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Voici un témoignage, publié en février 2016 et traduit de l’anglais, qui illustre parfaitement un sujet déjà évoqué dans ce blog, à savoir celui de la bromance. Ce qui apparaît, c’est non seulement que les frontières entre hétérosexualité et homosexualité ne sont pas si claires qu’il n’y paraît et, surtout, que de nos jours les hommes peuvent exprimer beaucoup plus librement leur besoin de tendresse, y compris envers d’autres hommes.

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“Je ne comprends pas les jeunes de ces temps-ci.

OK, je sais que tout le monde dit ça passé un certain âge, mais laissez-moi vous expliquer.

Je ne pense pas que je sois vieux – je suis dans la moitié de la trentaine – mais j’imagine que je ne suis plus un jeune perdreau. Je vis dans une grande ville et j’ai un bon boulot au siège d’une entreprise de médias – rien d’extraordinaire mais assez agréable, et les gens, surtout, sont amusants. Et c’est d’une de ces personnes dont je parle en ce moment quand je dis que je ne comprends pas les jeunes.

Un des gars avec qui je travaille – je l’appellerai Simon parce que je ne veux pas utiliser son vrai nom au cas où il le trouverait! – est probablement la personne la plus amusante du bureau. Il est assez petit, les cheveux blonds désordonnés, et un sourire effronté ; il est toujours brillant et joyeux, c’est quelqu’un qui contribue à faire du travail un endroit amusant, que ce soit avec l’humour de ses commentaires ou simplement une conversation amicale. Il a environ 25 ans et n’a jamais mentionné quoi que ce soit à propos d’aimer les mecs – il a même parlé d’ex-petites amies et autres.

D’un autre côté, tout le monde sait que je suis gay – comme je l’ai déjà dit, je vis dans une grande ville et personne ne prend ça comme un gros problème ; c’est super de pouvoir être moi-même dans une telle situation.

Quoi qu’il en soit, tous les vendredis soirs, nous sortons tous prendre un verre après le travail, avec un grand nombre d’entre nous. Nous restons soit pour en prendre juste un, ou beaucoup, et pour être franc, il arrive qu’on soit assez emêchés ! Un vendredi, nous sommes tous allés à l’endroit habituel, et certains d’entre nous sont restés plus longtemps que nous n’aurions dû. Simon se plaignit qu’il était trop tard pour qu’il rentre chez lui, et j’ai suggéré que nous partagions un taxi jusqu’à chez moi, car je vis beaucoup plus près. C’était une idée raisonnable, et Simon était soulagé de ne pas avoir à rentrer chez lui.

Maintenant, laissez-moi d’abord préciser quelque chose – je n’ai jamais eu l’intention de faire quoi que ce soit avec Simon. Mon type habituel de mec, ce sont les grands et bruns, et de mon âge – un peu plus vieux, peut-être. Je n’ai jamais envisagé avoir une relation avec Simon.

Nous sommes arrivés chez moi et plutôt que d’aller dormir nous avons continué à boire – j’avais une bouteille de vin à la maison, et, comme je l’ai dit, Simon est un type tellemment agréable. Nous avons fini par user la bouteille et penser à aller au lit. J’ai commencé à installer le canapé avec des coussins et des couvertures, mais Simon a dit qu’il préférait dormir dans le lit et se blottir contre moi, et que de toute façon le lit serait plus confortable que le canapé.

Évidemment j’étais un peu confus … pourquoi voudrait-il se blottir contre moi s’il est hétéro ? Mais en tout cas, nous nous sommes couchés et recroquevillés. Simon attrapa mon bras et le tira autour de son épaule pour que je l’entoure… Je ne savais pas vraiment quoi faire, alors je me suis blotti un peu contre lui.

‘Oh, j’aime vraiment être câliné !’ a-t-il dit, puis nous nous sommes endormis.

Le lendemain matin, nous nous sommes réveillés et nous avons passé toute la matinée au lit, à nous câliner et à bavarder. Je me suis levé et ai fait le petit déjeuner … c’était comme si j’avais un petit ami !

Et ce n’était que la première fois. C’est devenu une chose habituelle maintenant – comme je l’ai dit, il est plus facile pour lui de prendre un taxi pour venir chez moi quand il est tard. Nous nous réveillons donc souvent dans les bras l’un de l’autre. Mais il ne s’est rien passé d’autre. Et il est tellement adorable et tactile que je peux facilement imaginer qu’il aime juste faire des câlins. Et ces jours-ci … eh bien, beaucoup de jeunes, surtout dans ma ville, sont devenus si habitués à l’idée que deux mecs soient ensemble que je pense que même les hétéros sont beaucoup plus à l’aise avec leur sexualité. Alors peut-être est-ce juste qu’il est amical, et d’une génération différente, plus jeune et plus libre, et qu’il ne s’agit vraiment que de se faire des câlins.

Ou peut-être attend-il désespérément que je fasse un geste ! Comme je l’ai dit, je ne sais pas. Je ne comprends pas les jeunes de ces temps-ci !”

Johnson Alex, I’ve experienced my first gay casual sex
publié sur weaws.com

Source photo : Spooning Klaine par Nic Wise sur Deviant Art

Amour, sexe et tendresse…

Amour, sexe et tendresse. Je pose ces mots sans savoir encore ce que je vais en dire, mais je sens confusément en moi qu’il faut que j’en parle, que j’ai quelque chose à éclaircir à ce sujet. Amis lecteurs, le croirez-vous que vous allez découvrir ce que j’en dis de la même manière que je vais le découvrir aussi ?

Par quoi commencer ? Par poser les termes peut-être pour y voir plus clair, et par celui qui assurément va faire monter le taux de clics de cette page : le sexe.

Sexe

Nombre de gays ont un rapport au sexe quasi compulsif. L’entrée en relation semble se faire d’abord par le rapport au corps et la possibilité d’une relation sexuelle. Pour certains, cela est ancré de manière si ancienne et habituelle que parler d’amour, même si cela reste l’idéal de tout un chacun, c’est pour ainsi dire parler chinois. La prégnance du besoin sexuel est telle que l’amour, et donc la rencontre réelle des personnes passe à côté.

La fascination pour la beauté du corps masculin n’aide pas. On est fasciné par un corps beau et jeune, un corps qui ne vieillit pas. Or, c’est notre lot commun : nous vieillissons, nos relations vieillissent avec nous. L’attirance sexuelle que je ressens, de manière idéale pour ne pas dire fantasmatique, pour tel corps, se maintiendra-telle à travers les âges ou serais-je sans cesse en recherche de l’autre au corps idéal, tel un rocher qui ramène sans cesse au même point le Sisyphe que je serais devenu ?

Dans le registre « sexe », il y a aussi, cette soif de performance sexuelle et ce désir, rarement assouvi par le corps seul, de plaisir, de goût de vivre, de se ressentir vivant. Mais, si ce n’est qu’avec le sexe, de manière si éphémère, si triste parfois quand la personne avec qui se commet une relation sexuelle ne représente rien à nos yeux… il n’y a pas d’amour, pas de tendresse. Et si, gestes de tendresse, il y a, c’est avec ce sentiment d’usurpation, de fausseté, ou même de dégoût a posteriori, parce qu’ils ne sont pas reliés à l’amour.

Oui, je pense que le sexe seul est triste.

Tendresse

Peut-être est-ce le besoin fondamental de l’humanité. Fondamental au sens de vital, fondamental bien avant l’amour dont il est pourtant une manifestation. Fondamental, parce que même si la tendresse semble sortie des contingences matérielles, elle est à poser à la base de la pyramide de Maslow au même titre que les besoins vitaux : manger, boire, dormir, être en sécurité.

Nous avons tous besoin de tendresse, même les plus carapacés d’entre nous.

Nous en avons eu besoin en notre enfance et nous en avons besoin tout au long de notre vie.

Il est possible que les personnes homosexuelles aient un rapport à la tendresse différent, soit qu’elles en aient eu davantage besoin, soit qu’elle leur ait spécialement manquée, ou pour d’autres raisons encore. Il me semble cependant que tous, quelle que soit notre orientation sexuelle, nous avons besoin et aurons besoin de tendresse toute notre vie même si les modalités peuvent changer.

Pour ce qui me concerne, je sais à quel point ce besoin est présent pour moi. Je ne suis pas totalement dupe que j’ai besoin de la tendresse que je n’ai pas reçue suffisamment quand j’étais enfant avec le risque de connoter toute relation nouvelle de ce besoin de tendresse qui ne lui appartient pas forcément. En clair, j’ai besoin de sentir mon cœur s’épancher envers quelqu’un et sentir un retour à cet épanchement, j’ai besoin que cela se manifeste par des gestes de tendresse, le toucher, les bisous, que sais-je encore ! Autant de marques qui me restaurent dans mon existence, mon plaisir à être là aujourd’hui en relation avec les autres et l’univers, à m’y sentir le bienvenu et à ma place. Mais ce besoin vient de tellement loin, du fond de mon enfance, que le risque est grand de faire jouer à des relations actuelles le rôle de pourvoyeur d’une tendresse autre que celle qu’une relation égalitaire devrait apporter.

A travers la tendresse, c’est la reconnaissance de l’être qui se joue, le droit à exister.

Parce qu’elle peut s’exprimer par l’usage de son corps et donc par des gestes sexuels, il est facile de confondre tendresse et sexualité. Parce qu’elle remue tout l’être dans son entier, il est facile de confondre la tendresse (que ce soit des élans spontanés de tendresse envers quelqu’un, comme la circulation de tendresse entre personnes) comme de l’amour. Le risque de confusion est permanent.

Une des plus grandes confusions pour moi est celle entre l’amitié et l’amour. Ce besoin naturel de reconnaissance et de tendresse qu’apporte et entretient l’amitié peut se fondre dans ce besoin encore plus immense d’exister, d’être touché, caliné, reconnu, et muter en un désir sexuel inapproprié ou se confondre avec l’état amoureux. Les deux semblent si proches…

Amour

Tant de poèmes, tant d’écrits mystiques, tant d’ouvrages sur le sujet. A-t-on jamais fini de comprendre et expliquer l’amour ? Il semble qu’on tourne autour, cherchant des mots pour le dire alors qu’il est au-delà des mots. Il est l’expérience d’une Présence à soi et à l’autre qu’aucun mot ne sait enfermer pour le décrire.

Il me semble qu’une des différences avec la tendresse est que dans cette Présence à Soi et à l’Autre, l’amour nous décentre de nous–même et nous révèle par l’Autre. Bien sûr, quand j’aime, je m’aime moi-même comme aimant – ressentant l’amour donné – et aimé – ressentant l’amour reçu, mais je ne suis pas dans la recherche d’une tendresse qui viendrait confirmer ou nourrir mon être. En tout cas, pas immédiatement. Quand j’aime, je me perds dans l’autre, sa beauté intérieure m’a invité et je me suis allé à plonger dans cet océan infini qui curieusement parle aussi de moi même si je ne m’en aperçois qu’après. L’autre, oui, est cet océan dans lequel je plonge, fasciné, appelé par tant de beauté qu’il s’agirait de ne surtout pas abîmer. Oui je deviens serviteur de cette beauté qui me parle, je deviens « gardien » de mon frère/ ma sœur, au sens biblique.

On peut donc aimer gratuitement. On peut aimer sans retour. On peut aimer solitaire. On peut aimer au fond d’un monastère. On peut aimer l’humanité entière. On peut aimer Dieu, la divinité, le mystère divin. On peut être l’Ami de l’Aimé.

Et puis, il y a ces fois – rarissimes ? – où la beauté infinie de l’autre rencontre notre propre beauté infinie, ces fois où les deux océans semblent se mirer l’un dans l’autre, se reconnaître, s’appeler et s’inviter l’un l’autre.

Deux océans qui se reconnaissent. Ou, également, dans mon expérience, deux paix qui s’éprouvent en même temps comme se donnant, et se nourrissant l’une l’autre, et l’une à l’autre sans qu’aucune n’en soit l’origine. Peut-être cela est-il vrai aussi de la Joie telle qu’elle est décrite dans les effusions post Résurrection des premières communautés chrétiennes, cette Joie indicible, communicative, qui se donne, se transmet et fait naître à la découverte fondamentale qu’on est Aimés une fois pour toutes !

Eh bien voilà, je ne savais pas où j’allais en écrivant cet article. Je ne prétends pas avoir tout dit sur le sujet mais j’ai le sentiment d’avoir éclairci quelques points pour moi en les verbalisant. Pour conclure, il me semble important de relever que, amour, sexe et tendresse, souvent les trois sont liés mais peut-être pas dans le bon ordre et que nos besoins fondamentaux d’être aimés et reconnus dans l’amour nous font parfois confondre l’un avec l’autre. A défaut d’être Aimé, (et de s’aimer soi-même ?) donner ou recevoir un geste de tendresse ou se ressentir vivant dans la sexualité… Mais, il me semble, ce n’est pas le chemin. Pas mon chemin.

Je voudrais… si sexe il y a, qu’il y ait d’abord de la tendresse, et, si tendresse il y a, qu’elle ne s’origine pas seulement dans le besoin de l’enfant qui n’en a pas eu assez mais qu’elle soit celle de l’amour qui s’épanche naturellement de l’un à l’autre, ici, maintenant.

La tendresse s’il y a lieu, de même que l’exercice de la sexualité, ne sont alors que des cadeaux conséquents à l’amour donné et reçu vers et par l’autre. Cadeaux, conséquences, pas immédiatement nécessaires, mais donnés et reçus, avec beauté, avec bonté.

Du coup, pour ma part, j’ai envie de faire du #FAUVE, et de dire :

Tu entends l’univers ? Je sais que l’Amour existe, je sais qu’il est fait pour moi. Alors, oui, on a déconné, on a perdu du temps. Mais là j’ai compris, je viens. Je le sais que j’ai besoin d’amour, et je le sais que cet amour, on peut le partager. Alors, tu entends l’univers, j’arrive, je viens. Je le veux cet amour. Je l’attends cet amour complet et irrésistible qui me précède et qui est plus grand que moi, je veux le rejoindre, le goûter et le partager.

Tu entends l’univers, j’en ai besoin. Alors s’il te plaît, donne-moi de le connaitre, de l’éprouver dès ici-bas, à travers l’amour d’une personne en particulier ou à travers l’amour de l’humanité en entier, c’est toi qui vois.

Z – 26/11/2017

Tu nous entends l’Amour? Tu nous entends?
Si tu nous entends, il faut que tu reviennes parce qu’on est prêts maintenant, ça y est
On a déconné c’est vrai mais depuis on a compris
Et là on a les paumes ouvertes avec notre cœur dedans
Il faut que tu le prennes et que tu l’emmènes

FAUVE # BLIZZARD

Tu nous entends l’Univers? Tu nous entends?
Si tu nous entends, attends-nous! On arrive
On voudrait : tout comprendre, tout savoir, tout voir, tout vivre
On cherche la porte du nouveau monde pour pouvoir s’y fondre en grand
Tu nous entends toi qui attends? Tu nous entends?
Si tu nous entends souviens toi que t’es pas tout seul. Jamais
On est tellement nombreux à être un peu bancals un peu bizarres
Et dans nos têtes il y a un blizzard
Comme les mystiques losers au grand cœur
Il faut qu’on sonne l’alarme, qu’on se retrouve, qu’on se rejoigne
Qu’on s’embrasse, qu’on soit des milliards de mains sur des milliards d’épaules
Qu’on se répète encore une fois que l’ennui est un crime
Que la vie est un casse du siècle, un putain de piment rouge
Nique sa mère le Blizzard
Nique sa mère le Blizzard
Tout ça c’est fini

FAUVE # BLIZZARD

photo : extraite du film La contrée des orages (2015)

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Voici un article, déjà assez ancien (31 août 2015) trouvé en espagnol, que je reproduis ci-dessous en version française. Il envisage la question des hommes hétéros qui se laissent parfois aller à une rencontre avec un autre homme sans remettre en cause leur identité hétérosexuelle. L’article est intéressant tant pour le commentaire de Salvador Nuñez qui nous introduit à cet article que pour l’avis des psychologues et sexologues qui s’expriment dans l’article. En creux, bien que cette question ne soit pas traitée ici, cela soulève aussi la question de la possibilité sexuelle de l’amitié, de la bromance et de la situation des hommes qui découvrent ou acceptent leur orientation homosexuelle après s’être mariés avec une personne de l’autre sexe. Cela pose aussi la question de la “peur” d’être gay…Si je suis attiré par un homme, suis-je gay? … Est-ce que la réponse a de l’importance du moment que c’est un chemin d’épanouissement?
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Existe-t-il des hommes “hétéros” qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes?

Je pense que pour beaucoup, cette question simple semble illogique. Cependant, il est toujours utile d’entendre un peu ce qu’ont à dire les psychologues spécialistes de ce sujet. Ce qui est clair pour moi, c’est qu’aujourd’hui beaucoup de modalités, de comportements, et même de rôles sexuels, sont en train d’être redéfinis. J’ai toujours cru que nous agissions beaucoup en fonction de nos croyances, de notre éducation, de notre religion, de nos préjugés, etc. La plupart des gens montrent une image mais à l’intérieur ils sentent quelque chose de complètement différent. “Nous voyons les visages ; des coeurs ou des caleçons, nous ne savons rien.”

Je partage l’article suivant que j’ai trouvé très intéressant et qui m’a fait beaucoup réfléchir.(…) En fin de compte, nous donnerons chacun notre opinion en fonction de nos croyances. Il ne s’agit pas de voir qui a raison ou non, mais simplement de réaliser comment l’être humain expérimente les occasions qui lui sont données. Personnellement, j’ai tendance à penser que nous naissons presque tous «bisexuels» et que selon les expériences de la vie, de l’éducation et autres, nous définissons notre orientation sexuelle. Ceci sans inclure les personnes trans. Peut-être ce commentaire fera-t-il fuir beaucoup de gens, mais c’est mon opinion “très personnelle”. C’est pourquoi je voudrais partager cet article beaucoup mieux informé.

Il y a quelque chose que je veux souligner:

Sans aucun doute, les temps changent, les habitudes changent, nous avons vu différents comportements sexuels à travers le temps et nous continuerons à les voir. Je pense que nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine et le jour où nous commencerons à prioriser ce que nous avons à l’intérieur et non ce que nous faisons ou cessons de faire, nous commencerons à vivre librement en respectant la vie des autres et nos propres besoins.

L’être humain crée des accords, des contrats dans ses relations. Chaque couple est différent. N’oublions pas qu’à ce jour nous continuons à ne suivre que des apparences. “Tout ce que beaucoup de gens voient aujourd’hui et cela fait peur, a toujours existé, ce qui se passe c’est que maintenant nous avons décidé d’être libres et de cesser de nous cacher.”

L’article d’elpais.com :

Oui, vous avez bien lu: il y a des hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes et ne sont pas homosexuels. C’est plus commun que certains ne le pensent. La chose est très simple: un homme hétérosexuel en rencontre un autre (dans un bar, à travers un réseau social, peu importe comment) et ils décident d’avoir une relation sexuelle. De plus, ils trouvent cela satisfaisant. Ensuite, chacun poursuit sa vie parfaitement hétéro, sans que cette rencontre ne les fasse douter de leur orientation. Qu’est-ce qui pousse certains hommes à ces pratiques ? Et, pourquoi est-il incorrect de les qualifier d’homosexuels?

De nos jours, l’acceptation de la diversité sexuelle est beaucoup plus grande que par le passé. “Comme il y a une plus grande tolérance, nous sortons tous un peu de nos placards“, explique Joan Vilchez, psychologue clinicien, psychothérapeute et sexologue. “Les hommes qui ne se sentent pas complètement satisfaits peuvent avoir l’opportunité de relations avec d’autres femmes, avec un homme ou d’essayer certaines pratiques qui, en d’autres temps, étaient censurées.” Pour Juan Macías, un psychologue spécialisé dans les thérapies sexuelles et conjugales, « des concepts tels que hétéroflexible ou hétérocurieux permettent aux hommes d’explorer leur sexualité sans avoir à remettre en question leur identité en tant qu’hétérosexuels ». D’autre part, Internet facilite le contact, qui peut être virtuel ou physique.

L’orientation sexuelle est construite socialement, ce sont des catégories rigides et excluantes, avec des implications qui affectent l’identité individuelle et sociale

Juan Macias, psychologue

Pour les spécialistes, c’est la chose la plus naturelle au monde, en partant du principe qu’une chose est l’orientation sexuelle d’un individu et une autre les pratiques qu’il accomplit. “L’orientation sexuelle”, explique Macías, “est construite socialement, ce sont des catégories rigides et excluantes, avec des implications qui affectent l’identité individuelle et sociale”. Forcément, il faut s’inscrire dans l’une de ces trois classifications: hétérosexuelle, homosexuelle ou bisexuelle. En même temps, “la pratique sexuelle est plus souple et plus libre, ce n’est un concept descriptif. Cela ouvre un espace extraordinairement sain dans lequel l’exploration du désir est libérée de l’identification à une orientation sexuelle”, explique Macías.

C’est tellement naturel que cela vient de loin. Qu’un homme en couple avec une femme ait un amant n’était pas inhabituel dans la Rome antique. Sans parler de ce qui se passait pendant les bacchanales. Et les jeunes de toutes les époques ont eu recours à des passe-temps pour exprimer leur pulsion sexuelle. “A l’adolescence il est assez fréquent qu’il y ait des jeux avec une certaine génitalisation : pour voir qui pisse plus loin, pour voir qui a la plus grosse, on y touche …”, dit Joan Vílchez. “Ca n’en est pas moins  des incursions homosexuelles, mais le modèle hétérosexuel prédomine encore et elles ne se réalisent qu’à travers les transgressions propres à la jeunesse”, indique le psychologue.

Un nouveau modèle : SMSM

En 2006, une étude sur la discordance entre le comportement sexuel et l’identité sexuelle, menée par des chercheurs de l’Université de New York (USA), a révélé que 131 hommes sur les 2.898 analysés avouaient avoir des relations avec des hommes bien qu’ils se définissent comme hétérosexuels. Selon les experts, ils représentaient 3,5% de la population. Depuis des années, les médecins utilisent l’acronyme HSH pour désigner tous les hommes (hétérosexuels ou homosexuels) qui ont des rapports sexuels avec des hommes. Mais, récemment, un autre acronyme plus précis a émergé pour définir ce groupe: SMSM (straight men who have sex with other men, hétéros qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes). Les portails Web tels que Straightguise.com sont consacrés à ce sujet.

En juillet dernier a été publié aux Etats-Unis le livre Not gay: sex between white straight men (Pas homosexuel :le sexe entre des hommes blancs hétérosexuels)”, dans lequel le professeur Jane Ward, de l’université de Californie, a développé l’approche suivante : une fille hétéro peut embrasser une autre fille, elle peut aimer le faire et même alors elle est toujours considérée comme hétéro; et même son petit ami peut l’encourager. Mais les garçons peuvent-ils éprouver cette fluidité sexuelle? Ou embrasser un autre garçon signifie-t-il qu’ils sont gay? L’auteur estime qu’il s’agit d’un nouveau modèle d’hétérosexualité qui n’est pas défini comme le contraire ou l’absence d’homosexualité.“L’éducation des hommes a été plutôt homophobe. Ils ont été amenés à croire qu’il n’est pas naturel d’avoir ces impulsions envers les autres hommes », explique Joan Vilchez.

Des explications, des explications

Le profil le plus répandu est celui de l’explorateur sexuel: celui qui aime essayer de nouvelles choses.

Les motivations, comme c’est logique, sont multiples. Le profil le plus répandu est celui de l’explorateur sexuel: celui qui aime essayer de nouvelles choses. «L’expérience d’une relation homo est nouvelle, et bien qu’il l’ait aimée, nous ne pouvions pas dire qu’il est homosexuel, mais il aime cette pratique», explique le Dr Pedro Villegas, médecin de famille et sexologue. Le psychologue Joan Vílchez partage cette idée. “La bisexualité est très à la mode, et en réalité nous sommes tous bisexuels: si vous fermez les yeux, il vous sera difficile d’identifier qui vous caresse, que ce soit un homme ou une femme. Il n’y a pas un homme qui soit gay à cent pour cent ou hétérosexuel à cent pour cent”, dit-il.

Une autre cause est un certain désenchantement avec les femmes, fréquent après quelques ruptures conjugales. Joan Vílchez explique: “Quand un couple hétérosexuel est en crise, certains hommes ont l’impression de ne pas comprendre les femmes, d’être incapables de s’entendre avec elles et c’est comme si ils se mettaient à regarder ailleurs. Il y a une sorte de régression, ils reviennent à ce stade antérieur où les hommes se sentaient bien ensemble, comme à l’adolescence. Dans de nombreux cas, c’est un besoin affectif plutôt qu’un besoin sexuel réel”.

En effet, pour ce spécialiste, ces relations érotiques masquent parfois un besoin d’affection que l’homme n’a pas l’habitude d’exprimer: « Chez les hommes, il y a une grande tendance à la génitalisation. Entre la tête et les organes génitaux nous avons le cœur, qui représente les sentiments, et les tripes, qui symbolisent les comportements les plus viscéraux et les émotions les plus intenses, et c’est comme si les hommes avaient appris à les contourner : nous sommes passés directement de la tête aux organes génitaux sans vraiment vivre les émotions. Pour les femmes, pourtant réprimées dans leur sexualité et la peur de la grossesse, le contraire se produit: elles ont du mal à génitaliser. Pour un homme, c’est parfois plus facile de le faire que d’exprimer des émotions plus subtiles ou de dire à un autre homme : « C’est que je me sens insécurisé, j’ai peur, je me sens faible, je ne sais pas ce que je veux ».

L’impulsion narcissique

Parmi les hommes hétérosexuels qui couchent avec des hommes, il y a aussi beaucoup de narcissiques. “C’est celui qui aime être remarqué. Il se donne beaucoup dans les gymnases: il aime susciter l’admiration et ne se soucie pas que cela vienne d’hommes ou de femmes », explique Eugenio López, psychologue et sexologue. D’autres veulent simplement flirter et aller dans des lieux gay à sexe rapide parce qu’ils pensent que ce sera plus facile pour eux.

Il y a des hommes hétérosexuels qui sortent avec des hommes parce qu’ils aiment ça; d’autres, parce qu’ils n’ont pas le choix: pensez aux personnes privées de contact avec les femmes pendant de longues périodes (est-ce que les protagonistes de Brokeback Mountain étaient gays ?) “L’être humain est gouverné par ses pensées”, explique Eugenio López. “Et si vous pensez que vous perdez votre sexualité à cause du manque de femme, vous pouvez la réaffirmer avec un autre homme. Cela commence généralement avec un simple toucher.”

S’il n’y a pas de conflit, il n’y a pas de problème

Certains de ces nouveaux hétérosexuels ont pu ressentir ce type d’impulsion dans le passé et n’ont pas osé franchir le pas. “Puis viennent les circonstances de la vie qui l’apportent comme sur un plateau et ils décident de la vivre, mais cela génère un conflit parce que d’un côté cela leur donne du plaisir mais de l’autre menace un peu leur statut et leur image: “En suis-je ou pas?”, se demandent-ils,” dit Joan Vílchez. Peuvent être aussi troublés ceux qui arrivent au SMSM par l’absence de figure paternelle positive dans leur enfance: “Parfois, pour renforcer leur masculinité, ils s’intègrent dans des activités ‘d’hommes’ (football, gym) ou bien ont des contacts sexuels avec d’autres hommes, bien que ce qu’ils recherchent c’est avant tout de la compréhension et de l’affection”, ajoute Vílchez. Les psychologues s’accordent pour dire que leur intervention est superflue, à condition que ces expériences ne provoquent pas de conflit dans le sujet. “Si lui, cela ne le dérange pas, il n’y a rien à traiter”, conclut Pedro Villegas.

Source texte et image : salvadornuñez.com et elpais.com

Je ne sais pas si je suis gay ;
Ce que je sais,
C’est que je suis bien avec toi.

Je n’ai jamais pensé faire l’amour avec toi,
Juste, je suis bien avec toi.

Lorsqu’il m’arrive d’avoir des érections
Du fait de ta présence ou de mon imagination,
Je m’en veux et m’efforce de passer à autre chose,
C’est seulement d’être bien avec toi qui me plaît.

Ce sentiment de plénitude,
D’accomplissement,
De présence.

Ta présence à côté de moi,
Ton souffle tranquille quand tu dors,
Le son de ta voix quand tu me parles,
Ton regard qui me couvre d’amitié,
Tout cela fait qu’avec toi je suis bien.

Bien sûr toucher ta main, te frôler,
Te sentir du bout de mes doigts ou de mon corps
Cela me plaît aussi mais pas comme un plaisir érotique.

C’est juste l’essor naturel de notre lien,
L’assurance tranquille d’un don de l’un à l’autre
Et de sa réception.
La tranquille certitude d’être aimé
Et de le partager.

Je ne sais pas si je suis gay,
je suis juste bien avec toi.

Ca ne m’empêche pas de penser aux filles
Et même d’éprouver de l’attirance pour telle en particulier,
Mais tu demeures mon ami à jamais,
C’est vers toi que revient sans cesse mon coeur.

Les autres amis sont les bienvenus aussi,
Les tiens, les miens, comme des cadeaux de l’univers,
Mais tu es celui qui comble mon attente,
Cette attente que j’ignorais et qui tout à coup
Se trouve à la fois dévoilée et remplie.

Où est la part d’accueil,
La part de don,
La part d’échange,
La part de désir ?
Je ne sais pas.

Quelle est la part du corps,
Celle de l’instinct sexuel ?
Je ne sais pas.

Il y a juste cette tendresse magnifique
Qui se révèle.

Elle m’a pris au dépourvu,
Elle touche sans le dire mon besoin d’amour
Et le comble en même temps.

Tellement intensément
Immensément
Et simplement
Que je veux bien l’appeler
Amour
Ou Dieu.

Amitié, amour…
Signe de Dieu, signe d’humanité…

Dévoilement de ma sensibilité,
Homosensibilité ?

La vérité, mon ami,
C’est qu’après toutes ces années,
Lorsque tu viens en mon souvenir,
Tout cela est encore présent
Comme au premier jour,

Et que je ne sais toujours pas
Si je suis gay ou pas,
Je suis seulement bien avec toi.

Zabulon – 30 sept 2017 – à V.

Source photo : Warwick Rowers

Il m’est revenu l’autre jour ce drôle de souvenir. Un fait insignifiant en soi dont je ne m’étais jamais aperçu qu’il m’avait marqué à ce point.

J’étais alors étudiant dans une ville de province. Encore jeune, passablement immature et totalement dans le déni de l’homosexualité. La mienne,bien sûr, mais d’une manière générale, toute homosexualité. Je vivais dans un monde où elle n’existait pas, où elle ne pouvait pas exister. Le mot-même, homosexualité, n’était jamais prononcé en ma présence. Ce n’est que plus tard que j’ai compris, par exemple, que lorsque mes parents prenaient un air entendu en désignant quelqu’un avec une formule telle que “il est spécial” ou “il est différent”, cela voulait dire qu’il était attiré par le même sexe. Et si, par hasard, on quittait le mode allusif pour évoquer quel “malheur” arrivait dans une famille de nos connaissances, sans que je me souvienne bien des mots employés, je comprenais qu’il s’agissait là d’une maladie, bien triste et handicapante, mais d’une maladie qu’il ne fallait désirer pour personne.

Bref, j’étais jeune, en bonne santé, pas malade pour un sou. J’étais étudiant, avec une chambre seul dans une grande ville nouvelle, tout heureux de la liberté d’être un grand, autonome, loin des parents. J’étais pétri d’idéaux, j’aimais la vie, mes amis, mes études. J’étais naïf, idéaliste, pas encore déniaisé.

Ainsi donc, un midi, je devais retrouver ma bande d’amis qui vivaient en coloc’ dans une grande maison où ils accueillaient largement, pour que nous allions ensemble en cours. Pour ma part, timide et désargenté comme j’étais, j’avais refusé leur hospitalité pour rentrer déjeuner rapidement dans mon studio. Et maintenant je marchais d’un pas rapide pour les rejoindre.

Mon itinéraire me faisait passer devant le restaurant universitaire dont j’aurais pu également bénéficier si ce n’est que la file d’attente était toujours interminable, la nourriture objectivement infecte et le prix du ticket déjà trop cher pour moi puisque j’arrivais à manger pour moins en me débrouillant tout seul.

Dans la rue, personne. Je longe distraitement et d’un pas rapide le bâtiment, le long des voitures garées en épi. Vides, comme la rue est vide. Tout le monde doit déjeuner. Jusqu’à ce que mon regard soit absorbé par un couple à l’avant d’une voiture.

Ici, les mots ne vont pas être assez rapides pour décrire en temps réel tout ce qui a pu se passer en moi. Imaginez. Je passe le long de la route, sans faire attention à rien. J’avise les voitures vides au fur et à mesure que je les passe et là… Tiens non, il y a quelqu’un et… oh, oh… deux hommes qui… deux hommes qui s’embrassent.

J’ai le souvenir d’une confusion de temps. Je me vois marcher tout à coup les yeux fixés sur ce couple qui s’embrasse avec tendresse et ne réaliser que quelques pas plus tard ce que je viens de voir : deux hommes qui s’embrassent.

Tellement inattendu que j’en viens à m’arrêter, à me planter là le temps de réaliser et furtivement tourner la tête en arrière pour regarder si j’ai bien vu. Oui, deux hommes qui s’embrassent.

Confusion du temps, confusion des sentiments. Pourquoi ai-je besoin de regarder cela? Pourquoi est-ce que je me sens troublé au fond de moi? Pourquoi l’impossible peut-il se montrer là devant moi, à portée de regard, de voix, presque de toucher ?

Je ne peux pas rester planté là éternellement. On va me remarquer. Quand j’y repense, il me semble que ce qui me gênait le plus, ce n’était pas que les deux hommes s’aperçoivent que je les regarde, mais c’est qu'”on” s’aperçoive que je les regarde. Comme si j’allais être découvert. Comme si j’allais découvrir quelque chose que je ne voulais pas découvrir et que j’étais encore en train de nier.

Je décide de bouger. J’avance de quelques pas et, comme si j’étais observé, je fais le geste de me raviser comme si j’avais oublié quelque chose, mais je ne veux pas revenir face à eux et risquer qu’ils me voient. Je descends alors sur la chaussée, je longe l’arrière des voitures et reviens vers eux en marchant le long des stationnements sur l’avenue.

A quelques pas de l’arrière de leur voiture, je m’arrête et les regarde : ils s’embrassent et se parlent avec tendresse. Un des garçons vient de sa main caresser la joue de l’autre. Avec beaucoup de tendresse. Tellement de tendresse… Je note que cette joue est légèrement poilue, mal rasée, et ce détail viril me semble tout à coup incongru. Deux hommes qui s’embrassent, et ce sont de vrais hommes. Peut-être parce que je me vis encore comme un grand ado, à la peau encore largement imberbe, je me dis : “ça, ce n’est pas pour moi”, je détourne les pas et reprends mon chemin.

Je ne l’aurais avoué à personne et je n’en ai d’ailleurs jamais parlé à quiconque, mais Dieu que j’étais troublé ! Quelque chose en moi s’éveillait, comme une sorte de révélation : “Donc, c’est possible…”

En retrouvant mes amis, je devais avoir du rouge au visage et être différent. “Qu’est-ce qui se passe? Tu as couru? Ca va ?” demandèrent-ils. Et j’étais incapable de leur dire la vérité puisque j’étais incapable de me la dire à moi-même. Pas question que je laisse monter ce trouble en moi, pas question que je le laisse apparaître. Oui, j’étais alors incapable d’accepter que je venais d’être touché, fasciné et séduit par ce que je venais de voir : juste deux hommes qui s’embrassent.

Zabulon – 30 mai 2017

Source photo : deux hommes qui s’embrassent dans la série Brothers & Sisters