« Dès que j’entends dans la voix d’un homme,
cet accent de souffrance haineuse,
je me prosterne avec sympathie et jubilation…
C’est un frère. »Romain Gary, L’affaire Homme.
source image : photo partagée sur pexels
« Dès que j’entends dans la voix d’un homme,
cet accent de souffrance haineuse,
je me prosterne avec sympathie et jubilation…
C’est un frère. »Romain Gary, L’affaire Homme.
source image : photo partagée sur pexels
Si mes yeux si mes mains
Si ma bouche encor tiède
Si la terre et le ciel
Venaient à me manquerSi le vent n’allait plus
Porter dans sa nacelle
Mes oiseaux et la part
Infime du secretSi les tiges de blé
Qui ferment ton visage
N’éclairaient plus la route
Où j’avance à pas lentsSi ce poème enfin
N’était rien qu’un poème
Et non le cri d’un homme
En face de sa nuitMon Dieu serait-ce alors
Besoin de tant de larmes.René-Guy Cadou, le coeur définitif
Source photo : pinterest
Je n’en veux à personne
Mais, Dieu, que j’en ai bavé
Je n’en veux à personne
Mais comme cela a duré
Je n’étais que souffrance
Et je ne le savais pas
Je n’étais que souffrance
Cela ne se voyait pas
Tout semblait si futile
A mesure que j’avançais
Tout semblait si futile
Mon édifice s’écroulait
Dans le temps immobile
En moi des choses bougeaient
Dans le temps immobile
Enfin je me retrouvais
Et voilà que tu resurgis
Dieu de mon enfance
(Voilà que)
Tu me ramènes à la vie
Dieu de mon enfance
Il fallait tant de temps
Pour mener tous ces combats
Il fallait tant de temps
Pour que j’assure mon pas
Tu surgis de mon enfance
Toi qui m’as donné la vie
Tu me redonnes confiance
Tu es le Seigneur de la Vie.
Z- 15/10/2016
Source photo : Ronny Garcia Photography
Grâce à la chanson “Take me to Church“, postée sur Youtube, le chanteur Hozier a connu un succès phénoménal alors qu’il n’avait pas encore terminé l’album qu’il était en train de préparer. La voix, les paroles, le rythme entraînant, le scénario de son clip, tout concourt au succès de cette chanson. “Emmène-moi à l’église“, cela pourrait être ironique quand on sait la difficulté à reconnaître l’amour homosexuel par les religions et l’agitation récente concernant le mariage (civil !) entre personnes de même sexe.
Ironique, non, ça ne l’est pas. Hozier déclare lui-même ne pas être gay mais avoir voulu réaliser cette chanson pour s’indigner des persécutions faites aux personnes homosexuelles en Russie et autres régions du monde. Ainsi le clip montre comment se met en place la répression face aux homosexuels tandis que la chanson supplie : “Emmène -moi à l’église“. L’interprétation est libre, suivant l’imagination de l’artiste, car on cherchera en vain le lien entre les répressions sévères de tel ou tel pays et le rapport à l’église , sinon que… l’homophobie est partout.
“Emmène -moi à l’église“. Et pourquoi donc aller à l’église ? Pour se marier ? pas forcément. Pour être protégé peut-être, les églises ne sont-elles pas réputées pour être des havres de paix , des lieux où les persécutés de tout genre- faible, pauvre, oppressé – peuvent se réfugier et y voir reconnu leur droit à vivre ? Et puis surtout, l’église, n’est-ce pas le lieu du sacré ? Qui empêchera qu’un amour soit sacré s’il est don sincère de soi, émerveillement devant la présence et l’oeuvre de Dieu en l’autre, invitation à le louer et à partager le bonheur d’aimer ? Tout amour est sacré.
Alors, non, pas d’ironie, une blessure, un cri qui, à la fois, professe la pérennité de l’amour et dénonce l’hypocrisie de ceux qui, en Eglise, refusent l’hospitalité : si nous sommes des malades comme ils disent, eh bien Bon Dieu, rends -moi bon et accepte la vie que je te remets entre tes mains
TAKE ME TO CHURCH (Hozier)
My lover’s got humour
Mon aimé a de l’humour
She’s the giggle at a funeral
Elle (L’Eglise ) ricane lors des funérailles,
Knows everybody’s disapproval
Elle sait que tout le monde désapprouve
I should’ve worshipped her sooner
J’aurais dû pratiquer le culte plus tôt
If the heavens ever did speak
Si les cieux avaient pu parler
She’s the last true mouth-piece
Elle serait leur porte-parole
Every Sunday’s getting more bleak
Chaque dimanche est de plus en plus sombre
A fresh poison each week
Un poison frais chaque semaine
We were born sick
“Nous sommes nés malades”,
You heard them say it
Tu les as entendus dire ça
My Church offers no absolutes
Mon église ne m’offre aucune absolution
She tells me, “Worship in the bedroom.”
Elle me dit « Adore dans (le secret de) ta chambre »
The only heaven I’ll be sent to
Le seul Paradis auquel je serai envoyé
Is when I’m alone with you—
Ce sera quand je serai seul avec toi –
I was born sick, but I love it
Si je suis né malade, j’aime cela
Command me to be well
Dirige-moi pour que je sois bien
Aaay Amen. Amen. Amen.
Amen. Amen. Amen.
REFRAIN (X2) :
Take me to church
Emmène-moi à l’église
I’ll worship like a dog at the shrine of your lies
Je m’agenouillerai comme un chien devant le sanctuaire de
tes mensonges
I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife
Je confesserai mes péchés et tu pourras aiguiser ton
couteau
Offer me that deathless death
Offre-moi cette mort éternelle
Good God, let me give you my life
Bon Dieu, laisse-moi te donner ma vie
If I’m a pagan of the good times
Si je suis un païen des beaux moments,
My lover’s the sunlight
Mon aimé est la lumière du soleil
To keep the Goddess on my side
Pour garder la divinité de mon côté,
She demands a sacrifice
Elle exige un sacrifice
Drain the whole sea
Assécher la mer toute entière
Get something shiny
Trouver quelque chose de brillant
Something meaty for the main course
Quelque chose de consistant pour le plat principal
That’s a fine looking high horse
Voilà un bon moyen de monter sur ses grands chevaux,
What you got in the stable?
Mais qu’avez-vous trouvé dans l’écurie?
We’ve a lot of starving faithful
Nous avons plein de fidèles (loyalistes) affamés
That looks tasty
Ça a l’air délicieux
That looks plenty
Ça a l’air abondant
This is hungry work
C’est du travail d’affamé !
REFRAIN (X2) :
Take me to church
Emmène-moi à l’église
I’ll worship like a dog at the shrine of your lies
Je m’agenouillerai comme un chien devant le sanctuaire de
tes mensonges
I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife
Je confesserai mes péchés et tu pourras aiguiser ton
couteau
Offer me that deathless death
Offre-moi cette mort éternelle
Good God, let me give you my life
Bon Dieu, laisse-moi te donner ma vie
[pont musical]
No Masters or Kings when the Ritual begins
Ni maîtres ni rois lorsque commence le rituel
There is no sweeter innocence than our gentle sin
Il n’y a pas d’innocence plus douce que notre doux
péché
In the madness and soil of that sad earthly scene
Dans la folie et la boue de cette piteuse scène terrestre
Only then I am Human
Alors seulement je suis humain
Only then I am Clean
Alors seulement je suis pur
Amen. Amen. Amen. Amen.
Amen. Amen. Amen. Amen.
REFRAIN (X2) :
Take me to church
Emmène-moi à l’église
I’ll worship like a dog at the shrine of your lies
Je m’agenouillerai comme un chien devant le sanctuaire de
tes mensonges
I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife
Je confesserai mes péchés et tu pourras aiguiser ton
couteau
Offer me that deathless death
Offre-moi cette mort éternelle
Good God, let me give you my life
Bon Dieu, laisse-moi te donner ma vie
La chanson de Hozier a inspiré le danseur Sergei Polunin qui propose une chorégraphie magnifique dans la vidéo ci-dessous :
L’humour des carabins a toujours été spécial.
Sorte de démesure et de cynisme désabusé sur le corps humain,
empreints de sexualité débridée, de codes et de rites,
parfois jugés barbares jusque dans leurs bizutages.
Est-ce que la vue des corps humains dénudés,
dans leur beauté, dans leur laideur,
y est pour quelque chose ?
Ou bien le désappointement,
né d’un sentiment de toute puissance face au mystère de la guérison et de la vie
et qui fait tout relativiser, tout critiquer, tout déraisonner ?
Peut-être simplement le besoin d’évacuer la pression face à la souffrance côtoyée chaque jour,
le sentiment d’impuissance face aux maladies inexorables et la proximité certaine de la mort,
le besoin de dérision et de rire des corps, de la génitalité , de la sexualité,
quand tout ça…pour ça.
Pour finir comme ça.
Un ami médecin m’a confié un jour
qu’en caricaturant un peu, juste un peu,
on pouvait trouver deux grands familles de médecins :
les bienfaiteurs de l’humanité et… les fous, disait-il.
Les bienfaiteurs, toujours charitables, toujours aidants, toujours bienveillants,
parfois au risque de vous étouffer de prévenance, de bienveillance, de gentillesse,
de préconisations, – de prescriptions ! –
tellement ils voudraient soulager votre souffrance, vous guérir, vous rendre heureux !
Les fous, ceux en qui ce rapport intime avec la vie et la mort,
alimente un sentiment de toute puissance.
Ils savent tout sur tout, ils savent mieux que tout le monde,
ils savent et vous regardent parfois cette hauteur, qui frôle le mépris,
parce que vous ne savez pas, vous,
vous n’avez pas de pouvoir sur la vie, sur les gens,vous, quoi, alors !
Il paraît qu’on en trouve quelques-uns en politique,
la plupart se contenteront des insignes de l’argent.
Puissance, quand tu nous tiens !
Cet ami me disait que ces deux profils étaient reconnaissables dès la fac de médecine.
Quoiqu’il en soit,
la confrontation avec des corps souffrants, mutilés, déformés,
ça a de quoi troubler son bonhomme (ou sa bonne femme) d’une vingtaine d’années,
tout juste sorti de l’adolescence,
qui jusque là ne connaissait des corps que ce qui sert à conter fleurette,
et à qui on n’avait jamais dit qu’en médecine, des corps humains
c’est aussi du “matériel” (sic) sur lequel s’entraîner.
Et qu’éventuellement, pendant les études, si pas assez de décès et pas assez de matériel,
eh bien…rentrez chez vous, on ne pourra pas travailler aujourd’hui !
Besoin d’évacuer, besoin de rire,
besoin tout à la fois d’éprouver et de se moquer du plaisir des corps
et de la génitalité.
Dans ce contexte, ça peut paraître tellement dérisoire, tout ça.
Humour fameux et obscène des carabins…
Ben oui.
Alors sur les murs de certaines salles de garde,
on trouve des représentations de scènes dénudées et à connotation sexuelles.
On peut s’émouvoir, se choquer.
En France , une ministre s’émeut.
Viendra-t-elle, elle-même, soigner nos corps souffrants ?
Z.
>>>>>> Pour en savoir plus,lisez l’article publié sur slate.fr : la Tradition des scènes obscènes des salles de garde des hôpitaux parisiens <<<<<<<