de même que j’ai gardé indéfectiblement les sentiers
de la pauvreté et de l’obéissance,
de l’humilité et de la patience,
de la charité et de la miséricorde,
toi, à ton tout, tu suivras mes traces
sans dévier ni à droite ni à gauche.

Dans ma mort, je te donnerai ma justice,
je briserai le joug de ta captivité,
je combattrai tes ennemis,
ceux qui sont sur ta route ou à ses abords,
afin qu’ils cessent désormais de te nuire.

Saint Bernard,
Deuxième sermon pour la Pentecôte, § 5

coming-out

On a beau le proclamer sur tous les toits, nombreux sont ceux qui n’arrivent pas à accepter qu’on ne choisit pas d’être homosexuel. Non, on ne choisit pas. Mais le conditionnement culturel est tellement fort pour affirmer ou faire penser que la norme est l’hétérosexualité et que toute autre réalité relèverait d’une déviance volontaire qu’il est bien difficile, lorsqu’on est différent, de s’accepter soi-même tel qu’on est, ce qu’on est, qui on est.

Si c’était si simple ! Imagine-t-on la violence intérieure que l’on se fait quand on doit faire semblant d’être hétéro, au point de s’en convaincre soi-même? Etre dans le déni, refouler sans cesse, non pas ses pulsions sexuelles comme certains détracteurs aimeraient le faire croire, mais qui on est.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : être en vérité avec soi-même. S’accepter tel qu’on est. Ne pas être jugé et ne pas se juger. Ce deuxième point, ne pas se juger soi-même, est bien difficile dans un développement humain quand toute la culture ambiante encourage un autre modèle et laisse peu de place aux autres possibilités.

Certains savent assez tôt, et trouvent assez d’assurance intérieure pour affirmer qui ils sont. Il semble que, malgré la haine toujours présente et rampante, ce soit de plus en plus facile. Mais ça ne l’est pas toujours.

Qu’est-ce qui fait la différence? La famille bien sûr, l’amour des proches, parents et amis. L’assurance qu’on sera aimé pour ce qu’on est, quelle que soit son orientation sexuelle, et plus encore : avec cette orientation sexuelle comme constitutive de l’être profond et le structurant de telle manière qu’il est impensable d’imaginer autre chose, et indécent – vraiment indécent – d’imaginer une maladie à soigner, un démon à expulser ou un péché à expurger.

J’ai parfois lu (par exemple ici) qu’il y a trois types de coming out : celui pour soi, celui auprès des autres,notamment les proches, et celui pour les autres au sens large : le grand public, la communauté gay, etc.

Certains coming out donnent l’impression que les trois se font en même temps. Pour ce qui me concerne et un certain nombre de cas que je connais, il semble pourtant que le premier, celui pour soi-même, est le plus long et le plus dur à faire.

Il s’agit vraiment de sortir du placard (sens originel de “coming out”) c’est à dire se révéler…oser se révéler. Et d’abord à soi-même. Mais cette réalité est parfois enfouie tellement loin dans la conscience et l’inconscient que c’est vraiment au fond d’un placard tout noir dans lequel on ne va jamais qu’il faut aller chercher.

J’entends déjà les questions. “Mais comment peut-on se mentir à soi-même?” Parce que la force du déni est terrible. On ne voit que ce qu’on veut voir. Il ne faut pas être homo, ce n’est pas bien? Donc la sensibilité est réinvestie dans l’art et la spiritualité, les amitiés dans des grands idéaux, les attirances réprimées et réinterprétées en confusions adolescentes passagères, les rêves érotiques masculins en dysfonctionnements passagers…qu’un jour, peut-être, on prendra le temps d’expliquer avec un psy, à moins que d’ici là le mariage ne démontre qu’il ne s’agissait que de la peur des filles et que depuis tout va bien.

La force du déni est terrible. Comment l’expliquer sinon par le fait que le petit enfant, pour se protéger d’un danger qu’il a ressenti comme étant plus grand, a préféré ne pas dévoiler qui il était vraiment? Je ne prétends pas généraliser cette explication, mais elle vaut apparemment pour moi et pour certains.

Je vais dire ou redire deux choses que j’ai déjà eu l’occasion d’exprimer. Je ne comprends pas la haine et le dégoût des chrétiens envers les personnes à orientation homosexuelle. J’ai entendu et vu des commentaires et des comportements absolument indignes de personnes qui se réclament de l’amour du prochain à l’occasion du débat sur le mariage pour tous. Cet événement ainsi que, récemment, le massacre d’Orlando, avec toutes les ambiguïtés du meurtrier lui-même, mais aussi les applaudissements de certains, ont réveillé mon indignation et accéléré le processus de sortie du placard.

Il est un peu tôt pour que je fasse un coming out général, mais il est certain que je ne peux pas, ou plus, me cacher à moi-même que moi aussi j’en suis, que depuis toujours je rêve d’une tendresse qui soit masculine, et que les années passant la souffrance est de plus en plus prégnante. Vous savez, ce genre de souffrance qui ne se voit pas, celle qui vous contracte de l’intérieur pendant que vous jouez un rôle social, vous fait sentir la vacuité de tout cela, vous révèle vos masques, vos mensonges même s’ils sont de bonne foi, et puis ce vide intérieur, cet isolement, cette solitude immense même quand vous êtes reliés, entourés par la famille, par des amis.

Parce qu’au fond, je ne veux pas être aimé pour ce que je ne suis pas. Et surtout… Je ne peux pas m’aimer vraiment ni sortir de cette souffrance si je ne m’accepte pas moi-même tel que je suis. Certains arrivent à s’en tirer en menant une sorte de double vie, époux et pères parfaits d’un côté et quelques compensations sexuelles de l’autre. Je ne peux pas me satisfaire de cela. J’ai besoin de vérité.

Je sais trop bien pourquoi j’ai une orientation homosexuelle : les manques de tendresse maternelle de ma prime enfance et régulièrement répétés ensuite. Mais, quelque part, en avoir pris conscience me libère de la “cause” homosexuelle. J’ai juste besoin d’être, de vivre, besoin d’avancer tel que je suis, savoir -enfin ! – que je suis le bienvenu dans ce monde et que je suis invité à y jouer ma partition au même titre que les autres. Peu importe que je sois gay ou pas, c’en est presque devenu accessoire. Je veux être et je veux jouer ma partition et pas celle d’un autre. Ca ne me donne aucun droit, aucun privilège et, même, ça me libère de cette sorte d’égoïsme qui cherche toujours de la reconnaissance et veut ramener sans cesse à lui. Je n’ai rien à prouver, je n’ai rien à prendre à quelqu’un d’autre. Je veux juste être moi. Et moi sera qui il est, gay ou pas, quelle importance?

Dire qu’il m’aura fallu 50 ans pour arriver à écrire ce genre de choses… Mais je vais me taire, tout cela est encore bien trop récent pour moi. Je vais plutôt saluer le courage de ceux qui comme Coeur de Pirate, ont dévoilé leur homosexualité dans la suite des massacres d’Orlando.

Et puis, même s’il est plus ancien, je voudrais partager le coming out de Troye Sivan,ce youtuber de génie devenu un chanteur tout autant talentueux. Ce garçon aime la vérité et c’est notre bien le plus précieux. Dans la vidéo, Troye s’exprime en anglais mais ci-dessous vous trouverez la traduction en français.

J’admire la démarche de ce jeune homme. Je l’aimais comme chanteur, je l’apprécie encore plus depuis que j’ai visionné cette vidéo. Je n’ai rien à ajouter.

“Bonjour à tous, c’est Troye Sivan, et je n’ai jamais été aussi nerveux de ma vie, mais je vais y arriver. J’ai quelque chose à vous dire, comme vous pouvez le deviner à travers le titre de cette vidéo. Nous sommes le 7 août 2013, et la raison pour laquelle je vous parle aujourd’hui est que le 7 août 2010 j’ai dit à ma famille que je suis gay. Et aujourd’hui je veux que vous sachiez à votre tour que je suis gay.

C’est un peu étrange de l’annoncer comme ça sur internet, mais j’ai l’impression que bon nombre d’entre vous êtes de vrais amis et je partage tout avec vous sur internet. J’ignore si c’est une bonne idée ou non, mais ce n’est pas quelque chose dont j’aurais à avoir honte, ni dont quiconque devrait avoir honte d’ailleurs, alors pourquoi pas le partager avec vous ?

Je suis terrifié, je sais que certains d’entre vous pourraient avoir un problème avec ça, ça pourrait tout bouleverser dans ma vie, mais en même temps ça ne devrait pas, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai fait cette vidéo, parce que c’est très important que d’autres personnes fassent ce genre de témoignage. Ma chaîne est destinée à vous faire sourire et vous faire rire, ça ne va pas changer. Je suis toujours le même, c’est simplement une nouvelle information à propos de Troye, une façon de vous faire partager une petite pièce qui manquait dans le tableau sur internet.

Depuis que je suis né, j’ai toujours su que j’avais quelque chose de différent. Je ne savais pas trop de quoi il s’agissait, mais le mot “gay” me terrifiait quand j’étais plus jeune et je savais que ce n’était pas une “bonne” chose. Je me rappelle que quand j’étais petit j’avais l’habitude de m’étendre sur mon lit et de me représenter les symboles qu’il y a… vous savez… sur les portes des toilettes, “hommes” et “femmes”, et systématiquement je barrais le premier et je cochais le deuxième. Je crois que ça prouve que j’ai toujours été comme ça et que j’ai toujours su qu’il se passait un truc spécial. Mais je remisais toujours ces idées dans un coin, je ne voulais pas y penser, ça me faisait peur, ça me terrifiait, je me disais que ça changerait peut-être.

Mais un jour, quand j’avais quatorze ans, je suis allé dans un parc avec ma meilleure amie, Kayla. Nous avons l’habitude de partager nos plus grands secrets. Et il y avait cette chose que je pensais ne jamais jamais pouvoir partager avec personne, qui était cachée au plus profond de moi, mais Kayla n’est pas ma meilleure amie pour rien, et elle a réussi à me faire dire : “je pense qu’il est possible qu’éventuellement je sois…” Et là elle a dit : “Troye, es-tu bisexuel ?”. Alors j’ai commencé à pleurer, je l’ai serrée dans me bras, et j’ai dit : “Oui, ça pourrais être le cas”. Mais après, j’ai paniqué, parce que je n’étais pas prêt. Je n’étais vraiment pas assez mûr pour l’admettre, il y avait simplement ce truc au fond de moi auquel je ne voulais pas penser. Je me suis réfugié chez moi en pleurant et nous avons décidé de ne plus jamais en parler. Mais la discussion a eu au moins pour effet d’ouvrir une porte et de me forcer à tenir compte de cette éventualité, quand j’avais 14 ans et demi.

Et alors, pendant six mois, j’ai fait la seule chose que j’étais en mesure de faire : allumer mon ordinateur portable. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle je fais cette vidéo, pour que les personnes de 14 ans qui sont comme celui que j’étais alors la trouvent, car à l’époque, entre 14 ans et demi et 15 ans j’ai regardé à peu près toutes les vidéos de coming out qu’on trouvait sur youtube. Or sans ces témoignages, sans ces personnes si courageuses, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui, je n’ai sincèrement aucune idée de ce que je serais devenu. Vous savez, elles m’ont montré simplement qu’il y avait toutes ces personnes heureuses qui vivaient une existence comme les autres, et qui se trouvaient être gay par ailleurs.

Et en six mois, je me suis réconcilié avec moi-même, j’étais heureux de ce que j’étais, alors je suis retourné chez Kayla. On n’en avait plus du tout parlé. Alors je lui ai annoncé que j’avais quelque chose à lui dire. Et je lui ai redit les choses, pour la deuxième fois. Depuis, notre amitié est devenue indestructible, la plus solide qui soit. Elle est un soutien total. Elle m’a simplement serré dans ses bras et dit que c’était ok, et dix minutes plus tard, tout était redevenu comme avant.

Ensuite, le 7 août 2010, j’étais dans mon lit et je discutais avec mon père. Nous avons commencé à parler de religion et de choses de ce genre. Je lui ai demandé : “Est-ce qu’il y a quoi que ce soit dans la religion que tu aimerais changer si tu le pouvais ?” Et il m’a dit : “tu sais, il y a toutes ces choses à propos des gays que je ne comprends pas, pourquoi la religion serait contre, alors que c’est complètement naturel.” Pour être honnête, je pense qu’il essayait de me faire dire des choses, car c’est la personne qui me connaît le mieux au monde. Et d’ailleurs il m’a demandé : “Et toi, alors, tu en penses quoi ?” Alors j’ai opiné, et je me suis lancé : “… parce que, Papa…”. Et là, je ne sais pas si d’autres que moi ont ressenti la même chose, mais j’avais l’impression d’avoir la gorge nouée et je n’arrivais pas à parler. Alors j’ai dit : “… parce que, parce que, Papa… [silence] je suis gay. » Je me souviens de lui me regardant et ouvrant grand les yeux, moi aussi j’avais les yeux écarquillés, et puis il m’a serré dans ses bras et je lui ai demandé s’il m’aimait toujours. Il m’a regardé comme si j’étais devenu complètement fou : “évidemment, je t’aime toujours.” On a discuté jusque tard dans la nuit. Il voulait être absolument sûr que j’allais bien. C’était son seul souci, pour le reste ça ne faisait pas la moindre différence pour lui. Et oui, ce n’était absolument pas un problème à ses yeux. Je pense qu’au fond de moi-même je savais qu’il en irait ainsi, mais c’était comme un grand saut à accomplir, et c’est sans doute la chose la plus difficile que j’ai eu à faire dans ma vie.

Le lendemain, quand je me suis réveillé, il avait parlé à ma mère. Elle s’est levée, m’a embrassé, et nous avons discuté longuement. Durant la journée, à ma demande, mes parents ont parlé à tous mes frères et sœurs. Même s’ils leur ont parlé séparément, ils ont tous eu la même réaction : ils sont venus un par un dans ma chambre, ils m’ont embrassé et m’ont dit que ce n’était pas un problème et qu’ils étaient à 100% avec moi. Après ma famille, j’ai entrepris d’en parler au cercle de mes amis les plus proches, et aucun d’entre eux n’avait un problème avec ça. Je pense que c’est absolument incroyable. Je suis entouré par les personnes les plus chouettes qui soient. Je suis encore plus proche d’eux car je n’ai plus rien à cacher. Je peux simplement me laisser aller et ne plus penser à rien de désagréable. La vie est formidable.

Et quand vous voyez les vidéos du genre It Gets Better, qui disent qu’au début ça sera vraiment difficile, mais qu’après ça ira mieux, je me dis, c’est vrai, ça ira mieux pour n’importe qui, mais ce que j’aurais à dire, mon message, ce serait que ça peut aller bien dès le début, vous pouvez avoir un coming out qui se passe tout en douceur.

Voilà, c’était sans doute la vidéo la plus difficile à faire. J’espère que rien ne changera. Je vais mettre mon adresse mail pour que vous puissiez me contacter si vous avez la moindre question à me poser. Il y a plein de ressources disponibles pour les adolescents gays, le genre que j’ai consulté quand j’étais un garçon de 14 ans terrorisé par ce qui lui arrivait. Je vous aime tous, vraiment. Bon, est-ce que je dois faire le clin d’œil final pour cette vidéo aussi ?”

Troye Sivan

(source de la traduction : c’est comme ça)

rainbow-prayer

 

Prière au Christ Rainbow (Arc-en-Ciel)

 

Christ Arc-en-Ciel, tu incarnes  toutes les couleurs du monde. Les arcs-en-ciel servent de ponts entre les différentes sphères : le ciel et la terre, l’est et l’ouest, queer et non queer. Donne-nous de nous rappeler les valeurs exprimées par le drapeau arc-en-ciel de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et queer.

Le rouge est pour la vie, l’origine* de l’esprit. Christ de la vie et de l’amour de soi, tu es notre Origine*. Libère-nous de la honte et accorde-nous la grâce d’une fierté saine afin que nous puissions suivre notre lumière intérieure. Avec la bande rouge dans l’arc en ciel, nous rendons grâce que Dieu nous ait créés tels que nous sommes.

L’orange est pour la sexualité, le feu de l’esprit. Christ Puissance-de-Vie**, tu es notre feu, le Verbe fait chair. Libère-nous de l’exploitation et accorde-nous la grâce de relations  réciproques. Avec la bande orange dans l’arc-en-ciel, allume en nous le feu de la passion.

Le jaune est pour l’estime de soi, le fondement de l’esprit. Notre Christ, tu  es notre fondement. Libère-nous de l’enfermement dans nos secrets et donne-nous le courage et la grâce de nous révéler. Avec la bande jaune dans l’arc en ciel, renforce notre confiance.

Le vert est pour l’amour, le cœur de l’esprit. Christ hors la loi et transgressif, tu es notre coeur, brisant les règles par amour. Dans un monde obsédé par la pureté, tu touches les malades et tu manges avec les exclus. Libère-nous du conformisme et accorde-nous la grâce de sortir des sentiers battus. Avec la bande verte dans l’arc en ciel, remplis nos cœurs d’une compassion sauvage pour tous les êtres.

Le bleu est pour l’expression de soi, la voix de l’esprit.  Christ Libérateur, tu es  notre voix, toi qui t’élèves contre toutes les formes d’oppression. Libère-nous de l’apathie et de accorde-nous la grâce de l’activisme. Avec la bande bleue dans l’arc en ciel, encourage-nous à nous battre pour la justice.

Le violet est pour la vision, la sagesse de l’esprit. Christ interconnecté, tu es notre sagesse, tu crées et maintiens l’univers. Libère-nous de l’isolement et accorde-nous la grâce de l’interdépendance. Avec la bande violette dans l’arc en ciel, relie-nous aux autres et à la création tout entière.
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Les couleurs de l’arc-en-ciel composent ensemble la lumière, telle le chakra couronne de la conscience universelle.
Christ métissé qui englobe tout, tu es notre Couronne, à la fois humaine et divine. Libère-nous des catégories rigides et accorde-nous la grâce des identités entrelacées. Avec l’arc en ciel, conduis-nous au-delà de la pensée en noir et blanc pour découvrir l’ensemble du spectre de la vie.

Christ Arc-en-Ciel, tu illumines le monde. Des arcs-en-ciel, tu fais comme une promesse de soutenir toute vie sur terre. Dans l’espace arc-en-ciel, nous pouvons voir tous les liens cachés entre les sexualités, les genres et les races. Comme l’arc-en-ciel, donne-nous d’incarner toutes les couleurs du monde! Amen.

 

Prière écrite par Kittredge Cherry et Patrick S. Cheng.

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Traduit par zabulon  http://www.paysdezabulon.com/
avec la collaboration de Meneldid  Palantir Talmayar http://meneldil-palantir-talmayar.blogspot.fr/
Texte original en anglais ici : jesusinlove.blogspot.fr

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(*) Root : la racine. Littéralement : “Christ tu es la racine”. En français, on dirait plutôt “tu es la source”. Mais le terme “racine” insiste sur l’appartenance terrestre et même terrienne. Nous avons transigé pour “origine”.

(**) : “Erotic Christ” , traduit par Christ-Puissance-de-Vie, qu’on devrait pouvoir traduire par Christ érotique (du grec eros) mais qui en français est très connoté dans le sens pornographique, ce qui n’est pas le sens étymologique.