Intéressante exposition sur le tatouage intitulée « Tatoueurs tatoués » à visiter au Musée du Quai Branly du 1er au 18 janvier 2015.
Arrêtons-nous un instant sur le tatouage japonais.
Dans l’imaginaire contemporain, il évoque souvent l’art et le signe d’appartenance des triades et autres mafias japonaises. C’est en fait un anachronisme terrible puisque le corps tatoué semble avoir toujours existé au Japon.
Il est présent dans les tribus qui habitaient l’île de – 30 000 à – 300 avant Jésus-Christ. Il est pratiqué par les pêcheurs sous forme de rituels religieux et protecteurs, il est également pratiqué par de nombreuses corporations professionnelles. Il est la plupart du temps un signe d’appartenance à un clan, signe de reconnaissance aussi indélébile qui d’une certaine manière marque à la fois l’attachement fort et la servitude que cela entraîne…On n’est pas libre de changer de camp.
Avec l’introduction du bouddhisme chinois, le tatouage est devenu décrié, réservé aux criminels et donc voulu comme infâmant… sauf pour ceux qui trouvaient une fierté à exposer leur esprit frondeur.
Avec l’ère Horeki (1751-1764), le tatouage se généralise dans les couches populaires. Les motifs représentent les arts traditionnels japonais, les histoires et mythes populaires (le bandit d’honneur, par exemple), mais aussi des motifs animaliers divers (dragon, phénix, tigre, carpe…) ou folkloriques.
Au départ pratiqué sur le dos, il a été étendu sur l’ensemble du corps, signe d’appartenance totale à un clan ou une corporation. Aujourd’hui encore, 70 % des yakuzas sont tatoués. Le tatouage est également très répandu dans les milieux de la prostitution car perçus comme accentuant la sensualité du corps.
Les tatouages japonais ont une autre particularité : ils expriment la force et le courage. Pas seulement par les motifs représentés, mais surtout par la technique employée (irezumi), entièrement à la main, par des aiguilles infiltrées sous la peau pour installer les pigments. C’est dire si un homme qui a le corps entièrement tatoué affiche force et courage et inspire respect ou frayeur.
Signe de reconnaissance, signe d’appartenance, signe de puissance.
Symboles et rites, quand tu nous tiens !
Pour en savoir plus sur l’exposition au musée des arts premiers (quai Branly, Paris) c’est par ici :
Très belle exposition effectivement, j’ai eu le plaisir d’y aller sans trop faire la queue, c’était un vrai bonheur !