Tais-toi.
C’est donc ainsi
Que j’ai été accueilli.
Tais-toi.
Ne fais pas de bruit,
Tu déranges !
Tais-toi.
Fais-toi oublier,
Rentre dans les normes.
Tais-toi.
Apprends à t’oublier,
Apprends à faire plaisir.
Surtout,
Ne dérange pas
Peut-on imaginer
Combien ce ressenti intériorisé,
Au point de l’oublier,
Peut marquer
Profondément la vie
D’un petit homme ?
Tais-toi :
Quand je ne sais pas exprimer mes désirs.
Tais-toi :
Quand je n’ai pas de préférence.
Tais-toi :
Quand je ne sais pas choisir un métier.
Tais-toi :
Quand je n’arrive pas à imaginer être aimé.
Tais-toi :
Quand il faut se dévoiler, se mettre en avant,
avec la trouille d’entendre d’autres « tais-toi ».
C’est bon.
Je ne me tairai plus.
J’écouterai
Profondément ce qu’il y a en moi.
Car cela parle en moi,
Cela parle beaucoup !
Tout ce que je suis,
Tout ce que je dois être
Tout ce que j’ai à être.
La partie de moi
Qui veut parler
S’exprimer
Comme on s’engage
Dans le monde.
La partie de moi sacrée
Qu’elle soit divine
Ou innée,
Qui avait reçu si violemment
Ce « tais-toi ! »
Et qui désormais
Veut se déployer.
Je parlerai,
Je vivrai.
Zabulon – 15/10/2016
“Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert…” (Psaume 115,10)
Source photo : Michel Giliberti, photographe