Amour, sexe et tendresse…

Amour, sexe et tendresse. Je pose ces mots sans savoir encore ce que je vais en dire, mais je sens confusément en moi qu’il faut que j’en parle, que j’ai quelque chose à éclaircir à ce sujet. Amis lecteurs, le croirez-vous que vous allez découvrir ce que j’en dis de la même manière que je vais le découvrir aussi ?

Par quoi commencer ? Par poser les termes peut-être pour y voir plus clair, et par celui qui assurément va faire monter le taux de clics de cette page : le sexe.

Sexe

Nombre de gays ont un rapport au sexe quasi compulsif. L’entrée en relation semble se faire d’abord par le rapport au corps et la possibilité d’une relation sexuelle. Pour certains, cela est ancré de manière si ancienne et habituelle que parler d’amour, même si cela reste l’idéal de tout un chacun, c’est pour ainsi dire parler chinois. La prégnance du besoin sexuel est telle que l’amour, et donc la rencontre réelle des personnes passe à côté.

La fascination pour la beauté du corps masculin n’aide pas. On est fasciné par un corps beau et jeune, un corps qui ne vieillit pas. Or, c’est notre lot commun : nous vieillissons, nos relations vieillissent avec nous. L’attirance sexuelle que je ressens, de manière idéale pour ne pas dire fantasmatique, pour tel corps, se maintiendra-telle à travers les âges ou serais-je sans cesse en recherche de l’autre au corps idéal, tel un rocher qui ramène sans cesse au même point le Sisyphe que je serais devenu ?

Dans le registre « sexe », il y a aussi, cette soif de performance sexuelle et ce désir, rarement assouvi par le corps seul, de plaisir, de goût de vivre, de se ressentir vivant. Mais, si ce n’est qu’avec le sexe, de manière si éphémère, si triste parfois quand la personne avec qui se commet une relation sexuelle ne représente rien à nos yeux… il n’y a pas d’amour, pas de tendresse. Et si, gestes de tendresse, il y a, c’est avec ce sentiment d’usurpation, de fausseté, ou même de dégoût a posteriori, parce qu’ils ne sont pas reliés à l’amour.

Oui, je pense que le sexe seul est triste.

Tendresse

Peut-être est-ce le besoin fondamental de l’humanité. Fondamental au sens de vital, fondamental bien avant l’amour dont il est pourtant une manifestation. Fondamental, parce que même si la tendresse semble sortie des contingences matérielles, elle est à poser à la base de la pyramide de Maslow au même titre que les besoins vitaux : manger, boire, dormir, être en sécurité.

Nous avons tous besoin de tendresse, même les plus carapacés d’entre nous.

Nous en avons eu besoin en notre enfance et nous en avons besoin tout au long de notre vie.

Il est possible que les personnes homosexuelles aient un rapport à la tendresse différent, soit qu’elles en aient eu davantage besoin, soit qu’elle leur ait spécialement manquée, ou pour d’autres raisons encore. Il me semble cependant que tous, quelle que soit notre orientation sexuelle, nous avons besoin et aurons besoin de tendresse toute notre vie même si les modalités peuvent changer.

Pour ce qui me concerne, je sais à quel point ce besoin est présent pour moi. Je ne suis pas totalement dupe que j’ai besoin de la tendresse que je n’ai pas reçue suffisamment quand j’étais enfant avec le risque de connoter toute relation nouvelle de ce besoin de tendresse qui ne lui appartient pas forcément. En clair, j’ai besoin de sentir mon cœur s’épancher envers quelqu’un et sentir un retour à cet épanchement, j’ai besoin que cela se manifeste par des gestes de tendresse, le toucher, les bisous, que sais-je encore ! Autant de marques qui me restaurent dans mon existence, mon plaisir à être là aujourd’hui en relation avec les autres et l’univers, à m’y sentir le bienvenu et à ma place. Mais ce besoin vient de tellement loin, du fond de mon enfance, que le risque est grand de faire jouer à des relations actuelles le rôle de pourvoyeur d’une tendresse autre que celle qu’une relation égalitaire devrait apporter.

A travers la tendresse, c’est la reconnaissance de l’être qui se joue, le droit à exister.

Parce qu’elle peut s’exprimer par l’usage de son corps et donc par des gestes sexuels, il est facile de confondre tendresse et sexualité. Parce qu’elle remue tout l’être dans son entier, il est facile de confondre la tendresse (que ce soit des élans spontanés de tendresse envers quelqu’un, comme la circulation de tendresse entre personnes) comme de l’amour. Le risque de confusion est permanent.

Une des plus grandes confusions pour moi est celle entre l’amitié et l’amour. Ce besoin naturel de reconnaissance et de tendresse qu’apporte et entretient l’amitié peut se fondre dans ce besoin encore plus immense d’exister, d’être touché, caliné, reconnu, et muter en un désir sexuel inapproprié ou se confondre avec l’état amoureux. Les deux semblent si proches…

Amour

Tant de poèmes, tant d’écrits mystiques, tant d’ouvrages sur le sujet. A-t-on jamais fini de comprendre et expliquer l’amour ? Il semble qu’on tourne autour, cherchant des mots pour le dire alors qu’il est au-delà des mots. Il est l’expérience d’une Présence à soi et à l’autre qu’aucun mot ne sait enfermer pour le décrire.

Il me semble qu’une des différences avec la tendresse est que dans cette Présence à Soi et à l’Autre, l’amour nous décentre de nous–même et nous révèle par l’Autre. Bien sûr, quand j’aime, je m’aime moi-même comme aimant – ressentant l’amour donné – et aimé – ressentant l’amour reçu, mais je ne suis pas dans la recherche d’une tendresse qui viendrait confirmer ou nourrir mon être. En tout cas, pas immédiatement. Quand j’aime, je me perds dans l’autre, sa beauté intérieure m’a invité et je me suis allé à plonger dans cet océan infini qui curieusement parle aussi de moi même si je ne m’en aperçois qu’après. L’autre, oui, est cet océan dans lequel je plonge, fasciné, appelé par tant de beauté qu’il s’agirait de ne surtout pas abîmer. Oui je deviens serviteur de cette beauté qui me parle, je deviens « gardien » de mon frère/ ma sœur, au sens biblique.

On peut donc aimer gratuitement. On peut aimer sans retour. On peut aimer solitaire. On peut aimer au fond d’un monastère. On peut aimer l’humanité entière. On peut aimer Dieu, la divinité, le mystère divin. On peut être l’Ami de l’Aimé.

Et puis, il y a ces fois – rarissimes ? – où la beauté infinie de l’autre rencontre notre propre beauté infinie, ces fois où les deux océans semblent se mirer l’un dans l’autre, se reconnaître, s’appeler et s’inviter l’un l’autre.

Deux océans qui se reconnaissent. Ou, également, dans mon expérience, deux paix qui s’éprouvent en même temps comme se donnant, et se nourrissant l’une l’autre, et l’une à l’autre sans qu’aucune n’en soit l’origine. Peut-être cela est-il vrai aussi de la Joie telle qu’elle est décrite dans les effusions post Résurrection des premières communautés chrétiennes, cette Joie indicible, communicative, qui se donne, se transmet et fait naître à la découverte fondamentale qu’on est Aimés une fois pour toutes !

Eh bien voilà, je ne savais pas où j’allais en écrivant cet article. Je ne prétends pas avoir tout dit sur le sujet mais j’ai le sentiment d’avoir éclairci quelques points pour moi en les verbalisant. Pour conclure, il me semble important de relever que, amour, sexe et tendresse, souvent les trois sont liés mais peut-être pas dans le bon ordre et que nos besoins fondamentaux d’être aimés et reconnus dans l’amour nous font parfois confondre l’un avec l’autre. A défaut d’être Aimé, (et de s’aimer soi-même ?) donner ou recevoir un geste de tendresse ou se ressentir vivant dans la sexualité… Mais, il me semble, ce n’est pas le chemin. Pas mon chemin.

Je voudrais… si sexe il y a, qu’il y ait d’abord de la tendresse, et, si tendresse il y a, qu’elle ne s’origine pas seulement dans le besoin de l’enfant qui n’en a pas eu assez mais qu’elle soit celle de l’amour qui s’épanche naturellement de l’un à l’autre, ici, maintenant.

La tendresse s’il y a lieu, de même que l’exercice de la sexualité, ne sont alors que des cadeaux conséquents à l’amour donné et reçu vers et par l’autre. Cadeaux, conséquences, pas immédiatement nécessaires, mais donnés et reçus, avec beauté, avec bonté.

Du coup, pour ma part, j’ai envie de faire du #FAUVE, et de dire :

Tu entends l’univers ? Je sais que l’Amour existe, je sais qu’il est fait pour moi. Alors, oui, on a déconné, on a perdu du temps. Mais là j’ai compris, je viens. Je le sais que j’ai besoin d’amour, et je le sais que cet amour, on peut le partager. Alors, tu entends l’univers, j’arrive, je viens. Je le veux cet amour. Je l’attends cet amour complet et irrésistible qui me précède et qui est plus grand que moi, je veux le rejoindre, le goûter et le partager.

Tu entends l’univers, j’en ai besoin. Alors s’il te plaît, donne-moi de le connaitre, de l’éprouver dès ici-bas, à travers l’amour d’une personne en particulier ou à travers l’amour de l’humanité en entier, c’est toi qui vois.

Z – 26/11/2017

Tu nous entends l’Amour? Tu nous entends?
Si tu nous entends, il faut que tu reviennes parce qu’on est prêts maintenant, ça y est
On a déconné c’est vrai mais depuis on a compris
Et là on a les paumes ouvertes avec notre cœur dedans
Il faut que tu le prennes et que tu l’emmènes

FAUVE # BLIZZARD

Tu nous entends l’Univers? Tu nous entends?
Si tu nous entends, attends-nous! On arrive
On voudrait : tout comprendre, tout savoir, tout voir, tout vivre
On cherche la porte du nouveau monde pour pouvoir s’y fondre en grand
Tu nous entends toi qui attends? Tu nous entends?
Si tu nous entends souviens toi que t’es pas tout seul. Jamais
On est tellement nombreux à être un peu bancals un peu bizarres
Et dans nos têtes il y a un blizzard
Comme les mystiques losers au grand cœur
Il faut qu’on sonne l’alarme, qu’on se retrouve, qu’on se rejoigne
Qu’on s’embrasse, qu’on soit des milliards de mains sur des milliards d’épaules
Qu’on se répète encore une fois que l’ennui est un crime
Que la vie est un casse du siècle, un putain de piment rouge
Nique sa mère le Blizzard
Nique sa mère le Blizzard
Tout ça c’est fini

FAUVE # BLIZZARD

photo : extraite du film La contrée des orages (2015)

Et si je t’aime, resteras-tu ?

Et si je t’aime, me laisseras-tu en aimer un autre que toi
qui a sa place, toute sa place,
qui a la première place,
et qui ne m’empêche pas de t’aimer ?

Le permettras-tu, sans t’en aller ?

Et si je t’aime,
te laisserai-je, moi aussi, être aimé
par cet Autre qui nous dépasse et nous rejoint ?

Une fois l’appel intérieur entendu,
rien ne peut nous empêcher d’avancer vers lui,
même pas notre amour.

Saurais-je te garder avec moi,
quand mon coeur sera en éveil et comme saisi
par cet Autre que toi que pourtant tu permets ?

Je sais bien que notre amour
ne sera jamais que le pâle reflet dans lequel l’Autre Amour, le Tout Amour,
nous saisit et nous éveille à Lui.

Nous pouvons être signes de cet Amour,
nous recevoir de Lui et tout rapporter à Lui,
mais nous ne pouvons empêcher qu’il parle à chacun différemment.
Toi, Moi.

Quel est ce mystère,
d’avoir le cœur apaisé par le havre où il s’amarre
et d’entendre en même temps l’appel à partir plus loin ?

C’est Dieu.

Eternellement ici et là-bas.
Eternel mouvement,
entre voyage et repos,
immanence et transcendance
donner et recevoir,
goûter l’amour et le chercher plus grand encore.

Se donner, se recevoir, et se partager.

Toi vers qui mon cœur penchera
et qui me confiera le tien,
sauras-tu entendre et comprendre
cette invite au voyage
et le laisser se dérouler comme il se doit ?

Nous ne sommes résolument que des compagnons de voyage,
Celui qui nous relie, peut nous séparer aussi.

Il ne le fera pas tant que nos routes convergent,
tant que le chemin de l’un est le chemin de l’autre.

Sans vaine confusion.

Si l’amour nous unit, nous ne sommes pourtant pas uns.
C’est Lui, et lui seul qui unit.

Nous ne sommes que des compagnons de voyage.

Zabulon – 5 novembre 2017

Source photo : istock sur forward.com

 

Dans la série des plus belles chansons que l’humanité ait produites…

Quand l’amour est décrit de telle manière qu’il se donne presque à voir à comprendre, à saisir. Mais c’est juste pour nous inviter à aller plus loin car déjà, plus loin,il nous précède. Mais, tout est clair dans notre monde…pour la première fois de ma vie, je peux voir, je peux sentir, … Tout est déjà là, rien à conquérir. juste accepter et s’abandonner. Tout est clair dans mon coeur…

 

Oh My Love (Oh Mon Amour) – John Lennon

Oh my love for the first time in my life
My eyes are wide open
Oh my lover for the first time in my life
My eyes can see

Oh mon amour pour la première fois de ma vie
Mes yeux sont grands ouverts
Oh mon amour pour la première fois de ma vie
Mes yeux peuvent voir

I see the wind, oh I see the trees
Everything is clear in my heart
I see the clouds, oh I see the sky
Everything is clear in our world

Je vois le vent, oh je vois les arbres
Tout est clair dans mon coeur
Je vois les nuages, oh je vois le ciel
Tout est clair dans notre monde

Oh my love for the first time in my life
My mind is wide open
Oh my lover for the first time in my life
My mind can feel

Oh mon amour pour la première fois de ma vie
Mes yeux sont grands ouverts
Oh mon amour pour la première fois de ma vie
Mon esprit peut ressentir

I feel the sorrow, oh I feel the dreams
Everything is clear in my heart
I feel life, oh I feel love
Everything is clear in our world

Je ressens le chagrin, oh je ressens les rêves
Tout est clair dans mon coeur
Je ressens la vie, oh je ressens l’amour
Tout est clair dans notre monde

 

 

On croit souvent que l’amour naît dans l’âme sans qu’elle l’ait cherché comme y naissent les idées. Et, comme elles, quand on le cherche, il semble nous fuir.

Tout en lui ressemble à la grâce et à l’inspiration. Mais peut-être la grâce et l’inspiration s’offrent-elles à tous les hommes bien qu’il y ait très peu d’hommes qui sachent les accueillir.

Ainsi l’amour suppose toujours une attente et un consentement intérieur, bien différents de ces vains efforts du désir qui le chassent en croyant l’appeler.

Et comme celui qui attend les idées avec une humble patience les voit s’offrir peu à peu à lui et engager avec lui un dialogue spirituel, celui qui montre à l’amour assez de confiance pour ne pas le presser de venir à lui, ne s’étonne point de le voir tout à coup éclore dans son coeur et éveiller un écho.

Louis Lavelle,
La conscience de soi, Grasset, 1933.