bieber-eggs

A découvert, je suis plus vulnérable.
J’avais oublié cette réalité.

Probablement, sans m’en rendre compte,
j’ai revêtu les habits de conformité
qu’on voulait que j’ai.
C’était plus facile, plus confortable.
Apparemment.

Probablement, enfant, ai-je eu très peur
de cette intensité en moi
que je ne savais pas gérer
et qui ne semblait pas acceptable.

Alors, je l’ai enfouie,
enfouie très loin
pour ne plus en entendre parler,
pour ne plus être envahi.

Seuls quelques rayons de lumière
venaient parfois, de l’intérieur,
percer la carapace
et laisser percevoir
un ailleurs joyeux.

Ce n’est plus tenable ;
la carapace est en train de tomber,
et je ne peux rien faire pour l’empêcher.

Voilà tous ces sentiments qui reviennent
ce bouillonnement intérieur, plein de vie et de joie,
comme l’être qui s’exprime.

Mais voilà aussi cette intensité émotionnelle
qui revient, qui renaît, qui déborde,
et que je ne sais pas partager.

C’est immense, c’est bon,
mais c’est tellement lourd à porter seul.
Tellement dur quand il n’y a pas d’objet défini.
Tellement crucifiant quand ce n’est pas reçu
par ceux-là même qui le provoquent.

J’avais fui cela.
Mais, avec la carapace qui tombe,
me revoilà avec toute cette intensité
qui curieusement est belle et fait mal à la fois.
Que vais-je faire de cela?

Je n’avais pas réalisé
à quel point cette carapace me protégeait
et que c’était nécessaire,
alors.

Et maintenant, si elle tombe,
et il semble qu’il soit nécessaire qu’elle tombe,
je me retrouve si fragile et vulnérable.

A découvert,
je suis vulnérable.

J’avais oublié
combien ça fait mal
et c’est déstabilisant,
les incompréhensions,
les remises en cause
et même les insultes.

Il va pourtant falloir faire avec.
Je ne fuirai pas.

Pas cette fois.

Z – 1er juin 2016

—-
N.B. L’accumulation de photos de Justin Bieber… un voeu que j’ai fait d’illustrer tout article avec des photos de Justin Bieber pendant un mois et que je suis en train d’honorer.

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Autobiographie

J’ai adopté un regard perçant
J’ai pris le temps de chercher
J’ai questionné le serpent
J’ai questionné le hibou
J’ai appelé le maire
J’ai appelé le sage
J’ai essayé de lire Proust
J’ai essayé la vie sur scène
Je suis allé en thérapie
J’ai pratiqué des sports
J’ai souffert tous les maux
du reniflement à la verrue
Je suis allé à la dérive
J’ai eu recours au pape
J’ai gravi l’Annapurna
Je me suis privé de drogue
J’ai retourné le désert
J’ai fouillé les océans
Mais où que je regarde
je n’ai pu me retrouver

Alors finalement
jai dû renoncer à mon plan
d’évasion au Siam
et m’accepter moi-même ici
tel que je suis

Mais ça n’a pas été facile


James Broughton (Big Joy)

Source texte : bigjoy.org

160523-Bieber

Est-il possible de marcher sans but?
A vrai dire, aujourd’hui,
tout objectif me paraît bien éphémère,
illusion ou fuite en avant,
pour ne pas regarder sa souffrance,
ne pas sentir le manque d’amour.

Dans mon cas,
pour fuir aussi le trop d’amour qui surgit
et qui ne trouve pas d’écho.

Alors des occupations,
tel objectif de réussite, de prestige ou de carrière,
tel objectif de construire une famille , de reproduire un modèle,
tel objectif de sauver, secourir, donner aux autres,
tellement d’objectifs possibles
auxquels on peut s’identifier.

Je sais et je sens
– est-ce la même chose ?-
au fond de moi,
que le but n’a pas ou plus d’importance.

Oui, je peux marcher sans but.
C’est absolument terrifiant,
car cela veut dire arrêter de fuir,
arrêter de faire semblant,
arrêter de m’occuper
la tête, le coeur, les mains,
pour enfin oser
marcher en présence.

C’est absolument terrifiant,
il va falloir que j’affronte ma peur du vide,
ma peur de ne pas être aimé,
ma peur d’être rejeté,
ma peur de n’être rien ni personne.

C’est absolument terrifiant,
mais je ne veux plus fuir,
ni rien, ni personne,
ni moi-même.

Je veux marcher
en conscience,
en présence.

Je veux être qui je suis.

Mon espérance
est que ce soit toi, Seigneur,
qui m’appelle
du fond de mon être
à te retrouver.

Tu ne peux pas m’aimer
– je ne peux pas laisser ton amour me guérir –
si je ne m’accepte pas
tel que tu m’as fait,
si je n’arrête pas, un jour,
de fuir après des objectifs illusoires,
par peur de ne pas exister,
par peur d’être seul,
immensément seul et inutile
à tout et à tous.

Si j’arrête de courir, et me disperser,
telle Marthe qui s’agite pour faire mille choses,
si j’arrête et me pose à tes pieds,
comme Marie,fragile, disponible, vulnérable,
soumise à la critique des autres,
seras-tu là, mon amour,
coeur de mon coeur,
être de mon être ?

Présence de ma présence.

Je crois que je peux marcher sans but
si je marche en ta Présence.

Je dois passer la peur
de ce grand vide qui m’effraie
parce que je crains d’y ressentir à nouveau
cette blessure de ne pas exister
pas aimé, pas accueilli, pas reconnu.

Et pourtant je suis là,
j’existe.
tu m’as donné la vie,
et, au fond de moi,
je sens mon être s’agiter,
il veut paraître,
il veut te louer,
il veut te rendre gloire
par le seul fait d’être.

Le vivant, voilà ta gloire.

Alors, aussi grande soit ma peur,
je lâcherai un à un mes oripeaux
et m’approcherai autant que je peux,
et je marcherai en ta Présence,
mon Seigneur et mon Dieu.
Ma vie.
Vie de ma vie.

Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il exultera pour toi et se réjouira

(Sophonie 3, 17)

Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.

(Ps 114,9)

 

Pentecote

 

J’avais l’intention de parler de la Pentecôte, du don de l’Esprit, honorer cette belle fête chrétienne. Mais je ne le peux pas… Pas à la manière dont je l’envisageais et peut-être ne le pourrai-je jamais plus. Trop de choses se bousculent en moi en ce moment.

Je voulais parler du corps et de l’esprit, ce pauvre amas d’os et de chair, promis à la mort tandis que l’Esprit nous anime et nous conduit à la vie éternelle. Je ne peux pas.

Ce n’est pas que j’ai perdu la foi, oh non ! Ce n’est même pas que mon discours était faux. Mais face au surgissement de l’être, quel discours puis-je tenir?

Ma Pentecôte, je vais vous la raconter, puisqu’elle est en train d’advenir dans ma vie. Que puis-je faire d’autre? Elle est là qui surgit tout à coup et elle ne ressemble à rien de ce qui était prévu. Pourtant je la reconnais bien. Car elle est une force de vie gigantesque qui est en train de jaillir, me bouleverse, me réconforte, me console, me fortifie à la fois. Elle est Paix, Amour, Joie, et plein d’autres choses en même temps et tout ça confondu.

Débordement d’amour.
Jaillissement de vie.
Torrents de compassion.
Je suis submergé,
et c’est bon.

Ah ça prend une drôle de tournure : au départ c’est comme si j’étais submergé par mes propres émotions. Et me voilà à dire ou à penser que je suis bien trop sensible, que ça ne se fait pas d’écouter ses émotions à ce point là et les laisser prendre le pouvoir, mais, mais… ai-je seulement eu le temps de vraiment le penser? Elles sont déjà là, elles m’entraînent avec elles. Je suis comme porté par une vague qui m’enveloppe et me protège, et me berce, et accueille mes larmes si longtemps contenues. Ces émotions n’étaient qu’une goutte d’eau à la surface de la vague qui m’entraîne

Une digue vient de se rompre.
Un mur, des murs, des verrous, que sais-je? qui sautent.
Ca ne fait même pas mal. C’est doux, c’est bon, c’est infini.

Où est-ce ? Je ne sais pas.
Ca surgit d’un fond de moi que je ne sais pas situer physiquement,
mais ça remplit aussi l’espace et le temps,
et me relie à d’autres qui le reçoivent aussi.

C’est immense.
Immensément bon.
Ma raison me dit de faire attention,
que peut-être ça va m’entraîner n’importe où,
ou que, peut-être, ça va s’arrêter et que je me retrouverai perdu et désemparé.
– Mais tais-toi donc ma tête, je ne t’écoute plus !

Il y a ce surgissement primal qui m’emplit et qui est si bon.
Tu comprends, c’est la vie, c’est la Vie qui revient,
la folie, la joie, la fête et la danse !

Mais d’où ça vient ? Je ne sais pas. C’est partout.
Ca vient de moi mais c’est aussi le coeur de mes amis,
mes bien nouveaux amis, c’est vrai.
Ils m’ont touché le coeur, ils ont touché mon être.
Il semble que mon être
attendait un mot, un geste, de vrai amour
pour se réveiller, se libérer, grandir,
venir habiter chez lui.

Et voilà, c’est le moment.

Le plus incroyable, et c’est cela ma Pentecôte,
c’est que nous parlions le même langage,
celui de l’Être.
Tu as vu? Je ne dis même plus celui du coeur.

Ils sont gays ou pas,
ils sont de France, de Suisse, d’Italie, du Canada …
Ils sont ma famille,
Ils m’accueillent comme tels.

Et tous ces débordements
qui m’affolent un peu, je dois bien le reconnaître,
ils les regardent avec gentillesse.
C’est naturel pour eux.

C’est le plus étonnant, d’ailleurs.
Le naturel avec lequel ils reçoivent
ce que nous appelons sensibilité
et qui est en fait l’accueil tranquille
de la puissance de Vie
déposée en chacun de nous.

Mon coeur est touché,
mon être se réveille.
Je baisse les bras, je laisse les armes.
Je ne veux que ça.
Toute ma vie, j’ai attendu ça, je crois.

Où cela m’entraîne-t-il,
De quoi demain sera-t-il fait ?
Je ne sais pas.
Je ne veux pas savoir.

Pour l’instant, je veux juste continuer
à sentir le Vent gonfler mes voiles,
ouvrir toutes les portes et les fenêtres de ma maison intérieure
et rejoindre le vent des amis
qui ont déjà le coeur ouvert
et m’invitent dans leur danse
déjà commencée.

C’est la fête de la Vie.

Bienheureux amis !

Z  – 14 mai 2016

Quand arriva le jour de la Pentecôte,
au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.

Soudain un bruit survint du ciel
comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis
en fut remplie tout entière.

Alors leur apparurent des langues
qu’on aurait dites de feu,
qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.

Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues,
et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

(Actes des Apôtres, 2, 1-4)

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Pas le temps de faire une grande éxégèse, mais comment ne pas relever les paroles si consolantes de la liturgie de ce jour, pour toute personne qui a entendu l’appel du Seigneur? Précisons quand même, je parle de l’appel à se laisser aimer.

Prenons le récit des Actes des Apôtres. Ce n’est pas l’application, même scrupuleuse, des rites ou des normes qui fait que l’on est sauvé.  C’est le lien indéfectible au Seigneur Jésus. Ce qui fait que la Promesse de la vie éternelle est faite à quiconque veut la recevoir en vérité, sans marchandage mesquin sur le respect des lois, le mérite, la préséance ou toute autre motivation venue de l’orgueil d’un ego qui n’a pas encore baissé les armes face à l’offre inconditionnelle d’un amour lui aussi inconditionnel.

Alors, oui, le salut peut être offert aux peuples, aux nations, à tous et chacun de toute culture,de toute origine. Et c’est l’esprit en paix, que  Paul et Barnabé peuvent partir en secouant la poussière de leurs sandales (obéissant en cela à une préconisation du Seigneur lui-même, rapportée dans les Evangiles), non sans laisser quiconque a reçu la promesse de la vie éternelle ( i.e. ceux qui peuvent, ceux qui sont disponibles) dans la joie. Car la Bonne Nouvelle de la proximité du Seigneur est joyeuse !

 Quand les Juifs virent les foules,
ils s’enflammèrent de jalousie ;
ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient.
Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance :
« C’est à vous d’abord
qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu.
Puisque vous la rejetez
et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle,
eh bien ! nous nous tournons vers les nations païennes.
C’est le commandement que le Seigneur nous a donné :
J’ai fait de toi la lumière des nations
pour que, grâce à toi,
le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. 
»
En entendant cela, les païens étaient dans la joie
et rendaient gloire à la parole du Seigneur

(Ac 13, 14.43-52)

Les textes de l’Apocalypse et de l’Evangile du jour sont, du coup, très évocateurs de la liberté des enfants de Dieu du moment qu’ils sont unis au Seigneur. Ce que le Seigneur a uni ne pourra pas être défait. “Nous sommes uns” dit Jésus,  comme “le Père et moi, nous sommes uns.”

Moi, Jean, j’ai vu :
et voici une foule immense,
que nul ne pouvait dénombrer,
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.
Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau,
vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.
(…)
l’Agneau qui se tient au milieu du Trône
sera leur pasteur
pour les conduire aux sources des eaux de la vie.
Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.

(Ap 7, 9.14b-17)

Seul critère : l’attachement au Christ. Plus encore que la confiance, l’adhésion, le choix du Christ. Il est précisé dans le’extrait de l’Apocalypse que le Seigneur rassemblera ses brebis et qu’il n’en perdra aucune, aucun de ceux qui se sont attachés à lui  – quelque soit sa condition, semble-t-il  ; le Seigneur a mission de les emmener à son Père. Quand cela arrivera-t-il?  Après la mort? Dès maintenant? Question  intéressante, pleine de sens et d’ouverture à laquelle il n’est pas répondu et que nous n’explorerons pas aujourd’hui.

En ce temps-là, Jésus déclara :
« Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle :
jamais elles ne périront,
et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données,
est plus grand que tout,
et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »

(Jn 10, 27-30)

Mais retenons cette notion d’attachement. Quand mon  coeur est brûlant en vérité de la rencontre du Seigneur, quand mon être  s’est ouvert à l’Être grâce à la rencontre d’autrui, quand  la beauté de l’autre – à son corps défendant parfois – vient réveiller la beauté de l’Être en moi et me révéler qu’il m’appelle,  quand l’autre a réveillé quelque chose de divin en moi, comme l’invite à m’ouvrir toujours plus, je pose la question : même si cette relation est de nature homosensible (et encore, qu’est-ce que ça veut dire quand on en est là !), qui pourra me séparer du Seigneur?

Z.