Ne te plaira-t-il pas, Seigneur Jésus,
de me donner ta vie comme tu m’as donné ta conception?
Car non seulement ma conception est impure,
mais la mort est perverse, la vie dangereuse,
et après la mort, reste une mort plus grave, la seconde mort.Non seulement, répond-il, je te donnerai ma conception,
mais aussi ma vie,
et ma vie à ses différents âges :
la petite enfance, l’enfance, l’adolescence, la jeunesse ;
j’y ajouterai ma mort et ma résurrection, mon ascension
et l’envoi de l’Esprit saint.Ainsi ma conception purifiera la tienne,
ma vie éclairera la tienne,
ma mort détruira la tienne,
ma résurrection précédera la tienne,
mon ascension préparera la tienne,
tandis qu’en suite, l’Esprit viendra en aide à ta faiblesse.Alors tu verras clairement la voie où marcher,
la prudence avec laquelle marcher,
la demeure vers laquelle marcher.Dans ma vie, tu connaîtras ton chemin :
de même que j’ai gardé indéfectiblement les sentiers
de la pauvreté et de l’obéissance,
de l’humilité et de la patience,
de la charité et de la miséricorde,
toi, à ton tout, tu suivras mes traces
sans dévier ni à droite ni à gauche.Dans ma mort, je te donnerai ma justice,
je briserai le joug de ta captivité,
je combattrai tes ennemis,
ceux qui sont sur ta route ou à ses abords,
afin qu’ils cessent désormais de te nuire.Saint Bernard,
Deuxième sermon pour la Pentecôte, § 5