qui je susi

 

Qui je suis ?

Juste un petit garçon qui a peur.

 

Ca ne se voit pas bien sûr.

Et même, les gens me croient fort.

 

Et même un homme redoutable,

qui sait ce qu’il veut et où il va.

 

S’ils savaient…

 

Je ne suis qu’un petit garçon

qui a peur.

 

Bien sûr, j’ai donné le change.

Bien sûr, je me suis battu, j’ai vécu.

 

J’ai voulu être fort,

j’y ai cru, même !

 

Mais là, les remous de la vie

me ramèrent à cette peur primale.

 

Les échecs, les humiliations répétées,

la tension à être quelqu’un que je ne suis pas…

 

Tout ça me fait lâcher,

je ne contrôle plus rien.

 

Me voilà redevenu ce petit enfant

de sept ans, qui a peur.

 

Y’a rien de volontaire, rein de raisonné,

dans ce qu’il va faire ensuite.

 

Il va seulement vivre comme il peut

avec les mots redoutables qu’il vient d’entendre.

 

Il est seul , il a 7 ans, il est perdu.

il ne sait pas quoi faire.

 

Il ne saura plus jamais quoi faire.

 

Au fond, il ne sait même plus pourquoi il est là.

Alors il continuera en faisant semblant.

 

Sans jamais plus croire aucun compliment,

la vie c’est tellement traître.

 

Là, ça remonte à la surface :

 

Je suis ce petit enfant perdu,

qui aurait besoin d’être pris dans les bras,

et qu’on le console et qu’on le rassure.

 

Je suis seulement seul avec moi-même

et un grand vide tout autour.

 

J’ai sept ans, je suis malheureux

et ne sais même pas que j’ai le droit de le dire, le crier.

 

Je crois que je n’aurai plus jamais confiance.

En personne. Ni en moi, ni en les autres.

 

Tout ça, parce que ma mère, dans son inconscience,

vient de lâcher au petit bonhomme que je suis :

 

“Va-t-en, je ne t’aime plus,

je ne veux plus jamais te voir.”

 

 

Z.

naked-Friends-Jay

Naked Friends (acrostic)

Night after night

A taste of  Soft salty lips

Kisses I will recall when the morning breaks

Every touch of  your hands

Down between my Legs your head

 

Feeling like you won’t go to no one else

Ready to forget that The night is  so young

Inside my bed for so long

Every touch of  our hairy chests  scratch

Now Why can’t  we be together?

Don’t you love me?

 

Jay G Helwig,  publié sur allpoetry.com

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Ce magnifique poème est intraduisible sans le déformer, puisqu’il s’agit d’un acrostiche : La première lettre de chaque vers permet de lire le titre verticalement : Naked Friend.  Eh oui sans le s final du titre , c’est une coquetterie de l’auteur.

 

Nuit après nuit,

le goût de tes douces  lèvres  salées

des baisers, je me rappellerai  après la rupture du matin

chaque toucher de tes mains

ta tête tombée entre mes jambes

 

Avoir l’impression que tu n’irais à personne d’autre

prêt à oublier que la nuit est si jeune

dans mon lit depuis longtemps

Nos poitrines velues  qui se touchent  s’accordent

bien. Pourquoi ne pouvons- nous pas être ensemble?

Tu ne m’aimes pas ?

 

Jay G Helwig ( traduction par Zabulon)

des-choses-a-dire

 

Je voudrais écrire,
je ne sais pas comment faire.

Je voudrais écrire
J’ai tellement de choses à dire.

La vérité, c’est que je ne sais
Même pas lesquelles.

Mais j’ai des choses à dire.

Elles viennent de tréfonds
Que je ne connais pas
Même s’ils sont miens.

Il y a des choses à dire.
Des choses qui veulent s’exprimer.
Des choses qui veulent être.

Etre ?

Est-ce une partie de moi
Qui toque à la porte
Et dit : « ouvre-moi » ?

Peut-être.

J’ai des choses à dire.
Je suis retenu par la convenance,
Par le temps qui passe,
Par de multiples dispersions.

Et pourtant
Je ne suis qu’Un
Et j’ai des choses à dire.

Quoi ?

Zebulon

Source photo : Thomas Bunker, par Cristiano Madureira.

colere

Saleté de chômage,
Saleté de système !

Ah ce soir, je suis en colère.
Tout est parti d’une conversation futile.
Une personne disait
« Ah , ils sont de plus en plus durs en recrutement,
C’est à peine s’ils ne demandent pas le casier judiciaire de tes parents , maintenant ! »

A partir de là, le ton est monté.

D’abord sur le mot « maintenant ».
Quoi maintenant ?
Pour ceux qui ont subi cela il y a 5, 10 ou 20 ans,
Et qui n’ont pas réussi à remonter la pente,
Ce mot est insultant.
Non, ce n’est pas maintenant,
C’est depuis que la crise dure.
« Maintenant » , c’est le mot de ceux qui étaient encore dans le système
et qui, à leur corps défendant, ignoraient que ces choses-là arrivent.
Maintenant : pour chacun, un maintenant différent.
Il est des maintenant récents
Et il est des maintenant qui durent.
Bienvenue au club !

Et puis, y’en a marre à la fin de ce système,
Et pas seulement de ce système :
Y’en a marre de nos illusions,
De nos attentes
que quelqu’un nous donne un travail,
un revenu,
de la dignité.
Et si je n’ai pas le travail de mes rêves,
Si je n’ai pas le travail de mes diplômes,
Si je n’ai pas le travail de mon expérience,
Si je n’ai pas le travail de ma vie,
Suis-je coupable ?
Suis-je moins respectable ?
Foutaise !

Il y a des ignorants, des aveugles,
Encore complices de ce système qui se déliquifie,
Et qui exercent encore leur petit pouvoir
Au service de ce système.

Aveugles, dis-je, car ils ne savent pas,
Ils ne se rendent pas compte.
Parce que ce système est encore bon pour eux,
Ils estiment qu’il est bon pour tous.
Et même si c’est dérangeant tant de gens sur le carreau,
C’est que, quelque part, ils ont dû le mériter,
N’est-ce pas ?
« Voyez, moi, je suis fidèle, efficace, loyal, adaptable, polyvalente, et tout et tout,
Et rien ne m’arrive, vous voyez ?
Vous voyez pas ? »

Non, je ne vois pas,
On ne voit pas,
Nous ne voyons pas.

Ce système a vécu.

L’ère du salariat de masse a vécu.
L’ère de l’équilibre de l’offre et de la demande a vécu.
L’ère du travail pour tous a vécu.

Que reste-t-il ?
Des hommes,
Des êtres humains,
Qui veulent vivre
Et être respectés.

Bien. Puisque c’est fini,
Passons à l’étape d’après.
Accélérons-la.
C’est terminé le salariat
C’est terminé la fidélité aux entreprises,
C’est terminé la loyauté à des pouvoirs anonymes
Qui permettent l’exaltation des ego.
Oui, terminé.

Passons à autre chose.

( Je l’ai dit : je suis en colère !)