Tes yeux sont les yeux d’un homme amoureux,
tes lèvres sont les lèvres d’un homme qui ne croit pas
en l’amour. Alors dis-moi le remède, mon ami,
s’ils sont en désaccord, la réalité et le désir.
Luis Cernuda, La réalité et le désir
Tus ojos son los ojos de un hombre enamorado;
tus labios son los labios de un hombre que no cree
en el amor. Entonces dime el remedio, amigo,
si están en desacuerdo realidad y deseo.
J’aurais voulu avoir un amoureux. Au primaire, au collège, au lycée. Avoir une belle histoire. Une histoire d’enfant. J’aurais voulu avoir droit à ça. Les mots qui s’échangent sous les tables. Le coeur qui bat plus fort. Les secrets qu’on garde à table, quand on vous pince la joue en vous demandant si on a une amoureuse. J’aurais voulu profiter de ma jeunesse. Ne pas tricher toutes ces années. Ne pas mentir. Ne pas faire semblant. Être qui je suis plus tôt. L’être et l’être heureux. Fier. Et montrer l’étendue des talents que me confère cette identité. Ma sensibilité. Ma joie de vivre. Mon envie folle d’écrire.
J’aurais voulu ne pas me contraindre, ne pas faire semblant pour être “comme les autres”. Ne pas faire souffrir mes parents parce que j’étais malheureux et refusais de dire pourquoi. J’aurais voulu être moi plus tôt. Avoir ce que les autres avaient. Ne pas rire quand j’entendais des blagues méchantes visant celles et ceux qui avaient mille fois mon courage d’être ce qu’ils étaient, sans honte, avec fierté.
Comme ce garçon, à l’école, il s’appelait Nathan. Il était gentil, doux, et pourtant ses gestes, sa voix, son identité, bref ce qu’il était de franc, de vrai, d’authentique, étaient moqués parce qu’on lui collait l’étiquette homo sur le front et qu’il n’a jamais démenti. Parce qu’il a toujours relevé la tête. Il m’a fallu des années pour comprendre combien il était plus libre que beaucoup d’entre nous, libre d’être qui il était et de témoigner par sa seule existence de l’extraordinaire diversité du genre humain.
Vous voyez j’aurais voulu ne jamais me moquer de Nathan avec les autres, devant les autres, pour que les autres ne me soupçonnent jamais d’être qui j’étais. J’aurais voulu ne pas rire de ce garçon, j’aurais voulu ne pas le faire pleurer.
J’aurais voulu être amoureux, enfant. Avoir ce que vous avez tous et toutes eu, enfant.
Qui va me rendre ces années perdues ? Ce qui aurait pu être et n’a jamais eu lieu ? Qui me rendra ce qu’on m’a pris ? Et à ce Nathan ? Qui lui rendra justice ? La vérité c’est que j’ai mal. Que j’ai la haine contre les gens qui nous font ça. Qui nous font faire ça, qui nous rendent comme ça. Ces mêmes gens qui prétendent se battre pour les enfants et qui pourtant mettent dans nos bouches des mots aussi violents.
Mais l’homophobie ce n’est pas seulement quelqu’un qui crie « À mort les PD ! ».
L’homophobie c’est aussi des millions d’existences contraintes, de petits bonheurs universels gâchés, de destinées retardées. Des millions de gens qui ont vécu, vivent, et vivront une autre existence que la leur, une autre vie que la leur, qui marcheront à côté d’eux-mêmes, qui passeront à côté de ce que, au fond, ils étaient destinés à connaître, à aimer, et chérir, et jouir. Ce que nous voulons toutes et tous. Une vie à nous. Une vie qui nous ressemble et nous appartienne.
L’homophobie, la lesbophobie, la transphobie, c’est d’abord des ombres et des millions de vies ratées.
Comment les gestes te tendresse se transforment-ils en gestes d’amour?
Comment l’amitié se meut en amour ou vice versa?
Comment accorder et son esprit et son coeur et son corps?
Souvent l’un est satisfait et pas les deux autres centres,
et ceux-là, d’une manière parfois tyrannique, voudraient bien tirer jusqu’à eux
le contentement d’aimer et d’être aimé,
le sentiment d’être bien, à sa place, et que cela peut durer.
Le corps, le coeur, l’esprit.
L’un veut, l’autre a peur, l’autre ne sait pas.
Et puis ça tourne, ça tourne, dans tous les ordres.
C’est un peu de cela que je retrouve dans la chanson ci-dessous.
“Cet amour devient dangereux,
Ton toucher est contagieux,
Tu sais ce dont j’ai besoin ce soir,
Tu sais que j’ai besoin de plus..”
Amour ou instinct de vie? Amour ou besoin de tendresse?
– Les deux, mon capitaine !
Sur cette terre, pas d’amour chimiquement pur,
pas d’amour parfait,
mais un désir qui fait grandir
– quand il est coeur-corps-esprit,
une invitation à avancer et à inventer en chemin.
Z.
Eli Lieb – Young Love / Un jeune amour (2013)
When I was twenty two
The day that I met you
When you took my hand through the night
It was getting late
And you asked me to stay
And hold you until we see light
Shut the door and turn the lights off
And put up your dukes tonight
‘Cause this love is getting dangerous
And I need some more tonight
Your touch is contagious
You know what I need tonight
I can’t run and I can’t hide
I’ll be wasted by the light
I’m undone but I’m alive
Don’t ever wanna see the morning light
When I was young in love
When you were everything
We’d stay up and drink through the night
Laying on the roof
I put my hands on you
You said our love will never die
Shut the door and turn the lights off
And put up your dukes tonight
‘Cause this love is getting dangerous
I need some more tonight
Your touch is contagious
You know what I need tonight
I can’t run and I can’t hide
I’ll be wasted by the light
I’m undone but I’m alive
Don’t ever wanna see the morning light
And if we go down with this ship
We go down together
And if we should die tonight
It’s you and me forever
Forever you and I
Together until we die
And I’ll be right next to you
Even on the other side
‘Cause this love is getting dangerous
I need some more tonight
Your touch is contagious
You know what I need tonight
I can’t run and I can’t hide
I’ll be wasted by the light
I’m undone but I’m alive
Don’t ever wanna see the morning light
‘Cause this love is getting dangerous
I need some more tonight
Your touch is contagious
I need some more tonight
I can’t run and I can’t hide
I need some more tonight
I’m undone but I’m alive
Don’t ever wanna see the morning light
When I was twenty two
The day that I met you
When you took my hand through the night
Quand j’avais 22 ans
Le jour où je t’ai rencontré
Quand tu as pris ma main dans la nuit
Il se faisait tard
Et tu m’as demandé de rester
Et de veiller sur toi jusqu’à l’aube
Ferme la porte et éteins les lumières
et tiens-toi prêt ce soir.
Car cet amour devient dangereux
Et j’ai besoin de plus ce soir.
Ton toucher est contagieux,
Tu sais ce dont j’ai besoin ce soir.
Je ne peux pas courir et je ne peux pas me cacher.
La lumière m’achèverait.
Je suis perdu mais je suis en vie.
Je ne veux plus jamais voir la lumière du matin.
Quand j’étais jeune, amoureux,
Quand tu étais tout.
Nous veillions et buvions toute la nuit.
Allongés sur le toit,
j’ai posé mes mains sur toi.
Tu as dit que notre amour ne mourrait jamais.
Ferme la porte et éteins les lumières
et tiens-toi prêt ce soir.
Car cet amour devient dangereux
Et j’ai besoin de plus ce soir.
Ton toucher est contagieux,
Tu sais ce dont j’ai besoin ce soir.
Je ne peux pas courir et je ne peux pas me cacher.
La lumière m’achèverait.
Je suis perdu mais je suis en vie.
Je ne veux plus jamais voir la lumière du matin.
Et si nous sombrons avec ce navire.
Nous coulerons ensemble
Et si nous devons mourir ce soir.
C’est toi et moi pour toujours.
Pour toujours toi et moi
Ensemble jusqu’à ce que nous mourions.
Et je serais juste à côté de toi
Même de l’autre côté.
Car cet amour devient dangereux
Et j’ai besoin de plus ce soir.
Ton toucher est contagieux,
Tu sais ce dont j’ai besoin ce soir.
Je ne peux pas courir et je ne peux pas me cacher.
La lumière m’achèverait.
Je suis perdu mais je suis en vie.
Je ne veux plus jamais voir la lumière du matin.
Car cet amour devient dangereux
Et j’ai besoin de plus ce soir.
Ton toucher est contagieux,
Tu sais ce dont j’ai besoin ce soir.
Je ne peux pas courir et je ne peux pas me cacher.
La lumière m’achèverait.
Je suis perdu mais je suis en vie.
Je ne veux plus jamais voir la lumière du matin.
Quand j’avais 22 ans,
Le jour où je t’ai rencontré.
Quand tu as pris ma main dans la nuit.