Et si je t’aime, resteras-tu ?
Et si je t’aime, me laisseras-tu en aimer un autre que toi
qui a sa place, toute sa place,
qui a la première place,
et qui ne m’empêche pas de t’aimer ?
Le permettras-tu, sans t’en aller ?
Et si je t’aime,
te laisserai-je, moi aussi, être aimé
par cet Autre qui nous dépasse et nous rejoint ?
Une fois l’appel intérieur entendu,
rien ne peut nous empêcher d’avancer vers lui,
même pas notre amour.
Saurais-je te garder avec moi,
quand mon coeur sera en éveil et comme saisi
par cet Autre que toi que pourtant tu permets ?
Je sais bien que notre amour
ne sera jamais que le pâle reflet dans lequel l’Autre Amour, le Tout Amour,
nous saisit et nous éveille à Lui.
Nous pouvons être signes de cet Amour,
nous recevoir de Lui et tout rapporter à Lui,
mais nous ne pouvons empêcher qu’il parle à chacun différemment.
Toi, Moi.
Quel est ce mystère,
d’avoir le cœur apaisé par le havre où il s’amarre
et d’entendre en même temps l’appel à partir plus loin ?
C’est Dieu.
Eternellement ici et là-bas.
Eternel mouvement,
entre voyage et repos,
immanence et transcendance
donner et recevoir,
goûter l’amour et le chercher plus grand encore.
Se donner, se recevoir, et se partager.
Toi vers qui mon cœur penchera
et qui me confiera le tien,
sauras-tu entendre et comprendre
cette invite au voyage
et le laisser se dérouler comme il se doit ?
Nous ne sommes résolument que des compagnons de voyage,
Celui qui nous relie, peut nous séparer aussi.
Il ne le fera pas tant que nos routes convergent,
tant que le chemin de l’un est le chemin de l’autre.
Sans vaine confusion.
Si l’amour nous unit, nous ne sommes pourtant pas uns.
C’est Lui, et lui seul qui unit.
Nous ne sommes que des compagnons de voyage.
Zabulon – 5 novembre 2017
Source photo : istock sur forward.com